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29-04-2004
Mots clés
Politique
France

Quelqu’un a-t-il vu la reprise ?

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Attendue, espérée, voire désespérément attendue, la reprise économique tient les Français en haleine et alimente la chronique quotidienne des médias. Mais ne comptez pas sur les économistes pour en fixer la date : la reprise est à l'économie ce que le trou noir est à la physique. Aucune théorie solide n'explique l'apparition du phénomène.
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Les politiques nous l’annoncent imminente. Les économistes, timide. Elle est tour à tour prévue pour janvier ou pour septembre, c’est-à-dire au moment où les instituts de prévision et l’INSEE sortent leurs chiffres. Mais elle passe le plus clair de son temps à se faire attendre. On doit alors se contenter de "redressement du moral des entrepreneurs" ou de "frémissement de la consommation". Mais qu’intervienne l’euro fort, le risque terroriste, une chute du "moral des consommateurs", des grèves ou une canicule et c’en est fini de la reprise tant espérée.

Cycle politique ?

De fait, aucune équation ne semble en mesure d’expliquer quand et comment intervient "la reprise", ce point d’inflexion qui marque le retour à une phase de croissance soutenue de l’activité économique. Les économistes avancent bien quelques théories basées sur l’analyse de la variation des stocks, des cycles d’affaires, monétaires, technologiques... Et même politiques (1). Mais aucune de ces constructions intellectuelles ne semble suffisamment solide ou complexe pour accoucher d’indicateurs fiables.

Indicateurs fiables ou vulgaires sondages ?

"En réalité cela fait trois ans que l’on nous annonce la reprise pour l’année suivante, rappelle Jacques Le Cacheux, directeur du département des études à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pourtant nous sommes bien incapables de savoir à l’avance. Tout au plus, peut-on faire une prévision raisonnable sur la base d’indicateurs qui fonctionnent alors comme des sondages".

Ayez le moral !

Lorsque Alain Lambert, ex-ministre du Budget, appelle début décembre les Français à soutenir la reprise économique, qui peut dire comment ? En s’endettant pour acheter plus de cadeaux à Noël ? En travaillant sans prendre de vacances ? En faisant preuve de davantage d’optimisme ? Mais alors vis-à-vis de qui ou de quoi ? En épargnant plus ou moins ? Difficile à dire. Jacques Le Cacheux est catégorique : "Individuellement, le consommateur ne peut rien faire. Les économies contemporaines sont compliquées et la situation économique est le résultat de décisions non coordonnées".

La Coupe est pleine

La reprise peut intervenir à la suite d’un choc psychologique favorable - une victoire en Coupe du monde de football - ou grâce à la bonne santé - ou la reprise - de nos partenaires économiques, qui nous achètent alors nos produits. "Mais pour qu’elle intervienne vraiment, il faut que l’on ait envie de le faire, envie d’y croire, c’est une question d’alchimie", souligne Jacques Le Cacheux. Il faudrait donc que les Français pensent que tout va bien pour que les choses commencent à aller mieux. Traduisez : se remettent à consommer pour relancer la machine. C’est la prophétie auto-réalisatrice. D’où les gesticulations des ministres, et particulièrement du Premier d’entre eux, pour redonner confiance aux consommateurs.

Attente irrationnelle

Le point de vue de Philippe Nemo, Professeur de Science Politique à l’Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP) diffère quelque peu. "On a souvent eu, dans l’histoire de France, des périodes de croissance rapide qui reposaient essentiellement sur la confiance. Au moment du plan Marshall par exemple, ou au temps du ministère Pinay. Mais le phénomène d’attente actuel de la reprise est irrationnel". Selon lui, la reprise de la croissance n’interviendra réellement que si la France arrive à se "libérer de ses structures étouffantes héritées de l’après-guerre (...) et non en l’attendant comme le retour du beau temps après la pluie". En clair, en réformant radicalement notre système économique et non en attendant une hypothétique croissance venue de nos partenaires.

Tout ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien

En somme, l’on peut bien croire que la croissance vient de l’extérieur - les savants parlent alors de "facteurs exogènes" - ou de l’intérieur - "facteurs endogènes". Selon les paroisses, l’on peut croire que la reprise dépend avant tout du progrès technique, des gains de productivité, du taux d’épargne, de l’intervention de l’Etat, de l’investissement en capital humain, ou des marchés financiers... La prévision économique reste quant à elle plus qu’hasardeuse. Chômeurs, dirigeants d’entreprises, actionnaires, salariés et politiques sont donc condamnés à attendre la reprise et à faire dépendre nombre de leurs décisions de son apparition... à une date définitivement indéterminée.

(1) Selon cette construction théorique, la reprise surviendrait à l’approche des élections car les gouvernements privilégient alors les mesures de relance de la croissance pour obtenir l’adhésion des électeurs.

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