Le documentaire « Une vérité qui dérange » emmènera-t-il Al Gore des Oscars à la Maison Blanche, en passant par la case Nobel de la paix ? Peut-être. A condition que l'ex vice-président de Bill Clinton coupe la climatisation de son château.
Tout le monde n’a pas eu la chance de se voir décerner un Oscar pour son oeuvre. L’ancien vice-président des Etats-Unis de Bill Clinton, Al Gore, si. Ce grand monsieur réalise un premier documentaire. Et emporte le prix dans la foulée. Félicitations, M.Gore.
Félicitations car ce film - Une vérité qui dérange - décortique avec grande pédagogie la mécanique qui nous mène inexorablement de la case « Révolution industrielle et société de consommation de masse » à la case « impasse énergétique et crise climatique ». Ce film démontre de façon quasi-irréfutable que le changement climatique n’est pas un enjeu écologique, mais un enjeu de civilisation. Ce film, enfin, appelle à la mobilisation citoyenne la plus large possible : dans les écoles, dans les entreprises, dans les associations, dans les assemblées élues.
En un mois : plus d’un an de consommation d’un Américain ordinaire
Pour ce travail, entend-on ici ou là, Albert Gore pourrait, outre sa statuette de l’Académie des Oscars, se voir décerner le Prix Nobel de la paix. Et pourquoi pas, dans la foulée, se représenter à l’élection présidentielle américaine, comme le prônent certains de ses supporters ?
Malheureusement, voici une ombre au tableau. Car selon un club de réflexion américain - le Tennessee Center for Policy Research (TCPR) - Al Gore est un grand pollueur. Son domaine de Nashville (Tennessee) afficherait, pour 2006, une consommation de 221 000 kilowattheures d’électricité, contre 10 656 kWh pour la moyenne des Etats-Uniens. Pire, cette consommation serait en hausse de 13,4% par rapport à 2005. « Faites ce que je dis mais ne dites pas ce que je vais », en somme.
Deux précisions s’imposent. Premier point, Gore rétorque qu’une partie de sa consommation énergétique est « verte » et que ses émissions de CO2 sont partiellement compensées. Cela donne-t-il pour autant un droit de tirage illimité sur l’empreinte écologique ? Les émissions de CO2 les mieux compensées ne sont-elles pas surtout celles que l’on n’émet pas ?
Mais ce qu’on ne comprend pas, c’est qu’Al Gore n’ait pas vu le coup venir. Dans un monde peuplé de « climato-sceptiques », les défenseurs de l’environnement ne doivent pas prendre le risque de prêter le flanc à la critique. Montrer les vérités qui dérangent est une obligation. Montrer l’exemple est une nécessité.
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