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28-02-2010
Mots clés
Social
Technologie
Etats-Unis
Portrait

Quand les objets montrent leur part d’humanité

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Quand les objets montrent leur part d'humanité
 
Non, le design n’est pas que douceur de l’œil. Il doit aussi être utile aux populations en difficulté. C’est le credo d’Emily Pilloton, jeune Américaine qui promeut un art inventif, simple et révolutionnaire.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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(En Californie)

Vingt-cinq universites au programme, 75 jours et 10 138 km de voyage. Quand Emily Pilloton, la jeune papesse du design humanitaire, sillonne l’Amérique pour le « Design Revolution Road Show », – « la tournée du design en révolution » –, elle ne fait pas les choses à moitié. A bord de son véhicule, 40 produits censés transformer le monde et une intention farouche : convaincre la nouvelle génération de designers américains de s’intéresser uniquement aux objets ayant un impact social. Et leur faire dire adieu au superflu. Première escale : la baie de San Francisco, patrie de Gap, d’Apple et des premiers bourgeois bohèmes.

1 000 dollars et une caravane

A l’origine de la vocation d’Emily Pilloton ? Une vulgaire poignée de porte, affirme-t-elle devant un parterre d’étudiants de l’Academy of Art University de San Francisco, vivier d’artistes, architectes et designers. En 2008, elle a alors 26 ans et travaille comme architecte pour une chaîne de magasins de vêtements. « J’assistais à une interminable réunion au cours de laquelle nous débattions du design de la poignée de porte que nous comptions utiliser dans nos nouveaux magasins. Le lendemain, j’ai posé ma démission. »

Adieu frivolité, salaire mirobolant et insouciance. Emily a 1 000 dollars d’économies en poche, 70 000 dollars de prêt étudiant à rembourser, un ordinateur portable… et la caravane Airstream de son petit ami Matt Miller. Suffisant pour lancer avec lui l’organisation à but non lucratif « Project H » dont la mission est de réconcilier design et activisme social. Pourquoi cette lettre H ? Pour « humanity », « health », « happiness », « habitat », c’est-à-dire humanité, santé, bonheur, habitat… Emily Pilloton n’a pas peur des grands mots. Pas plus mal quand on revendique son statut d’évangéliste du design social !

Aujourd’hui, Project H, ce sont 22 projets dont 20 aux Etats-Unis, menés par une armée de 2 000 volontaires. Qu’ils construisent des aires de jeux à l’aide de vieux pneus dans des écoles primaires de l’Ouganda à l’Amérique profonde, ou qu’ils aident des SDF à gagner leur vie en leur apprenant à fabriquer des sacs à main en toile de parachute qui se transforment en hamac, ils gardent ce simple leitmotiv en tête : être utile avant tout.

Un bidon bleu révolutionnaire

A l’heure où les designers ne jurent plus que par la couleur verte, Emily Pilloton souhaite les faire redescendre sur terre. Les tables basses écolos en bambou ? C’est très joli, merci, mais on peut tout à fait s’en passer. « Le design, c’est résoudre des problèmes et pas simplement créer des choses esthétiquement belles », martèle-t-elle. D’où sa passion pour l’« hippo-roller ». Ce gros bidon d’eau en plastique bleu vif permet de transporter aisément 90 litres d’eau. Comment ? En l’attachant à un basique arceau de métal et en le faisant rouler bien sûr ! Simple, pratique et révolutionnaire, il change la vie de populations démunies au fin fond de l’Afrique du Sud. « Les enfants et les femmes qui passaient jusqu’à cinq heures par jour à transporter de l’eau pour abreuver leur foyer ont désormais plus de temps pour apprendre à lire et écrire », raconte Emily. Mais comme rien n’est jamais parfait, le bidon est en plastique. Tant pis… Que les écolos ferment les yeux !

A travers le « Design Revolution Road Show », Emily Pilloton a plusieurs ambitions : motiver les troupes, lever des fonds pour Project H et encourager les jeunes designers à mettre leur talent au service de leur communauté. Et la jeune architecte du changement de citer un slogan des barbudos cubains des années 1960 : « En cada barrio, revolución » : « dans chaque quartier, la révolution ». —


LA SELECTION D’OBJETS D’EMILY PILLOTON

Des ballons de foot « Do It Yourself »

Ce sont toujours les mêmes gestes, partout dans le monde. Deux T-shirts jetés sur le sol et voilà un but. Ne reste plus qu’à trouver le ballon pour une partie de foot improvisée. Mais dans les pays pauvres, ce n’est pas si simple et, souvent, c’est un préservatif bourré de papier ou des sacs plastiques roulés en boule qui feront office de balle. Marti Guixé a donc imaginé un scotch au motif « ballon de foot ». Parés pour le coup d’envoi !

Un horodateur pour les sans-abris

D’après une étude réalisée par la ville de Denver, ses habitants donnent 4,5 millions de dollars par an aux personnes qui font la manche. Mais l’utilisation de cet argent est-elle optimale ? Sans doute pas. L’association Road Home a donc imaginé un horodateur pour les sans-abris : introduisez 50 cents (0,37 euro) dans la fente et voilà financé un ticket de bus pour un SDF. 1,50 dollar (1,1 euro) ? Un repas. Après un mois de test, plus de 16 000 pièces ont été récoltées.

Des « spider boots » pour le déminage

Un design révolutionnaire pour des chaussures d’un genre nouveau. Les « spider boots » (ou bottes araignées), conçues par GadShaanan Design pour Med-Eng Systems, protègent le personnel de déminage en ralentissant l’impact de l’énergie dégagée lors d’une explosion. Un marché de niche, mais à l’impact important : 100 personnes meurent ou sont blessées chaque jour suite à l’explosion de mines terrestres.

Des distributeurs de préservatifs très sexy

En partenariat avec le département de la Santé de la ville de New York, Fuseproject, l’agence d’Yves Behar, star du design, a conçu un distributeur de préservatifs gratuits et su prouver qu’un bel objet pouvait aider à lutter contre le sida. En dix mois, grâce à cette initiative, 30 millions de préservatifs ont été distribués contre 10 millions lorsque le projet a démarré.

Photos : DR

Sources de cet article

- Le site du « Design Revolution Road Show »

- Le site de Project H

- « Design Revolution : 100 Products That Empower People » d’Emily Pilloton (éd. Metropolis Books)

- Le site de Marti Guixé

- Le site du programme pour les sans-abris de Denver

- Le site de GadShaanan Design

- Le site du plan en faveur des préservatifs du département de la Santé de la ville de New York

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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