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31-10-2007

Travail au noir et blanc

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Une bédé qui parle du quotidien des ouvriers et qui s’ouvre sur l’injonction debordienne : « Ne travaillez jamais ! » ? Si, si, ça existe. Et quand on sait que ladite bande s’appelle Putain d’usine et qu’elle est tirée du roman de l’anar Jean-Pierre Levaray (L’Insomniaque, 2002), on se doute que le joli monde de l’entreprise va passer un sale quart d’heure. Car chez Levaray, il n’y a pas de fauxsemblant  : l’usine est une chienne, un ennemi qu’on abhorre et auquel on cherche à échapper à toute force. Pas de « fierté du travail bien fait », pas de dignité prolétarienne et autre proclamations sur les nobles stigmates des mains tavelées par l’effort.

Ici, Billancourt est désespéré et, comme une bande de gosses qui n’aiment pas leur prof, les ouvriers font des conneries quand ils sont sûrs de ne pas se faire choper. Qu’est-ce qui les intéresse quand ils viennent manifester devant le siège de la boîte à Paris ? Dégommer les vigiles et pénétrer de force pour mettre le bâtiment sens dessus dessous, cravatant au passage quelques bouteilles à l’oeil. « Une délégation est rapidement reçue, mais on s’en fout. On est là pour se défouler. C’est la rave du prolo. » La grève est surtout là pour échapper à la routine.

Quant à savoir si elle sert vraiment à quelque chose… Plus loin, on découvre les vraies joies de l’usine : l’apéro entre collègues. « Tout est prétexte à apéro (…) L’alcool nous rend forts et courageux… Téméraires même. » Et l’auteur d’ajouter : « Pas comme quand on se retrouve seul dans le bureau du chef. » Case suivante : un petit chef face à Levaray demande : « Alors ? Vous vouliez me parler ? Allez-y. Quelles sont vos revendications ? » Et l’ouvrier jette un regard fatigué au lecteur. La voix off dit « No comment ». No comment, en effet. On comprend qu’il ne demandera rien, qu’il n’aura ni l’envie, ni la force de se voir refuser un rogaton de quoi que ce soit par un supérieur qui a déjà décidé de dire non. Rien ne sert à grand-chose dans Putain d’usine. Ni la grève, ni l’engagement, ni le courage. Les dés sont pipés dès le départ. Que reste-il ? Une galerie de personnages sympas, noyés dans l’encrier d’Efix et la masse sombre d’une usine (la vraie usine de Levaray, croquée par le dessinateur) qui continue de ronronner dans la nuit, quel qu’en soit le prix. —

Le blog d’Arnaud Gonzague

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