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29-06-2012
Mots clés
Société
Recyclage, Déchets
Afrique

Quand les chiffonniers du Caire se tournent vers le soleil

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Quand les chiffonniers du Caire se tournent vers le soleil
(Crédit photo : Ombline Lucas)
 
Chauffe-eau solaires et biogaz : dans la capitale égyptienne, une ONG tente de convertir les plus démunis aux bienfaits des technologies propres. La révolution énergétique serait-elle en marche ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Quand son responsable pédagogique lui a confié cette mission, Wagdy Wagih a failli s’évanouir. Il faut dire qu’entretenir les 39 panneaux solaires implantés sur les toits du bidonville de Manshiyet Nasser, dans le nord-est du Caire, n’est pas de tout repos : en Egypte, l’été commence dès le mois de mai et le mercure flirte alors avec les 37 °C. Mais, malgré la chaleur, hors de question de refuser pour l’étudiant en ingénierie mécanique : « Solar Cities, c’est mon projet de fin d’études. C’est grâce à lui que je validerai mon diplôme », explique-t-il. Solar Cities, c’est le nom de l’ONG lancée en 2006 par l’Américain Thomas Culhane, docteur en planification urbaine. L’objectif de la structure : fournir des chauffe-eau solaires capables de produire 200 litres d’eau chaude par jour pour une famille (entendue au sens large : grand-parents, cousins, etc.) des quartiers pauvres de la capitale égyptienne.

Pour y parvenir, seulement quelques tubes de cuivre et des plaques d’aluminium recyclé ! Aujourd’hui, une quarantaine de foyers profitent du système. L’initiative est loin d’être un luxe à « Poubelle-ville », le surnom de Manshiyet Nasser. Là, les Zabaleen, les chiffonniers du Caire, trient les quelque 10 000 tonnes d’immondices que la capitale produit chaque jour. Sans eux, toute la ville serait à l’image de leur cité : un immense amas de détritus nauséabonds et de sacs-poubelles, un terrain de jeu pour les rats.

Pour financer les chauffe-eau, Thomas Culhane a pu compter sur les contributions de l’Agence culturelle britannique et de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. Les habitants n’ont rien eu à débourser. « Nous avons conclu un marché avec les habitants, nuance l’Américain. Ils participent à la construction des chauffe-eau et en font la promotion auprès de leurs voisins. » En réalité, l’Egypte fait mine de découvrir l’énergie du soleil : le pays abritait en effet la première centrale thermique solaire au monde en 1912, juste avant que la découverte du pétrole bon marché ne stoppe net cet élan. « Nous ne voulons pas que les gens réinventent la roue, commente Thomas Culhane. On veut améliorer le savoir-faire. D’où notre idée de réaliser, en parallèle, des biogaz dérivés de l’énergie solaire. »

Epluchures de pommes de terre

Petit bond en arrière. En 2009, en pleine grippe porcine, le gouvernement abat tous les porcs qui permettaient aux Zabaleen de trier les déchets. Certains les ont remplacés par des vaches et des poules, mais les ordures s’empilent plus vite qu’avant. Thomas Culhane et Hanna Fathy, son relais dans la communauté, trouvent alors la parade. Ils fabriquent des cuves hermétiques pour y stocker les déchets organiques, dévorés par des bactéries qui produisent du méthane en se démultipliant. Deux kg d’épluchures de pommes de terre offrent deux heures de gaz en cuisine. Grâce à Solar Cities, l’eau chaude était déjà gratuite mais, avec le biogaz, faire du thé devient un jeu d’enfant !

« Avant, on brûlait des déchets ou du bois, que nous achetions, pour cuisiner, raconte la mère d’Hanna. Désormais, c’est plus simple et moins cher. » Une bénédiction quand la plupart des chiffonniers gagnent moins de 12 livres égyptiennes (1,60 euro) par jour et que les dépenses énergétiques mensuelles d’une famille s’élèvent à 6,50 euros d’électricité et 4 euros de gaz ! L’impact de Solar Cities sur le quotidien est donc significatif, mais six ans après le début de l’aventure, le succès n’est pas toujours à la hauteur des espoirs suscités. « Il est difficile de convaincre les habitants, qui pensent que l’énergie solaire est réservée aux hôtels de luxe sur la mer Rouge, admet Thomas Culhane. Beaucoup considèrent qu’avoir un chauffe-eau électrique est un signe de richesse, même s’il doit ne jamais sortir de son emballage à cause de la facture ! » Quant au biogaz, certains craignent tout bonnement l’explosion !

Education et patience

« Quand vous faites les choses gratuitement et que l’intérêt n’est pas au rendez-vous, vous perdez confiance », désespère Wagdy, responsable du projet quand Thomas est absent. Et le jeune homme de citer sœur Emmanuelle, longtemps meilleure porte-parole de la cause des chiffonniers. « C’est elle qui avait raison : sans éducation, comment voulez-vous changer les mentalités ? » Avec encore un peu de temps ? —

Impact du projet

Une quarantaine de familles profitent d’un chauffe-eau solaire

2 kg d’épluchures de pommes de terre offrent 2 h de gaz en cuisine

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