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Zola, caméra au poing

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Metaleurop-Nord, ce sont 830 familles qui ont appris in vivo ce que signifie horreur économique. Le docu Metaleurop, Germinal 2003 n'en suit qu'une seule. C'est suffisant pour mesurer l'ampleur des dégâts.
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Metaleurop, Germinal 2003, documentaire de Jean-Michel Vennemani (1h25)

En 2003, la multinationale suisse Glencore annonçait la fermeture de l’usine Metaleurop-Nord de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) : 830 métallos sur le carreau, des indemnités dérisoires, la dépollution d’un site ultra-toxique laissée à la charge de l’Etat et un propriétaire "patron voyou" envolé. On connaît les faits. On connaît aussi les mots, ressassés dans les médias : nécessité d’accepter les évolutions économiques de la mondialisation, d’accroître l’employabilité des salariés, etc.

Derrière le fait divers économique presque banal, le journaliste Jean-Michel Vennemani a juste voulu mettre des visages. Ceux en particulier d’une famille, les Bertrand, onze personnes vivant sur le salaire du père. Tous chômeurs d’un coup, la grosse claque. Il reste leurs mots, prononcés avec un accent ch’ti à couper au sabre, leur amertume, leur incompréhension, ou plutôt, la pleine compréhension de ce qui se joue, loin au-dessus de leurs têtes. "Ouvrier, c’est une honte. C’est comme une maladie, il faut les éradiquer, les ouvriers", grince le père. Désignant la tête blonde de son jeune fils, la mère renchérit : "Il travaille bien. Il finira chômeur comme papa".

Sans commentaire

Si le documentaire fonctionne, c’est que le journaliste a l’heureuse idée de s’effacer pour montrer, juste montrer. Les commentaires sont inutiles de toute façon. On voit les familles contraintes de déménager, les parents qui se déchirent, le fille qui va quémander un RMI, puis tombe en dépression, la rage des copains ouvriers face à un ennemi, insaisissable, invisible : "Le seul remerciement que t’as, c’est un coup de pied au cul et puis dehors !"

Et si bien des moments sont poignants, pas une seconde de Metaleurop, Germinal 2003 ne verse dans le misérabilisme. Les individus filmés sont toujours fiers de ce qu’ils sont, toujours attachants, dignes et lucides et parfois drôles. "Si on avait les sous, ce serait nous aussi les fumiers !", philosophe un fils Bertrand. Et contre toute attente, le docu s’achève sur un quasi happy end qu’on ne dévoilera pas. Mais il nous laisse un sale goût dans la bouche : celui de l’injustice.

Pour commander le DVD : 01 44 75 11 33 ou www.phares-balises.fr

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