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18-05-2011
Mots clés
Energies
Japon

« Si je retourne dans la zone, je suis un criminel »

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« Si je retourne dans la zone, je suis un criminel »
(Crédit photo : Angela Bolis)
 
Toshihide Kameda, 63 ans, préside la Confédération paysanne de la préfecture de Fukushima. Son exploitation était située à Minami Soma, en pleine zone d'exclusion.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Dans ma tête, je savais que c’était dangereux de rester sur mon exploitation, mais mon coeur ne suivait pas. Je n’arrivais pas à accepter la situation. De l’extérieur, c’est facile d’ordonner une évacuation, mais quand on est chez nous, on ne peut pas partir du jour au lendemain... Surtout pour les paysans qui sont sur leur terre natale, celle qui les fait vivre.

Au lendemain du séisme et du tsunami, on a tous été évacués. En tout, 23 600 hectares de rizières ont été envahis par l’eau de mer, plus encore contaminés par la radioactivité. 110 000 agriculteurs ont dû quitter leur terre. Le gouvernement ne nous a pas dit pour combien de temps. Dans ma famille, nous sommes onze à avoir dû partir. Ce n’est qu’après, au fur et à mesure, que j’ai commencé à comprendre que je ne pourrais pas rentrer de si tôt. Aujourd’hui, j’ai très peu d’espoir de revoir un jour ma ferme. Si je retourne dans la zone, je suis considéré comme un criminel : c’est interdit.

Mon exploitation comptait 4 hectares de champs et 1 200 m2 de serres. Je cultivais du riz et quinze variétés de légumes. Au moment de l’accident, j’avais plein de choux et d’épinards prêts à la vente, tous perdus. Les éleveurs ont dû jeter tout leur lait, ils pleuraient. M. Tarukawa, qui faisait du bio depuis 35 ans, s’est suicidé. A cause des rumeurs de contamination, plus personne n’achetait nos fruits et légumes. C’est un désastre économique. Aujourd’hui, il y a un mouvement pour acheter de nouveau des produits de Fukushima, pour nous soutenir. C’est très touchant. Mais les risques sur la santé sont avérés, et ce n’est pas au consommateur de payer pour nos pertes. On a fait des manifestations très médiatisées pour négocier une indemnisation avec Tepco (le producteur d’électricité qui exploitait la centrale de Fukushima, ndlr) et le gouvernement. L’entreprise a promis de payer 1 million de yen (8 640 euros) par famille, et 750 000 yens (6 480 euros) pour une personne seule. C’est loin d’être suffisant.

A l’heure qu’il est, j’aimerais continuer à faire de l’agriculture. Mais je ne sais pas si je vais pouvoir m’implanter sur d’autres terres au Japon. Il y a quelques années, on avait porté plainte contre Tepco, car sa centrale pouvait être dangereuse en cas de séisme. Mais l’entreprise n’a pas voulu nous entendre. Aujourd’hui, on a tous subi le drame, les pro comme les anti-nucléaires. On ne pourra plus nous faire croire que les centrales sont 100% sûres. »

Lire aussi le témoignage de Shinpei Murakami

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