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8-02-2006

La planète se meurt, réagissons !

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  • Bonjour, je suis très intéressé d’avoir trouvé sur un site d’information économique une telle lucidité quant aux capacités d’accueil de la planète par rapport à ce que l’économie nous réserve. Bravo à luigi, souhaite-t-il intervenir sur ecolopop.info ?

    Voir en ligne : Economie et planète, incompatibles

    10.02 à 12h06 - Répondre - Alerter
  • Luigi Chiavarini (professeur d’économie) : La planète se meurt, réagissons !

    Flambée des prix, pénuries annoncées, fortes demandes des pays émergents la Chine en tête : un vent de panique souffle depuis plusieurs mois sur le marché des matières premières, attisé par divers facteurs économiques et politiques. Les ressources en matières premières minérales et minières sont revenues au centre des préoccupations, après un relatif désintérêt dû à leur perte d’importance dans l’économie mondiale. Quant au pétrole il ne cesse d’augmenter. Pour repousser l’échéance de la pénurie, les géants du secteur ouvrent de nouveaux fronts et la concurrence est sévère : le méga oléoduc inauguré entre la mer Caspienne et la Méditerranée en est un exemple. Pour certains experts le mouvement actuel de hausse des prix devrait durer le temps pour les pays émergents de reconstituer ou d’assurer des capacités de production. Mais les stocks disponibles sur la planète supporteront-ils ce rythme ?

    2031 : la Chine au même niveau que les US

    L’entrée de la Chine dans l’OMC[1] a servi d’ "étincelle" au marché des matières premières, mais le "choc" que connaissent actuellement les cours fait en réalité partie « d’un cycle à long terme habituel »[2] sur les marchés mondiaux.
    Les grands indicateurs de marchés de matières premières ont battu à nouveau tous les records. Café : +19%, Pétrole : +33%, Plomb : +72%...Les cours ont bondi en moyenne de plus de 25% en 2004, après avoir déjà pris 12% en 2003.
    Outre le pétrole, la flambée affecte tous les marchés, qu’il s’agisse des minerais et métaux, fer et acier tout comme les métaux non ferreux, des matières premières agricoles, des semi-conducteurs, des produits alimentaires et même le nouveau marché lié aux certificats d’échange CO² qui a fait suite au protocole de Kyoto.

    Pris séparément les hausses prennent des qualificatifs particuliers : pénurie d’acier, demande du nickel en explosion, les stocks de cuivre au plus bas depuis 10 ans, crise d’approvisionnement du charbon, le platine au plus haut depuis 24 ans... de manière générale cette explosion s’explique par le déficit de l’offre lié à quelques événements géopolitiques mais surtout par le déficit d’investissement des années et même décennies précédentes, puis un choc de demande provenant de la croissance mondiale exacerbée par le facteur chinois. En effet, le trafic portuaire de Shanghaï double tous les deux ans et la ville s’apprête à devenir le premier port du monde cette année pour l’ensemble du fret, et le troisième pour les conteneurs, derrière Singapour et Hongkong. Les réseaux de transport ne peuvent pas suivre : manque de routes, de voix ferrées, de camions et de wagons, les goulots d’étranglement sont partout. Lester Brown, de l’Earth policy Institute, s’est livré à un petit calcul qui fait froid dans le dos : si l’économie chinoise continue de croître au rythme de 8 % par an, la Chine devrait avoir rejoint le niveau de vie des Etats-Unis en 2031. Et si les Chinois devenus riches adoptent les mêmes habitudes de consommation que les Américains d’aujourd’hui, le pays absorberaient alors l’équivalent de 67 % du blé et de 76 % de la viande produits dans le monde en 2004.

    Nous constatons donc que deux grandes explications sont généralement évoquées pour rendre compte de ce dynamisme des matières premières depuis maintenant quatre ans :

    1. la reprise mondiale et la place croissante prise par les importations chinoises d’un côté,

    2. l’excès de liquidités internationales à la recherche de rendement, de l’autre.

    Parmi les autres déterminants plus secondaires, ne doivent pas être négligés certains facteurs exogènes (aléas climatiques et crises politiques, par exemple en Côte d’Ivoire concernant le cacao) et d’autres plus endogènes (réduction de l’offre des producteurs, répercussions du protectionnisme américain croissant, en particulier concernant l’acier et les métaux, la chimie et les produits agricoles avec le farm bill).

    Le poids croissant de la Chine et de l’Inde est indéniable, avec un véritable boom des importations chinoises depuis 1999 et un nombre croissant de matières premières, pour lesquelles la Chine tend à devenir simultanément premier producteur, premier consommateur et premier importateur net (cas de l’acier aujourd.hui). Mais le poids actuel de ces deux pays dans le PIB mondial reste faible, 5,4% en valeur de marché en 2004, selon la Banque mondiale. Déjà non négligeable aujourd’hui, la pression de la demande d’importations chinoises sur le prix des matières premières le sera donc de manière croissante à l’avenir.

    Le second argument est celui d’un excès de liquidités internationales à la recherche de rendement depuis le dégonflement de la bulle globale des marchés boursiers (DotCom), en mars 2000. Cet excès de liquidités est difficile à mesurer en raison de la globalisation croissante des économies.

    Conjoncturellement, même si le dégonflement de la bulle a occasionné des pertes sévères dans les bilans, conduisant à des ajustements privés parfois douloureux, il n’a jusque-là pas eu les répercussions macro-économiques catastrophiques auxquelles on aurait pu s’attendre (faibles effets de richesse, contagion financière limitée...). La raison est à chercher du côté de l’activisme des politiques monétaires sous le leadership de la Fed depuis le début de l’année 2001. On a alors assisté à un grand mouvement de balancier entre classes d’actifs, du marché des actions vers des actifs jugés plus sûrs : titres des marchés monétaires et obligataires (publics mais pas seulement), actifs immobiliers, dettes émergentes (notamment investment grade), marché de l’art et matières premières (sous la forme d’investissements dans les titres d’entreprises productrices ou parfois directement sous la forme de produits physiques, comme dans le cas des métaux précieux). Les comportements de demande « anormale » ont eu tendance à se généraliser, à la vente quand les prix baissent et à l’achat quand ils montent... C’est de la spéculation. Plus structurellement, la meilleure mesure de l’excès de liquidités internationales reste sans doute la dette brute américaine vis-à-vis du reste du monde, étant donné que le statut international du dollar confère toujours aux Etats-Unis le privilège de s’endetter dans leur propre devise. La valeur de cette dette externe est substantielle à l’échelle mondiale (environ 20% du PIB global). Cet état de fait témoigne d’un phénomène remarquable et dangereux : nous (les pays développés) consommons déjà plus que ce que nous avons acquis (par la création normale de valeur ajoutée).

    Cette question des surliquidités internationales est une vieille histoire (liée sur le plan théorique au problème de la énième monnaie), ponctuée de bulles de prix d’actifs et initiée ces 30 dernières années par le recyclage des pétrodollars. Elle suggère que la montée du prix des matières premières pourrait avoir une composante très temporaire (en attendant un regain de confiance sur d’autres classes d’actifs, ce qui peut prendre du temps) et assez spéculative. A l’encontre de cet argument, on soulignera l’écart temporel entre le creux des indices boursiers (octobre 2002) et celui des matières premières (novembre 2001), qui suggère une différence dans leurs déterminants. Le caractère durable (lié au cycle industriel) ou temporaire (de bulle en bulle) de la hausse du prix des matières premières reste ainsi une question ouverte. A l’avenir et en tendance, l’Asie devrait toutefois soutenir de manière croissante les prix des produits de base, avec une composante cyclique liée à la production industrielle à ne pas négliger. Par ailleurs, en raison cette fois du cycle de spécialisation internationale, si la Chine est importatrice nette de nombreuses matières premières aujourd’hui, elle est déjà exportatrice nette de certaines d’entre elles et le sera vraisemblablement de plus en plus concernant les produits raffinés. Enfin, à plus long terme, la tendance réelle du prix des matières premières devrait rester baissière pour les raisons rappelées plus haut.

    Goutte à goutte, le pétrole s’égoutta

    Deux marchés méritent néanmoins une attention particulière, celui du pétrole en raison de son importance parmi les autres produits et du fait de l’existence du cartel de l’OPEP et celui de l’or en raison de son caractère de réserve de valeur.

    On peut estimer que nous sommes en présence d’un mouvement de fond correspondant au cycle long des marchés, à ces points de tension qui se retrouvent tous les 25 à 30 ans depuis la fin du XIXe siècle (les après-guerre, 1974...) et dont la durée est liée au temps nécessaire à la relance des investissements de production. Dans le cas présent, nous avons à prendre en compte le choc massif de la montée en puissance de la demande chinoise.

    Un tel mouvement ne saurait par conséquent se limiter à quelques mois. Il devrait au contraire se poursuivre au moins jusque vers 2007/2008, dans un grand climat d’instabilité, certes avec des alternances de tensions et de détentes liées à la géopolitique, au climat et aux innovations technologiques.

    Cette évolution "classique" pourrait être contrariée par la problématique de la rareté : il paraît désormais raisonnable d’évoquer la fin du pétrole, les problèmes de développement durable, le manque d’eau... ce qui ne peut qu’appeler à une réflexion urgente sur la lutte contre le gaspillage et l’organisation de sa « marchandisation »... Un baril durablement installé autour des 50 dollars va-t-il définitivement relancer les biocarburants ? Le débat, en pleine actualité, se nourrit d’abord de chiffres : actuellement, hors taxes, un litre de biocarburant revient environ deux fois plus cher qu’un litre de carburant « ordinaire ».

    En attendant, comme l’éolien, les biocarburants sont une activité largement subventionnée. Pourront-elles le rester ?

    Certes, l’histoire humaine est faite de transformations de l’environnement. Dès leurs origines, les sociétés ont modifié leur milieu au moyen des techniques disponibles : le feu a été un puissant agent de changement depuis que l’homme l’a maîtrisé, il y a environ 1,6 million d’années. L’agriculture, apparue avec la révolution néolithique, voici environ 10 000 ans, s’est profondément imprimée sur les paysages. Mais ces processus ont eu lieu sur de longues périodes. Les transformations engagées lors de la révolution industrielle, au XIXe siècle, et qui se sont accélérées, sont à la fois plus fortes et plus rapides. A cause d’une croissance démographique qui a explosé (2 milliards d’habitants en 1922, 4 en 1974, 6 en 1999, 9 en 2050), mais aussi de la puissance accrue des technologies.

    Il n’existe ainsi presque plus de territoire à la surface de la Terre qui échappe à l’action humaine. Selon une étude parue dans Bioscience , 83% de la surface du globe étaient directement influencés par l’activité humaine.

    Le problème posé par cette pression est qu’elle menace la capacité des écosystèmes à fournir les "services" qu’ils offrent à la société : nourriture, eau pure, nettoyage de l’atmosphère et des rebuts, etc. Certains économistes tentent d’évaluer ces services : 400 000 milliards de dollars par an, selon une étude d’Andrew Balmford publiée dans Science le 9 août 2002. Mais quels que soient les chiffres, l’idée d’encadrer ces changements radicaux de l’environnement s’impose de plus en plus.

    Nous devons sortir de l’ère de la conquête et de la surexploitation de la nature et entrer dans une nouvelle ère ¬ : l’ère de la durabilité et de la gestion prudente. Il est absurde, voire suicidaire, de demander toujours plus de croissance avec toujours moins de ressource. Plus que le développement durable, notre survie dépend de notre capacité à pouvoir amorcer et péreniser un processus de décroissance. Ne semble t’il pas raisonable de penser que l’on ne peut croître à l’infini dans une planète ou les ressources éxistent en quantités finies. Et pourtant aussi longtemps que nous resterons confiant dans la doctrine productiviste/consumeriste d’organisation economico-sociale actuelle nous sommes condamner à croître, car cette croissance est l’unique garantie du transfert de notre capital financier dans le temps. C’est en tout cas la promesse que la finance nous fait...et une promesse n’engage que ceux qui y croient, n’est ce pas ?

    Notre système économique agit (existe) sous l’impulsion du système nature (Energie, matières premières, Biodiversité) qui, à défaut davoir le temps de se regénérer en reconstituant son stock énergétique et en assimilant l’entropie due à l’activité humaine, disparaît. Epuisez ce carburant et la machine s’arrête...Le paradoxe de la grenouille[3] nous guête.

    Il est absurde, voire suicidaire, de demander toujours plus de croissance avec toujours moins de ressource.

    Et pourtant la solution pourrait éxister si nos scientifiques recevaient la priorité de s’atteler à résoudre le probléme de stockage de l’énergie infinie qui est celle de la réaction thermonucléaire solaire. En effet, le soleil irradie annuellement 1013Q (1Q=1018 BTU[4]) d’énergie solaire. De ce flux fantatisque, seuls quelque 5300 Q sont interceptés aux limites de l’athmosphère terrestre, dont une moitié est réfléchie dans l’espace extérieur.Ce qui reste fantastique à notre échelle car la consomation mondiale d’énergie ne s’élève pas à plus de 0,4 Q par an. D’autre part, pour ce qui est de la dot énergétique terrestre, les meilleures estimations nous donnent une quantité initiale de combustible fossile disponible de 215 Q, desquels 200 Q sont récupérables. Ces réserves ne pourraient donc produire que deux semaines de lumières solaire sur le globe. Si leur épuisement continue à croitre au rythme actuel, ces réserves pourront entretenir l’activité industrielle de l’homme pendant encore quelques décennies, alors que si l’on veut bien songer que le soleil continuera à briller avec pratiquement le même intensité pendant cinq milliard d’années (avant de devenir une étoile géante rouge qui portera la température de la terre à 555°C), il ne fait aucun doute que l’espèce humaine ne vivra pas assez longtemps pour bénéficier de toute cette abondance qu’il lui suffirait d’exploiter si les responsables politiques et financiers le décidaient.

    Luigi Chiavarini Professeur d’économie et finance INVESTA


    [1] La Chine est devenue, le 11 décembre 2001, Membre (le 143ème) à part entière de l’OMC. (Date historique)

    [2] Selon CyclOpe, les marchés mondiaux 2005, Editions Economica

    [3] Paradoxe de la grenouille jetée dans une casserole remplie d’eau : si l’on fait chauffer l’eau, la grenouille trouve cela bien agréable au début. Lorsque l’eau est très chaude, elle change d’avis, mais ne réagit pas. Quand l’eau bout, elle cuit littéralement. Si on l’avait jetée dans l’eau bouillante, voire très chaude, elle aurait quitté la casserole d’un coup de patte énergique...

    [4] Le BTU (British Thermal Unit)=1.06 kilojoules=253 calories.
    Q= Quantité de chaleur conventionnelle : 293 kwh

    8.02 à 14h03 - Répondre - Alerter
    • Tout à fait d’accord avec cette analyse. Intéressant parallèle entre la croissance et le voyage de l’argent dans le temps impliquant des intérêts sur la somme de départ.
      A partir de là, quels sont les leviers de pression pour faire comprendre à la majorité, et en particulier aux décideurs, l’incompatibilité d’une croissance continu avec une quantité de ressources toujours décroissante. Les mythes du progrès et du développement sont solidement ancrés en tout un chacun, moi compris. La foi en la technologie pousse à reporter les problèmes à leurs futures résolutions, rendues possibles par les progrès techniques à venir. La mise en exergue des capacités d’inventivités et de créativités de l’homme occulte toute remise en cause.
      En dehors de la pédagogie des catastrophes dont parlent des auteurs comme Serge Latouche, n’existe-t-il aucun moyen de mobilisation de l’opinion et des acteurs politiques et économiques. Ce sentiment d’impuissance face à de probables catastrophes à venir est-il obligatoire ?

      10.02 à 13h42 - Répondre - Alerter
      • Le problème est sans doute que les "décideurs" ne songent qu’à engranger les bénéfices, et "après nous le déluge". La plupart d’entre eux ne semblent réflechir qu’en termes de rendement, pour lequel tout est bon à sacrifier. Ce n’est que sous la pression de la base - c’est-à-dire de nous tous - qu’ils accepteront de changer. Si nos comportements (boycott ou autres) menacent leurs bénéficent, alors ils réajusteront leur action. N’oublions pas que leur action s’effectue elle-même sous la pression de la base. C’est nous qui réclamons de produits bon marché, qui exigeons des rendements d’épargne, etc... Si nous décidons en masse de changer ces habitudes, par exemple (mais parmi tant d’autres) en consommant moins mais plus responsable, les décideurs devront s’adapter. Donc, pour une bonne partie, à nous de jouer !

        14.02 à 21h45 - Répondre - Alerter
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