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27-12-2009
Mots clés
Social
Transports
France
Reportage

Vélos : les bricolos se remettent en selle

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Vélos : les bricolos se remettent en selle
 
Apprendre à mettre les mains dans le cambouis de sa chaîne de vélo, c’est enfin possible. Les ateliers se multiplient en France.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Des guirlandes de pneus, des boîtes remplies de boulons, des empilements de jantes, des panneaux d’outils rangés par taille… Le tout parfumé au caoutchouc et constellé de tâches de cambouis. ça pourrait être de l’art, mais c’est un atelier de réparation de vélos, celui d’Un p’tit vélo dans la tête, à Grenoble. Contre une adhésion annuelle (entre 13 et 15 euros), on vient ici apprendre à soigner sa bicyclette ou même en fabriquer une tout seul avec un arsenal de pièces à disposition.

Cinq militants ont créé l’association en 1994. Leur idée ? Promouvoir le vélo à travers des manifestations festives : véloparade ou « enterrement de bagnoles urbaines ». Leur truc en plus ? Créer cet atelier, pour remettre en selle ceux qui remisaient leur monture à la cave pour simple cause de pneu crevé. Pour offrir aussi une seconde vie à toutes les carcasses de vélo au rebut. Coïncidence, la même année à Lyon, une autre bande de guérilleros provélo ouvre l’Atelier du recycleur, sur les mêmes principes. Longtemps, ces deux âmes sœurs sont restées isolées. Mais depuis trois ans, elles font des petits partout dans l’Hexagone. Signe que la « vélorution » est en marche.

Chambéry a sa Vélobricolade, Saint-Etienne son Collectif des déraillés… Il y a désormais plus de vingt ateliers, regroupant près de 7 000 adhérents et une demi-douzaine sont en projet (Lille, Rennes, Villeurbanne…). Depuis septembre 2008, ils sont regroupés au sein d’un réseau baptisé L’Heureux cyclage (http://heureux-cyclage.org), ce qui devrait encore donner un coup d’accélérateur (enfin de pédale) au mouvement. Et des contacts sont pris avec l’Italie, la Belgique, la Suisse, l’Espagne, les Etats-Unis où des structures similaires naissent aussi.

Ici, c’est la « vélorution »

A chacun son style. Certains ateliers donnent dans le « vélorutionnaire », veulent éradiquer la voiture en ville, occupent des squats et sont gratuits. Exemple à Paris, où l’association Vélorution reçoit les cyclistes dans un hangar désaffecté du XVIIIe siècle, dédié aux sans-papiers. La contribution est libre (« boissons, gâteaux, monnaie, volontariat, sourires… »). On y répare des biclous, en invitant « les générations présentes et futures à construire un monde fait de solidarité et de sobriété ». D’autres sont montés en asso, avec adhésion des membres et emplois aidés (Le Vieux Biclou à Montpellier, La Bécane à Jules à Dijon…). Le réseau Heureux cyclage compte au total une quinzaine de salariés (dont 6 rien que pour Un p’tit vélo).

« Quel que soit leur style, ils ont un socle commun très fort, explique Julien Allaire, à la tête du réseau. D’abord, l’idée que le meilleur moyen de promouvoir le vélo c’est d’encourager l’autonomie du cycliste. Ensuite, le transfert des connaissances. Enfin, la volonté de recycler. » Ils sont d’ailleurs capables de redonner vie au plus petit boulon. « C’est une génération qui a envie de savoir comment et par qui sont fabriqués les objets et la nourriture qu’elle consomme, de maîtriser ce qu’elle génère et donc d’apprendre à faire », analyse Julien, lui-même tout juste trentenaire. Ils ont entre 20 ans et 40 ans, sont éduqués mais veulent réinventer le système. « Nos 6 salariés sont de “jeunes chevelus”, raconte Alain Montillet, fondateur d’Un p’tit vélo. Ils glanent de la nourriture sur les marchés, ont parfois leur propre jardin potager, font du Woofing [réseau de fermes bio qui accueillent des bénévoles contre le gîte et le couvert]. »

Les utilisateurs sont aussi très jeunes. Ils viennent par souci d’économie, mais pas seulement. « C’est une façon de s’épanouir », argumente Julien. « C’est moi qui l’ai fait ! », pourrait d’ailleurs être la devise d’un mouvement en pleine croissance. La conjugaison de la crise, des impératifs écologiques, du besoin de s’accomplir augmente chaque jour le flot des adeptes du fait maison. Difficile à chiffrer, mais le bouillonnement est visible. Les Français se remettent au fourneau : en 2008, il s’est vendu en France 350 000 yaourtières et 1 million de machines à pain. Les fashionistas se damnent pour une écharpe tricotée main et deviennent les reines de la customisation. Les autoconstructeurs de maisons écolo partagent leurs aventures dans des stages de formation ou des salons. Et grâce au Web, les savoir-faire se diffusent à toute allure. Pour les anarcho-punks, « fais le toi-même » est même devenu un principe de résistance au capitalisme. Révolutionner les rapports de production en changeant ses pneus de vélo, il fallait y penser… —

(1) Chiffres du magazine Challenges.


L’INTERNATIONALE DES « AUTOREPARATEURS »

En english, on l’appelle « Do It Yourself » (« Fais le toi-même »), ou plus simplement DIY. Fondé sur la récupération, une volonté d’indépendance par rapport à l’industrie et aux marques commerciales, le désir de retrouver des savoir-faire abandonnés, ce mouvement est mondial et en plein essor. Sur le site américain www.instructables.com, les internautes partagent des modes d’emploi en images. Un bric-à-brac : recettes de cuisine, bijoux avec touches de clavier, ouvre-porte électronique… Instructables revendique 5 millions de visiteurs uniques par mois ! Sur ses 45 millions de pages vues mensuellement, près de 45 % le sont par des internautes hors des Etats-Unis. Autre exemple frappant : sur www.etsy.com, créé en 2005, artisans et amateurs vendent leurs créations, toutes uniques et faites maison. L’idée étant de construire « a new economy », avec pour devise « Buy, sell, and live handmade » (« Vends, achète et vis avec du fait main »). La communauté Etsy, très vivace aux Etats-Unis, prend racine dans 150 pays. Il s’y est échangé pour 133,1 millions de dollars entre janvier et octobre 2009, contre 87,5 millions en 2008. Rien n’arrête plus les DIY.

Photo : Pascal Perich pour Terra eco

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