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20-09-2011
Mots clés
Energies
France

Stress tests nucléaires : du flan ?

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Stress tests nucléaires : du flan ?
(Crédit photo : /flickr)
 
Rigoureux pour l'Autorité de sûreté nucléaire. Peu contraignants selon les ONG. Les tests de sûreté menés sur les installations nucléaires divisent. Et même s'ils parvenaient à pointer des failles, l'ASN aurait-elle le pouvoir d'agir ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le 15 septembre, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a reçu les copies. Des pages et des pages de rapports rendus par les exploitants français (EDF, Areva, Commissariat à l’énergie atomique et Institut Laue-Langevin de Grenoble) et relatifs à la sûreté de leurs réacteurs et sites de retraitement. Nom de code : les stress tests. Commandés par l’Europe au lendemain de l’accident de Fukushima, ceux-là avaient été adaptés par l’Etat à la sauce française. Ils visent à évaluer la capacité de résistance des installations au-delà des scénarios envisagés lors de leur construction : séismes importants, inondations (ou les 2 à la fois), perte d’alimentation électrique, de réseau de refroidissement…

Mais voilà. La copie est à peine rendue et les rapports juste en ligne que les ONG s’indignent. Ces stress tests ne servent à rien, assurent-ils. « Ils sont affligeants de banalité, s’agace Opale Crivello, porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire ». Et ce sont les moins contraignants d’Europe alors que nous avons le plus gros parc nucléaire. L’Allemagne par exemple a inclus le risque d’erreurs humaines. Pas nous. Or quand on voit ce qui s’est passé à Marcoule et Tchernobyl, c’est assez aberrant. » A l’ASN au contraire, on nie tout laxisme dans les critères retenus : « La France a été motrice sur le cahier des charges au niveau européen et elle est connue pour son niveau d’exigence en matière de sûreté. Ce qui est vrai, c’est que la situation en Europe est très variable. En Slovénie par exemple, où il n’y a qu’un seul réacteur, les choses ne peuvent pas être menées de la même manière. »

Comme un élève qui s’auto-corrige…

Mieux, le pays ferait du zèle : « En France, nous avons étendu l’approche européenne : les évaluations couvriront tous les sites, pas seulement les centrales, et nous avons élargi le cahier des charges aux questions de sous-traitance », souligne encore l’autorité. Motrice la France ? Sûrement pas pour Yannick Jadot, député européen (Europe Ecologie - Les Verts) qui rappelle que l’Hexagone a bloqué sur l’intégration du risque terroriste dans les stress tests ou sur la révision des rapports de l’ASN par les autorités de sûreté d’autres pays européens. « Elle est sortie de la dynamique européenne pour se placer dans une démarche d’auto-évaluation », estime-t-il.

Et c’est justement la deuxième critique des ONG. « C’est comme si des élèves qui passaient le bac s’auto-évaluaient et qu’un prof passait pour vérifier vaguement leur copie », illustre Opale Crivello. « Aucune crédibilité ne peut être accordée à l’auto-évaluation de ses activités par une entreprise commerciale, qui n’a donc pas envie de voir ses installations mises à l’arrêt », tranche même carrément sur son site l’Observatoire du nucléaire, ONG dirigée par Stéphane Lhomme.

Là encore, l’ASN réfute l’argument : « Pour nous, il ne s’agit absolument pas d’auto-évaluation. Nous avons deux processus complémentaires qui s’inscrivent dans un cadre rigoureux. Nous avons d’abord établi un cahier des charges qui demandait à l’exploitant de remettre une évaluation de la sûreté de son installation au-delà du dimensionnement initialement prévu. (…) Cette approche a été complétée par une évaluation sur place pour vérifier la conformité du matériel et l’organisation de l’exploitant. » En tout, 38 inspections (sur les 19 centrales en activité et 19 sites de laboratoires et d’usines) ont été programmées, entre juin et octobre. Mais « vous imaginez, un site comme Flamanville, c’est 3000 personnes qui travaillent. Même s’il faisait des inspections tous les jours, qu’est-ce qu’un inspecteur peut contrôler ? », oppose Mycle Schneider, conseiller du Parlement européen sur les questions énergétiques.

L’ASN pieds et poings liés

Mais même à lever toutes les critiques des ONG, reste la capacité de l’ASN à faire changer les choses. « S’il y a trop de choses à redire, ça signifiera qu’ils n’ont pas fait leur travail jusqu’à présent, qu’ils sont passés à côté d’éléments fondamentaux depuis 30, 40 ans. Pour éviter cela, ils ne peuvent que signaler des choses à la marge. A l’ASN, il y a les compétences pour évaluer la sûreté mais est-ce que l’organisme a les coudées franches ? Est-ce qu’il peut dire demain : fermons 20 réacteurs sur 58 ? », s’interroge Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).

Alors, ces stress tests ? « Je considère que c’est surtout un exercice politique pour rassurer les gens, tranche Mycle Schneider. Si l’objectif est vraiment d’améliorer l’état de sûreté, je peux vous donner une liste de choses à faire tout de suite : sortir les combustibles irradiés des piscines, s’assurer de la validité des diesels et de l’alimentation de secours. Ce n’est plus une histoire de logique et de probabilité, il faut réduire le potentiel de danger ! C’est absurde quand on a affaire à des terroristes, à un tremblement de terre ou à une inondation qu’on pose la question en terme de probabilité… »

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