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22-10-2009

Success story dans une favela

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Success story dans une favela
 
Un séminariste devenu porte-parole d'une favela, puis banquier des pauvres. C'est la pittoresque histoire de Joaquim Melo, parachuté par hasard dans le Conjunto Palmeiras, un bidonville du Nordeste brésilien. Grâce à la mobilisation de ses habitants, la favela est devenu un vrai quartier en dur, a créé sa propre monnaie puis sa banque...
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Joaquim Melo n’est pas n’importe qui. Ou du moins ne l’est plus. Cheveux ras et regard sombre, il sirote un thé dans le creux d’un canapé parisien. L’homme est venu en France présenter “Viva Favela”, un livre-témoignage qui retrace l’histoire de sa lutte dans le Conjunto Palmeiras. C’est dans cette favela du Nordeste brésilien que l’homme s’est forgé un nom en créant une banque pour les pauvres, et en introduisant une monnaie locale – le Palmas - destinée à encourager la consommation locale. Aujourd’hui le modèle fait école. Tout droit sorti de la caboche de M. Melo, il n’est pourtant pas un né en un seul jour.

Richesse locale

L’histoire commence dans les années 70, sur un tas d’ordures du Nordeste brésilien, où survit une floppée de miséreux. Séminariste de 21 ans, Joaquim Melo goûte au fruit amer de la pauvreté et s’érige une vocation. Quelques temps plus tard, le voilà envoyé à une vingtaine de kilomètres de là. Conjunto Palmeiras, favela aux baraques de paille, d’argile et de bois, sans eau courante, ni assainissement est frappée par les épidémies. C’est là qu’il livrera son combat.

Aux côtés des habitants regroupés en association, Melo – entre temps défroqué pour l’amour d’une femme - obtient l’eau courante dans le quartier puis la construction d’un canal de drainage. Avec lui, “le sol du quartier s’assèche. Et se solidifie. Il devient possible de construire des maisons avec des fondations solides (…). Les stigmates du bidonville s’effacent peu à peu”, lit-on dans "Viva Favela". Sauf qu’avec le confort, viennent les factures d’eau et d’électricité, les avis d’impôts locaux. Les gens sont obligés d’aller poser leur misère ailleurs. La solution ? Construire de la richesse localement, imagine Joaquim Melo. C’est la naissance de la banque Palmas et de son réseau de micro-crédit. D’une main, elle prête aux commerces qui s’implantent dans le quartier, de l’autre, aux pauvres pour qu’ils consomment. Mais comment les convaincre d’acheter local ? En créant une monnaie spéciale pardi ! Qui n’est utilisable que dans la favela.

Débuts chaotiques

“Quand on a commencé, 20% de la population achetait dans le quartier. Maintenant, c’est 97%. Pourquoi ? Parce que le commerce s’est développé. Aujourd’hui, 90% des produits de notre quotidien sont fabriqués dans le quartier : les vêtements, les chaussures, l’alimentation”, explique Joaquim Melo. Et autour de la banque, les activités ont grandi aussi. Il y a Palma Fashion, une coopérative formée d’une quinzaine de femmes célibataires ou veuves reconverties en couturières. Il y a aussi Palmalimpe, une entreprise créée par quatre jeunes du quartier qui propose des produits d’hygiène.

Certes le chemin n’a pas toujours été facile. “Par deux fois, la banque centrale a essayé de nous arrêter. J’aurais pu faire de la prison, souligne Joaquim Mela, qui rappelle que l’institution nationale avait déclarer les activités de la banque Palmas illégales. Mais aujourd’hui, c’est la banque du Brésil qui vient nous voir pour que nous aidions les autres favelas à nous imiter.” La petite banque locale est devenue l’Institut Palmas, chargé d’exporter le modèle aux quatre coins du Brésil. Déjà 47 banques communautaires ont été inaugurées grâce à leur assistances. Chaque fois, Joaquim Melo et son équipe distille le même message : “Il y a des moyens possibles, au delà de l’assistance, de la pauvreté. Il faut que la communauté s’organise.”

Pendant ce temps, à Conjuntos Palmeiras, on passe le flambeau aux jeunes qui préparent le bac à l’école du quartier. “La première question qu’on leur pose, c’est ’pourquoi tu es ici ? Pour être médecin ? Pour gagner plus d’argent ? Mais pourquoi ? Tout ceci n’a de sens que si tu veux être docteur à Palmeiras.’ Si on ne diffuse pas cette logique là de développement local, ça ne sert à rien que nous fabriquions de chemises, ou que nous vendions des produits d’entretien.” Le slogan, un jour accroché à l’entrée de la favela, doit continuer de faire sens. “Dieu a créé le monde, nous construisons le Conjunto Palmeiras”

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Sources de cet article

- “Viva Favela, Quand les démunis prennent leur destin en main”, Joaquim Melo en collaboration avec Elodie Bécu et Carlos de Freitas, éd. Michel Lafon, 281 pages.
- Photo : Elodie Bécu/Carlos de Freitas

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