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Roland Jourdain, marin de pleine Terre

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Roland Jourdain, marin de pleine Terre
(Crédit photo : Lionel Le Saux/Sipa)
 
Le double vainqueur de la Route du Rhum ne se contente pas de filer sur les mers. Le navigateur écoconçoit ses locaux, expérimente des matériaux… Sans remous, « Bilou » mène sa barque écolo.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Roland Jourdain est ravi. Il a gagné sa guerre contre le goéland. L’oiseau n’aveuglera plus ses 200 mètres carrés de panneaux photovoltaïques. « La bataille fut rude, admet-il. Mais on a trouvé la bonne stratégie : nettoyer les déjections à l’arrosage automatique ! » Avec de l’eau de pluie récupérée, bien sûr. Depuis qu’en avril, la société du skipper breton, Kaïros, a inauguré ses nouveaux locaux à Concarneau, l’installation a fourni plus d’électricité que le bâtiment n’en a consommée. Un pas de plus dans la démarche écolo du double vainqueur de la Route du Rhum, la transat en solitaire qu’il a remportée en 2006 et l’an passé.

D’abord, le navigateur s’est penché sur son empreinte écologique. En 2009, il boucle le bilan carbone d’un cycle de préparation au Vendée Globe, tour du monde en solitaire et sans escale. Sur trois ans, la conception et la fabrication du monocoque, les déplacements, la logistique, le bâtiment qui accueille son équipe de course pèsent autant que l’aller-retour Paris-New York d’un avion plein, soit 605 tonnes équivalent CO2. « Je me focalisais sur le bateau. Effectivement, c’est loin d’être un ange du développement durable. Mais j’ai peu de leviers pour agir dessus. Par contre, il y a plein de choses qu’on peut améliorer facilement par rapport à la vie de l’équipe », découvre-t-il. Ainsi, Kaïros a déménagé ses locaux de quelques numéros dans un bâtiment des années 1970 qu’il a rénové vertement : toilettes sèches, isolation à la ouate de cellulose, matériaux naturels, panneaux solaires… « Il a fallu faire des compromis mais une de mes plus grandes satisfactions, c’est que 95 % de ce qu’on a utilisé est compostable. »

Pas étonnant qu’il se passionne pour le chantier. Gamin, Roland Jourdain rêvait de travailler dans le bâtiment, comme papa. On n’est pas marin dans la famille Jourdain mais on aime le grand air du Finistère. « J’étais souvent au bord de l’eau, à la pêche avec mon père, raconte-t-il. Et pendant les vacances d’été, je faisais des stages Optimist », un bateau pour les 6-12 ans. A l’école de voile du Fouesnant Cap-Coz, Roland devient « Bilou ». Le surnom lui va bien. Peut-être parce qu’il évoque un gentil ours rigolo aux solides épaules. C’est durant ces stages estivaux que le garçon attrape le virus de la mer. Et la sensibilité environnementale ? « Il n’y a pas d’événement particulier, ça m’a toujours intéressé. Mais dans mon adolescence, il y a bien eu la fameuse affaire de Plogoff. » C’était en 1980. A l’époque, le Finistère se mobilise contre un projet de centrale nucléaire à proximité de la pointe du Raz. On n’est pas militant chez les Jourdain mais Roland a 17 ans et manifeste en cachette.

Un surf en fibres de lin

Bilou est ravi. Ce 8 juillet 2011, il baptiste son nouveau bateau. Sur la grand-voile est écrit « Veolia Environnement ». Le leader mondial des services à l’environnement le sponsorise depuis 2004. Budget : 4,5 millions d’euros pour la préparation d’un tour du monde en solitaire. La multinationale a mis 2,5 millions de plus sur la table pour ce nouveau bateau, le MOD 70, premier trimaran du navigateur, qui jusqu’ici pratiquait le monocoque. Si Veolia Environnement investit dans ce sport réputé propre, c’est pour porter à tous vents un message vertueux. Et Florence Mairal, la directrice de la communication de l’entreprise, ne manque pas l’occasion de le répéter en ce jour de baptême : « On est tous sur le même bateau, la Terre, et nous devons gagner tous ensemble pour le bien commun. » Pourtant, ces dernières années, plusieurs controverses liées à la gestion de l’eau ont mis à mal cette belle antienne. En 2010, le documentaire Water Makes Money sur les sociétés qui contrôlent la gestion de l’eau, épinglait sévèrement la multinationale. « On peut reprocher des tonnes de choses à Veolia mais moi, je m’intéresse à la technique et au terrain et je trouve chez eux plein de gens prêts à creuser avec moi de nouvelles pistes pour améliorer les choses, nous aider à tester nos matériaux, faire mon bilan carbone, etc. », réplique le skipper.

Sur cette grand-voile, il est donc écrit « Environnement ». Mais le trimaran rouge n’est pas vert. La coque se compose de carbone, « c’est-à-dire du pétrole. Ce n’est pas “ bien ”, confesse Roland Jourdain. Seulement, on ne sait pas encore faire des bateaux de course écoconçus ». A ses heures perdues, le responsable composite de Kaïros planche sur des matériaux alternatifs comme les fibres de lin. Afin de tester leur vieillissement dans l’eau, un surf a été fabriqué. Les premiers tests se révèlent concluants. En cherchant de nouveaux matériaux pour ses bateaux, Kaïros va peut-être révolutionner le monde de la glisse. « L’objectif n’est pas précis mais on avance. Et à chaque fois qu’on ouvre un tiroir, on découvre un nouveau truc », se réjouit Roland Jourdain.

« Il est sur des questions concrètes »

Le milieu de la voile a produit beaucoup de navigateurs écolo-engagés. Ou plutôt de navigatrices, à l’image d’Ellen MacArthur qui promeut, via sa fondation, l’économie circulaire. Le Finistérien partage avec la Britannique, amie et ex-partenaire de course, un engagement fondé sur le constat d’un monde aux ressources limitées. « Bilou, il est sur des questions concrètes. Et c’est essentiel », confie celle qui a abandonné la voile pour la cause. Serait-il tenté par une telle reconversion ? « Pour l’instant, le virus de la course est toujours présent. » Plutôt que militant, l’éco-citoyen Roland Jourdain avance dans sa démarche environnementale sans faux pas. Sauf peut-être en 2009. Lors du Vendée Globe, il heurte à vingt nœuds un rorqual commun, qui n’en est certainement pas sorti vivant. Bilou en était « plus malade pour lui que pour [son] bateau ». —

Roland Jourdain en dates

1964 Naissance à Quimper (Finistère)

1985 Premier tour du monde avec escale lors de la Whitbread à bord du maxi Côte d’Or d’Eric Tabarly

1994 Vainqueur de la Transat AG2R avec Jean Le Cam

2001 Troisième du Vendée Globe ; champion du monde de la classe Imoca (monocoques de 60 pieds)

2006 Vainqueur de la Route du Rhum qu’il emporte à nouveau en 2010

2011 Installe sa société dans des locaux écoconçus et s’engage sur le circuit MOD 70 (multicoques 70 pieds)

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