En France nous avons donc la Nef, le Crédit coopératif et une myriade de plateformes de financements directs de projets responsables. « Notre pays est un modèle d’accès à la finance solidaire pour les particuliers », estime Frédéric Fourrier, de l’association Finansol. Si vous voulez donner du sens à vos économies, vous vivez dans le bon pays. Le tableau n’est pas parfait pour autant. D’abord, un faux ami s’y cache : le livret développement durable, qui n’a de durable que le nom. Adossé à la Caisse des dépôts et consignations, il finance des PME, peu importe si leurs activités polluent ou si ces entreprises sont de simples filiales du CAC40.
Zones d’ombre
Ensuite, même les établissements les plus éthiques gardent leurs zones d’ombre. « Le Crédit coopératif est une très bonne alternative, on peut toutefois regretter qu’il ne publie pas le détail des projets financés », note Lucie Pinson, chargée de campagne finances privées aux Amis de la Terre. « Nous sommes des banquiers, la confiance est cruciale dans notre métier, on ne peut pas tout rendre public », se défend Jérôme Henry, directeur du marché des particuliers au Crédit coopératif. « Seule la Nef fait le choix de la transparence totale », reprend Lucie Pinson. De fait, on sait en quelques clics qu’en 2014 elle a financé la rénovation des 31 chaufferies de Lyon à hauteur de 2 millions d’euros et a accordé un prêt de 37 500 euros à une librairie de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Mais là encore il y a un hic : la Nef n’utilise pour financer « des activités, sociales, culturelles, environnementales à impact positif » qu’un tiers de l’argent qui lui est confié. Le reste est placé sur des comptes de dépôt à terme au Crédit coopératif ou à la Caisse d’épargne Rhône-Alpes. « On ne sait pas ce qu’il se passe derrière, reconnaît Philippe Pascal, responsable de la délégation particuliers de l’établissement. Mais c’est la seule option pour que notre modèle économique soit pérenne. »
Manque de transparence dans un cas, traçabilité incomplète dans l’autre... « Pour que ces deux exigences soient remplies il n’y a que le crowdfunding », reconnaît Jérôme Henry, conscient de générer des frustrations. « Quand on redonne du pouvoir aux épargnants, on comprend qu’ils veuillent aller plus loin. » Son homologue de la Nef souligne que le fonctionnement coopératif est a minima garant de remises en question. « Pour chaque projet financé, chaque décision prise, nous devons nous interroger sur la manière dont on justifierait ce choix devant les sociétaires, explique Philippe Pascal. Ce sont eux qui nous amènent vers de nouvelles réflexions. Par exemple, quelle réponse un banquier peut apporter à ceux qui font le choix de la sobriété heureuse. »
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