Cartable 1 : Noé, 6 ans, entre au CP
Un sac 100% polyester, fabriqué en Chine
Une ardoise en plastique, dans son emballage... plastique
De la colle lavable à l’eau, sans solvants
Une trousse « récupérée auprès d’une de mes copines et qu’il avait déjà l’année dernière », précise Maman
Des stylos à bille en plastique quatre couleurs
Une paire de ciseaux avec un manche plastique
Des feutres de couleur à l’eau
Une règle en plastique
Un taille crayon avec réservoir plastique
Un crayon de papier conventionnel
Des protège-cahiers en plastique, « parce qu’on n’a pas le droit à ceux en papier », ajoute Noé
Julien, 35 ans, vidéaste et Clémentine, 32 ans, iconographe, les parents :
« Quand l’école nous a donné la liste de fournitures, on s’est d’abord dit : qu’est-ce qu’on a déjà : le cartable, la trousse, le taille-crayon… autant réutiliser. Après on ne s’est pas tellement posé la question, on a bêtement suivi le listing à la lettre. C’est dommage qu’il n’y ait pas une mention « pensez à la planète » sur la liste, d’autant plus venant d’une institution comme l’école publique. En même temps, les exigences du maître ne nous laissent pas vraiment le choix. Les protège-cahiers par exemple, il faut qu’il soient transparents. Et puis, pour certains accessoires, pourquoi chaque élève devrait avoir son propre matériel alors que les enfants pourraient le partager ? Ça en dit long sur l’école de pensée dans l’école : chacun pour soi. Autrement, là où c’est possible, on achèterait volontiers écolo. En CP, l’investissement n’est encore pas énorme. Donc on serait prêts à mettre la différence. Mais si on pouvait trouver ces produits facilement, en moyenne surface, près de chez nous. Or, ce n’est pas le cas. »
Terra eco : FNE propose que ce soit l’école qui achète les fournitures durables en gros, et les fournissent en vrac aux parents. Pour ou contre ?
« Pour à 100%. Avoir les mêmes produits que tout le monde, ce ne serait pas un souci pour lui. Et pourtant, il joue aux jeux vidéos comme les autres, mais il n’est pas en demande de produits dérivés ou de marque. Peut-être que ça viendra plus tard. En tout cas, on n’a pas de problème avec le fait d’uniformiser. Ce serait d’ailleurs plus égalitaire. Mais imposer l’achat écolo, c’est peut-être un peu liberticide. Il faudrait un juste milieu : qu’on ait la possibilité d’acheter durable à prix réduit à l’école ou celle d’acheter soi-même ce que l’on veut. »Cartable 2 : Vital, 7 ans, entre au CE2
Un cartable fabriqué à partir de bouteilles en plastique collectées et recyclées « qu’il a depuis l’année précédente, très cher, dans les 70 euros, mais qu’il devrait garder longtemps », stipule Maman.
Un classeur en carton recyclé
Des crayons de couleur fabriqués avec 50% de matières premières recyclées minimum
Un agenda FSC (Forest Steward Council) avec encres végétales
Des protège-cahiers en plastique
Des pochettes en plastique
Des stylos jetables
Cartable 3 : Jonas, 6 ans, entre au CP
Un cartable fabriqué à partir de bouteilles en plastique collectées et recyclées « qui paraissait solide »
Des crayons de couleur avec un logo écolo
Des tubes de colle avec des matières premières à 60% d’origine naturelle
Une gomme conventionnelle
Des stylos jetables
Un taille-crayon avec réservoir plastique
Une règle en plastique
Une trousse récupérée auprès de son grand frère
Emmanuelle, 37 ans et Guillaume, 58 ans, journalistes, les parents :
« Aujourd’hui, c’est dix fois plus facile de trouver des fournitures écolos dans les magasins où l’on va habituellement. Il y a plus d’offre qu’il y a deux ou trois ans. Mais ce sont juste des marques conventionnelles qui font un peu d’efforts. Pour du 100% durable, il faut aller dans des boutiques spécialisées ou sur Internet. Question budget, les cartables étaient vraiment plus chers, mais ils seront amortis sur la durée. La colle ou l’agenda, c’était pareil ou à peine plus. Certaines exigences de l’école sont exaspérantes : des règles transparentes donc forcément en plastique et pas en bois, des stylos jetables et pas rechargeables… C’est vrai que la liste de fournitures n’est pas l’occasion d’un cours d’écologie de la part des instit’ ! »
Terra eco : Pour ou contre les fournitures écolos fournies par l’école ?
« C’est une très bonne idée. Mais est-ce vraiment possible ? Les acteurs du marché des fournitures scolaires hurleraient. La solution d’une coopérative de parents semble plus réalisable. Acheter ensemble les fournitures écolos, pour que regroupés, on puisse bénéficier de prix plus intéressants. A essayer l’an prochain ! »Cartable 4 : Pauline, 6 ans, entre au CE1
Un cartable fabriqué à partir de bouteilles en plastique collectées et recyclées, qui fait sa seconde rentrée
Un cahier de brouillon 100% recyclé
Des tubes de colle conventionnels
Des protège-cahiers en plastique
Un rouleau de transparent plastique pour recouvrir les livres
Des crayons de couleur fabriqués avec 50% de matières premières recyclées minimum
Du scotch
Des feutres de couleur 100% biodégradables
Une règle en plastique
Une gomme
Juliette, 34 ans, médecin généraliste, la maman :
« Je ne me soucie pas d’acheter écolo. Il y a une grande papeterie près de chez moi qui fait 20% sur tous les produits de rentrée, avec probablement moins de références que dans un hypermarché, donc moins de choix bio, mais je vais au plus simple. S’il y a quelques produits écolos dans mon panier, c’est un pur hasard. Je ne les ai pas choisis pour ça. Je veux d’abord faire plaisir à Pauline. Je ne multiplie pas les cadeaux pendant l’année, alors c’est l’occasion de la laisser choisir. Les feutres biodégradables, je pense qu’elle les a pris parce que le paquet était attirant : coloré, avec un arbre dessiné dessus. C’est bien marqueté. Et finalement, ils n’étaient pas plus chers que l’alternative. Mais de toute façon, ce n’est pas une question de budget, je serai prête à mettre plus. »
Terra eco : Pour ou contre les fournitures écolos fournies par l’école ?
« Je trouve ça très bien. Mais plus pour des raisons politiques. D’ailleurs, il faudrait faire participer les familles en fonction du quotient familial. Ce serait plus juste par rapport à celles qui ont moins de moyens et cohérent avec les principes de l’école publique. Et puis, tu peux toujours faire plaisir à ton enfant en lui achetant une belle fourniture pour la maison. Cela dit, ça me gênerait qu’il y ait un monopole. »
Aller plus loin : Le rapport de France Nature Environnement (FNE) sur la cherté des fournitures écolos.
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