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19-12-2012
Mots clés
Climat
Monde

Rapport du Giec : la fuite inventée par les climato-sceptiques

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Rapport du Giec : la fuite inventée par les climato-sceptiques
(otodo - flickr)
 
Phrases hors contexte, vieux graphique exhumé, fuite qui n'en est pas une. Le dernier coup de théâtre des climato-sceptiques pour déstabiliser la communauté scientifique fond, après analyse, comme neige au soleil.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Ça y est, ils ont admis. » C’est ainsi que la communauté climato-sceptique a « vendu » son nouveau scandale. Vendredi 14 décembre, Alec Rawls, un scientifique et blogueur américain de peu de renommée a « fuité » sur son site « Stop Green Suicide » (« Arrêtez le suicide vert ») le cinquième rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dans sa version provisoire. Et l’homme y a trouvé, assure-t-il, ce qu’il était venu y chercher : la preuve que le soleil, et non l’homme, serait à l’origine du changement climatique.

Pour Alec Rawls, la preuve réside dans un paragraphe du chapitre 7 (non-spécialiste s’abstenir), traduit par notre confrère Denis Delbecq sur son blog « Effets de Terre ».

« De nombreux liens empiriques ont été proposés entre les rayons cosmiques galactiques (GCR) ou les archives d’isotopes cosmogéniques et certains aspects du système climatique (e.g., Bond et al., 2001 ; Dengel et al., 2009 ; Ram and Stolz, 1999). Le forçage lié au seul changement d’irradiance solaire ne semble pas expliquer ces observations, impliquant l’existence d’un mécanisme d’amplification tel que l’hypothèse d’un lien entre GCR et nuages. Nous mettons l’accent ici sur les relations observées entre GCR et les propriétés des nuages et des aérosols. »

En clair, toujours selon Denis Delbecq, « les rayons cosmiques joueraient un rôle dans la formation des nuages et des aérosols, rayons dont l’intensité est liée à l’activité du soleil. La lecture de ce paragraphe laisse donc penser que le rôle de l’activité solaire aurait donc été sous-estimé. » « Le hic », c’est que « cette citation est tronquée et sortie de son contexte », précise-t-il. Dans la section consacrée à cette question, il est en effet dit : « Il existe un niveau modéré de preuve et un fort niveau d’accord sur le fait que le mécanisme d’ionisation lié au rayonnement cosmique est trop faible pour peser sur la concentration en noyaux de condensation de nuages ou son évolution au cours du siècle dernier ou durant un cycle solaire d’une quelconque manière significative. »

« Une chose qui m’a toujours hérissée c’est que dans ce débat sur le solaire, on oppose toujours les gens comme s’ils appartenaient à deux communautés : celle du CO2 et celle du solaire, s’agace Hervé Le Treut, climatologue et co-auteur du prochain rapport du Giec. Au sein de l’IPSL (l’Institut Pierre Simon Laplace, ndlr), on mène une étude sur l’interaction entre le soleil et le climat. Un satellite a même été lancé. Ce n’est pas un sujet tabou ! Même si, pour le moment, on ne comprend pas nécessairement très bien le mécanisme en action. »

Mais les climato-sceptiques ne s’arrêtent pas uniquement sur ce point. Un autre billet très virulent d’un certain H16 et publié sur le site Atlantico exhibe un graphique tiré lui aussi du rapport provisoire :

Selon le blogueur, ce graphique « montre dans les zones colorées les prédictions de températures produites par les différents modèles mathématiques utilisés pour asseoir la légitimité des décisions politiques et écologiques que nous avons eu à subir depuis les vingt dernières années. On notera que les mesures de températures observées (les points noirs) sont … décidément en dessous de ce que les modèles s’entêtent à prédire. Autrement dit, seuls les modèles les plus optimistes (qui prédisent de petits réchauffements) permettent de tenir compte des mesures observées, et encore, en prenant leurs hypothèses basses. »

Peu de pertinence là aussi pour Hervé Le Treut : « Ce sont des données que l’on connaît depuis longtemps. Il n’y aucune information nouvelle dans ce diagramme. Vous le trouvez notamment dans les modèles de la Nasa. Le rôle du Giec est aussi de montrer un état des lieux de la science aujourd’hui. Il procède d’informations diverses qui peuvent être interprétées différemment. » « Il n’y a rien de spectaculaire. Le Giec revoit la littérature scientifique jusqu’à fin juillet 2012. C’est connu par tous les scientifiques qui assistent à des colloques », abonde la climatologue Valérie Masson-Delmotte, elle aussi co-auteure du rapport.

800 experts commentent la seconde version du rapport

Mais au-delà du fond, c’est la forme qui agace les scientifiques. Le scandale en effet est fondé sur l’idée d’une fuite. Or, le document brandi par les climato-sceptiques n’est pas bien difficile à se procurer. Il a suffi à Alec Rawls de s’inscrire auprès du Giec comme un expert candidat à la relecture (800 personnes ont commenté la seconde version du rapport). Le texte n’a donc rien de confidentiel : « Pour le chapitre sur les climats passés que je coordonne, nous avons reçu 2 300 commentaires, rappelle Valérie Masson-Delmotte. C’est ce processus de relecture critique qui fait tout l’intérêt des rapports du Giec par rapport à d’autres rapports scientifiques. Il permet de corriger les biais liés à des petits groupes d’auteurs scientifiques. »

En guise de garde-fou, une simple déclaration sur l’honneur exige de l’expert qu’il se retienne de citer ou de faire circuler les documents provisoires. Pourquoi ? Simplement parce que « la mise en ligne non autorisée et prématurée des brouillons du rapport, qui sont en cours de travail, peut porter à confusion puisque le texte changera nécessairement quand on aura examiné tous les commentaires », précise le Giec dans un communiqué.

PDF - 119.4 ko

Un garde-fous qui n’empêche pas certains d’en faire à leur guise. Car Alec Rawls n’est pas le premier à avoir diffusé un brouillon du rapport sur le web. « Le chapitre climats passés que je coordonne, a déjà été diffusé par un de nos relecteurs. On commence à être habitué », souligne Valérie Masson-Delmotte.

« Ce qui m’ennuie, c’est ce côté fabriqué du scandale, s’agace Hervé Le Treut. Un document pas secret qu’on fait semblant d’exhumer, une polémique qui n’en est pas une. Et tout cela risque malgré tout de nous porter préjudice. » En 2009, à quelques jours de la Conférence de Copenhague sur le climat, des hackers avaient diffusé des milliers de mails échangés entre les scientifiques du Centre de recherche sur le climat (CRU) et dénoncé des modifications de courbes de températures. Les scientifiques avaient finalement été blanchis par une enquête indépendante.

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13 commentaires
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  • ok.

    models faux des climato-sceptique...

    alors donnez moi toutes les capacités-réservoirs des feedbacks positif et négatif sur l’ensemble de l’écosphère terrestre et je vous dévoilerai si il y a une possible conséquence néfaste du réchauffement de la terre...

    21.12 à 23h52 - Répondre - Alerter
  • Madame,

    Vous indiquez dans votre signature être "journaliste".

    Il me semble ce noble métier impose certaine valeurs et certaines méthodologie de travail que vous ne semblez pas respecter.

    En effet, vous écrivez "Les scientifiques avaient finalement été blanchis par une enquête
    indépendante."

    Cela est doublement faux :

    1- d’une part, il n’y a pas eu une enquête mais des enquêtes (3 UK et 1 US). Ce n’est pas en soit trop grave sinon que cela montre que vous n’avez pas fait le travail suffisant sur le sujet que vous abordez.

    2 - affirmer que les enquêtes étaient indépendantes est aussi la preuve de vous n’avez pas assez approfondi le sujet dont vous parlez.

    Ce point qui conclue votre article sème malheureusement le doute sur l’ensemble de votre article qui finalement ne s’en remet qu’a des arguments d’autorité de personnes dont l’intérêt personnel est manifestement dans le sens de la défense de la théorie.

    Si vous voulez vous renseigner sur les enquêtes, les sites dis "sceptiques" sont malheureusement les seuls endroits sur lequel vous trouverez de l’information. A vous ensuite de séparer le vrai du faux, mais cela vous donnera des pistes de recherche.

    En français (mais vous n’irez pas très loin si vous ne parlez pas anglais) , un bon point d’entrée serait celui là : http://minilien.fr/a0m5yl. Et en anglais, le site de Steve McIntyre est d’une excellente tenue et entre dans le détail (le diable se cache dans les détails :) ) sur les différents points.

    G.

    21.12 à 10h27 - Répondre - Alerter
    • Comme je l’avais déjà dit dans un commentaire sur un billet sur le même sujet, nous sommes un pays exceptionnel où 60 millions de climatologues peuvent apprendre aux experts comment lire les chiffres et tirer les bonnes conclusions !
      Ce qui est encore plus fascinant, c’est que nous ayons tout autant de sélectionneurs des équipes de sport nationales, au moins autant de conseillers du 1° ministre (quoique celui-ci en ait particulièrement besoin) et du président. Vraiment je suis fier d’être de ceux-là !

      21.12 à 22h25 - Répondre - Alerter
      • Votre réponse est pratique car vous pouvez la ressortir n’importe quand dans la mesure où elle n’a pas de lien avec ce qui précède, cela se résumant finalement à soit un argument d’autorité, soit une attaque ad hominem en fonction de la manière dont on la lit.

        Je ne suis personnellement pas partisan de ce type d’argument et de rhétorique sur les forums et les commentaires.

        Au passage, il n’est pas ici question de climatologie mais de journalisme et d’éthique. Donc aussi passe-partout que votre commentaire puisse être, il arrive malgré tout à tomber à coté du sujet.

        G.

        22.12 à 10h38 - Répondre - Alerter
    • Pas d’attaque contre les personnes svp Gordon
      Voilà une agressivité bien malsaine

      21.12 à 22h50 - Répondre - Alerter
      • Quelle agressivité malsaine ?

        Je dis simplement la réalité des choses :

        1/ la phrase de conclusion de l’article est doublement fausse
        2/ cela montre que la journaliste n’a pas fait son métier correctement selon la charte d’éthique que du Syndicat national des Journalistes que vous pouvez trouver ici : http://www.snj.fr/spip.php?article1032 et qui stipule, entre autre :

        - Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte,
        hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de
        qualité ;

        - C’est dans ces conditions qu’un journaliste digne de ce nom tient l’esprit
        critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité
        , l’équité, l’impartialité,
        pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans
        preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des
        faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et
        l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives
        professionnelles ;

        Cela jette pour moi un gros doute sur la qualité du travail journalistique réalisé sur l’ensemble de cette article.

        C’est pas compliqué, ce n’est pas agressif, c’est pas malsain, c’est une opinion argumentée avec des faits dont je donne la source.

        De plus je considère le métier de journaliste suffisamment important pour ne pas laisser quelqu’un qui se réclame de cette profession se satisfaire d’un travail qui ne répond pas à l’éthique nécessaire.

        La parole des journalistes doit être défendue, pour cela elle doit être défendable et pour cela il faut respecter les bases de travail de ce métier. Ou alors on ne dit pas que l’on est journaliste.

        G.

        22.12 à 10h25 - Répondre - Alerter
  • "la survie de l’humanité", rien que ça ! On va pouvoir en justifier des massacres avec une telle menace qui pèse sur nous. T’inquiète, le climat est variable, l’a toujours été et l’humanité s’en sort pas trop mal. la seule chose que l’on constate c’est que l’humanité se porte mieux pendant les périodes chaudes que pendant les périodes froides (plus de richesse, moins de guerre, plus d’hommes, ...)

    Sinon, c’est bien de dire qu’un graphique est connu, cela n’enlève rien à ce qu’il montre (belle rhétorique de Le Treut) : les modèles à base de CO2 sont dans les choux car les taux de CO2 ont continué à augmenté alors que les températures sont restées stables.

    Cela dit le fait que je ne gagne rien dans cette histoire me rend surement plus objectif que Monsieur Le Treut dont l’alarmisme climatique est le fond de commerce.

    G.

    20.12 à 14h34 - Répondre - Alerter
    • Pas d’interprétation sortie du contexte et de l’ensemble de l’analyse.

      Personnellement je vois dans ce seul graphique (pas suffisant pour se faire une opinion scientifique), une anomalie de température d’environ +0,4° sur les dernières années, compatible avec certains modèles...
      L’intérêt du GIEC est justement de faire évoluer ses prévisions en fonction des données actualisées dans une grande transparence.

      20.12 à 18h33 - Répondre - Alerter
      • Il n’y a pas d’interprétation :

        1- les températures sont flats depuis plus de 15ans. C’est un fait basé sur les températures publiées par le MET.
        2- ces températures sont en dehors des projections des modèles qui prennent pour hypothèse le réchauffement d’origine anthropique.

        => les prédictions de la théorie sont fausses => la théorie est fausse jusqu’à nouvel ordre.

        Et l’on veut que l’humanité toute entière change son mode de vie sur la base de cette théorie falsifiée ? C’est complétement idiot.

        G.

        21.12 à 09h56 - Répondre - Alerter
        • Mieux consommer, ce n’est pas idiot.

          21.12 à 10h12 - Répondre - Alerter
          • Ce n’est pas le sujet.

            Et il n’y a aucun miracle qui fera que régler un faux problème sera la solution à un vrai problème.

            Justifier la théorie du RCA comme cela est une erreur.

            Des problématiques à régler, il y en a s’en aucun doute alors mettre des centaines de milliards de $ pour tenter de changer le climat selon une théorie qui ne tient pas la route, c’est criminel.

            Une image pour illustrer cela : tous les chefs d’états sont passés à Copenhague pour la COP15. A la même époque avait lieu un sommet mondial de la FAO à Rome, pas un chef d’état ne s’est déplacé ...

            G.

            21.12 à 10h38 - Répondre - Alerter
  • Quand il est question de la menace que le bouleversement climatique en cours fait peser sur la survie de l’humanité, ce genre de manigance par les climato-sceptiques est une ignominie.

    Nous admirons les experts du GIEC de conserver leur sang-froid !

    20.12 à 12h12 - Répondre - Alerter
    • Ils n’a même pas été invité à Doha votre panel international sur le changement climatique.
      Et ça fait 25 ans au moins qu’il prévoit l’apocalypse.
      Va falloir être un peu plus convaincant qu’en interprétant ces malheureuses courbes de températures bidouillées au 1/10 eme de degré...

      20.12 à 20h57 - Répondre - Alerter
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