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brio+20

Par Bouchra
19-06-2012

Souveraineté alimentaire, la difficile lutte des petits paysans

Souveraineté alimentaire, la difficile lutte des petits paysans
L'organisation internationale People's coalition on food sovereignty profite du sommet des peuples pour s'écouter et faire entendre sa voix. S'écouter, car comme le souligne un membre sénégalais : « Nous devons plus partager sur nos expériences entre pays asiatiques et pays africains, certaines problématiques sont les mêmes. » Au delà du plaisir évident qu'ils ont à se retrouver, les agriculteurs ou représentants associatifs ont en effet une vision commune, mais pas de stratégie partagée.

Dimanche 17 juin, 9h15 au Territoire des futurs 2, un cercle d’une dizaine de chaises de jardin n’est occupée qu’à moitié. L’atelier commencera un quart d’heure plus tard, le temps que les deux intervenants asiatiques s’installent. Roy Anuciacion, le coordinateur de la coalition, est entouré de 5 intervenants et seulement deux participantes. Le but premier de cette réunion est bien de partager les expériences au sein de l’organisation. Les problématiques se ressemblent : régime foncier inapproprié aux petits exploitants, besoin de retourner à une agriculture durable et de contrer les effets catastrophiques de la révolution verte.

Chaque intervention commence comme un compte de fée. Les uns ont réussi à empêcher la construction d’un barrage dans le nord de l’Inde, les autres ont mis fin à l’exploitation pétrolière dans une petite région sur le littoral nigérian. Mais les défis sont plus nombreux que les réussites. Heureusement l’énergie, l’intelligence, l’enthousiasme ne manquent pas.

Au Burkina Faso, Zakaria Nanan, du réseau des organisations de la société civile pour la sécurité alimentaire, explique que : « l’introduction de semences génétiquement modifiées par Monsanto nuit à la capacité de production des agriculteurs, le dumping économique européen aussi. C’est pourquoi le paysan burkinabé est incapable de vendre ses produits sur le marché intérieur, alors qu’il pourrait subvenir à nos besoins en lait, riz et oignons notamment, qui sont des produits de grande consommation dans le pays. Avec une réglementation agricole plus efficace, le pays pourrait être auto-suffisant. ». Une rengaine tristement connue.
La réglementation doit évoluer : même son de cloche au Sénégal, où le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) appelle à une réforme du régime foncier. Pour Diery Gaye du CNCR, la situation est inextricable : « Les paysans exploitent une terre qui appartient au domaine national et ne possèdent donc pas de titres de propriétés. Or sans titre, pas de prêt bancaire, donc pas d’investissement ni d’amélioration de l’exploitation. » L’agriculture rurale semble condamnée à la précarité et à une concurrence déloyale de grandes entreprises agricoles. En effet si le nouveau plan d’action foncier est adopté en l’état actuel, les terres agricoles du domaine nationale (environ 90% des terres), distribuée de longue date aux familles rurales, basculeront dans le domaine privé et pourrait être achetées par le plus offrant. Victime de la spéculation foncière, un paysan choisira de vendre son lopin de terre et ira grossir la population urbaine pauvre. Comble de l’ironie, il sera peut être engagé dans une exploitation détenue par une grande entreprise. C’est en tous cas, le pire scénario contre lequel agit le CNCR, en participant aux discussions engagées entre le secteur privé et les élus locaux.
En Asie, une des actions mises en avant par la représentante pakistanaise, Azra Sayeed, directrice de Roots for Equity, vise à éduquer les populations rurales. Bien plus que d’alphabétisation, il s’agit d’éducation politique. Enfin, tous expriment le besoin de la relève. Pour Jiten Yumman, du Center for research and advocacy dans le nord de l’Inde : « il est nécessaire d’identifier les leaders, chez les femmes, les jeunes. Les acteurs sont multiples, les problèmes aussi. Ce qui nécessite une compréhension pointue des enjeux et une action au niveau des décideurs, par des actions de plaidoyer. »

Roy Anunciacion conclut sur la nécessité de développer une stratégie commune : « il ne s’agit pas seulement de gagner des batailles, nous devons renforcer notre organisation. » Azra Sayeed complète et aura le mot de la fin : «  le développement durable doit reposer sur la souveraineté alimentaire ».

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