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10-09-2007
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Chronique

Tanzanie : chasse aux lions et aux Hadzabe

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Une société des Emirats Arabes Unis a racheté une concession de 4000 km2, en Tanzanie, pour en faire un domaine de chasse. Mais qui des hommes qui vivent depuis des millénaires ?
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Une société de chasse des Emirats Arabes Unis, la Tanzania UAE Safari Ltd a obtenu, en 2006, une concession de 3975 km² de terres ancestrales d’un des plus anciens peuples d’Afrique, les Hadzabe, qui y vivent de la chasse et de la cueillette depuis des millénaires. Cette concession, située dans la basse vallée de Yaida (dans la vallée du Rift à l’est de la Tanzanie), signifie pour les Hadzabe la perte de leur territoire et de leurs moyens traditionnels de subsistance et représente une menace directe et sérieuse pour leur survie. Les autorités locales de Mbulu qui ont signé la concession ont déjà adressé plusieurs ultimatums afin que les autochtones libèrent la zone où la Tanzania UAE Safari Ltd a déjà établi son camp. Il est probable qu’ils n’en fassent rien car pour les quelques milliers qui continuent à tirer leur subsistance de la chasse du gibier, de la cueillette de baies et de racines, de la récolte du miel, vivre signifie simplement continuer à suivre la voie de leurs ancêtres. Un ancien accord similaire, avec une autre compagnie, avait eu pour conséquence l’arrestation de dizaines de Hadzabe pour chasse illégale sur leurs propres territoires ancestraux, à la suite de quoi plusieurs étaient morts en prison.

Juste des "indigents"

D’ailleurs, toutes les tentatives précédentes du gouvernement tanzanien de sédentariser ce peuple ont échoué, ce qui explique que les Hadzabe ne soient pas intéressés par la contrepartie offerte par la compagnie des Émirats Arabes Unis qui a proposé de construire des maisons, des hôpitaux et des écoles pour les futurs déplacés. Cette concession est destinée à être exploitée commercialement comme une aire touristique pour adeptes fortunés de la chasse au lion, au léopard, au buffle et à l’éléphant. Elle a été obtenue en échange d’environ 47 millions d’euros auxquels s’ajoutent 8000 euros par trophée de chasse. C’est pourquoi le gouvernement soutient aussi fortement l’accord, au mépris des Hadzabe qui ne représentent que des indigents, selon les termes du ministre tanzanien de la « Bonne gouvernance » qui leur conseille de se vêtir décemment et d’aller à l’école.

Emprisonnements multiples

Le pire est peut-être à venir car la Tanzania UAE Safari Ltd cherche à étendre son territoire en obtenant désormais le contrôle de l’ensemble de la vallée de Yaida. En 2006, les autorités locales concernées par cette seconde concession - le district de Karatu - avaient refusé de prendre une décision du fait d’un manque de transparence de la compagnie sur ses objectifs, de l’insuffisance de garanties qu’elle offrait en ce qui concerne l’exploitation raisonnée des ressources animales, mais aussi en raison de l’impossibilité de réinstaller les populations qui seraient déplacées par l’accord. En mai, le district de Karatu a de nouveau refusé de signer un contrat mais la Tanzania UAE Safari Ltd est revenue à la charge avec le soutien du gouvernement tanzanien qui fait pression sur les autorités locales, notamment en emprisonnant les porte-paroles des Hadzabe. Pourtant, la zone est gérée actuellement de manière exemplaire par un conseil local Hadzabe comme site communautaire de conservation. Outre la chasse et la cueillette, une petite activité écotouristique génère quelques bénéfices qui sont partagés avec les communautés voisines. Si certains Hadzabe croient encore en une solution négociée satisfaisante pour tous, d’autres sont prêts à se battre et à mourir pour leurs terres.

Bernard Schéou, membre d’EchoWay, président de TDS (Tourisme et développement solidaire) et professeur de tourisme à l’université de Perpignan.

Sources de cet article
  • Ihucha, A. “Hadzabe saga takes strange twist”. The Guardian, 22 May 2007
  • Indigenous Peoples of Africa Co-ordinating Committee. “Briefing note on the threat to the Hadzabe people of the Yaida Valley”, Mai 2007.
  • Malone, A. “Face to face with Stone Age man : The Hadzabe tribe of Tanzania”. The Daily Mail, 20 juillet 2007.
  • McCrummen, S. “50,000 Years of Resilience May Not Save Tribe - Tanzania Safari Deal Lets Arab Royalty Use Lands”. The Washington Post, 10 juin 2007.
  • Survival International. “Tanzanie : le tourisme de luxe menace les Hadzabe », communiqué du 28 juin 2007
  • Ubwani, Z. “Karatu rejects a hunting bloc bid”. The Citizen, Karatu, 22 May 2007.
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