Evolutioncitoyenne |
Par Julien |
5-02-2016
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Dangereux, Linky ? Beaucoup de mots, très peu de maux |
Le compteur Linky utilise en effet la technologie CPL afin de communiquer avec les appareils domestiques pour en relever la consommation. Or, les courants porteurs en ligne sont des radiofréquences induites dans le courant standard, classées comme « potentiellement cancérogènes pour l’homme » par l’Organisation mondiale de la santé. Cela étant, d’après le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem), le compteur Linky émet un champ électrique de 0,2 à 0,4 volt/mètre à une distance de 50 centimètres à 1 mètre. Soit un niveau inférieur aux recommandations du Conseil de l’Europe (0,6 V/m). Aussi, pour Pierre Le Ruz, président du Criirem, « si le compteur est à au moins un mètre des personnes, il n’y a pas de problème ». M. Le Ruz pense également que la mise en place de câbles blindés permettrait de réduire cette distance à 30 ou 40 cm.
En revanche, ajoute-t-il, le courant se dirige ensuite vers un concentrateur et parfois un répéteur qui fonctionne à 900 mHz, un champ électromagnétique qui s’ajoute à ce qui existe déjà. Mais c’est justement là qu’une précision est nécessaire. Le CPL « s’arrête au compteur, et ce dernier ne communique que quelques secondes avec son concentrateur qui recueille les données par CPL, et c’est entre minuit et 6 heures du matin », défend ERDF. En outre, il faut souligner que l’exposition domestique aux ondes vient surtout des téléphones portables et du Wi-Fi. Les risques que certaines associations croient voir dans le compteur Linky, s’ils existaient, ne seraient que marginaux par rapport à la menace que représentent la téléphonie mobile et la connexion à Internet.
Dans une étude diffusée récemment, le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) confirme que le comportement en rayonnement à 50 Hz des nouveaux compteurs communicants est similaire à celui des compteurs bleus électroniques.
D’autres inquiétudes concernent d’éventuelles perturbations de la domotique qui dérègleraient des systèmes ou des appareils. Là encore, les risques sont négligeables. « Sur les 300 000 compteurs Linky qui fonctionnent depuis cinq ans, on n’a eu aucun problème sur la domotique, on n’a jamais constaté de perturbations électromagnétiques », affirme Bernard Lassus, directeur du programme Linky chez ERDF. De son côté, Jean-Charles Lebunetel, spécialiste de la compatibilité électromagnétique à l’Université de Tours, estime que s’il peut y avoir des interférences avec des appareils qui fonctionnent sur la même fréquence, c’est plutôt la transmission CPL de Linky qui risque d’être affectée.
Enfin, alors que les radiofréquences de Linky ont été accusées de provoquer des incendies lors de l’expérimentation du compteur, ERDF rappelle que le compteur n’a en aucun cas été mis directement en cause. « Il s’agit d’une erreur d’installation, d’un défaut de serrage qui provoque un court-circuit et qui peut se produire tout autant avec un compteur traditionnel ». La filiale du groupe EDF assure qu’elle forme et contrôle les entreprises de pose afin d’éviter que de tels événements tragiques ne se reproduisent.
Les polémiques soulevées par l’installation du nouveau compteur communicant Linky sont en partie rassurantes. Elles témoignent d’une saine vigilance du consommateur, indispensable lorsqu’on sait que notre pays comptera 35 millions de compteurs intelligents sur son territoire d’ici 2021. Mais il faut éviter que cette vigilance se transforme en peur irrationnelle alimentée par les idées reçues. Si certaines des craintes exprimées sont compréhensibles, les études sérieuses réalisées en la matière montrent l’innocuité du compteur communicant. Et si de nouvelles questions concernant la santé du consommateur devaient être soulevées, elles devront être traitées de manière scientifique et raisonnable.
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