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23-02-2012
Mots clés
Société
Alimentation
France

Quand le vin fait des bulles

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Quand le vin fait des bulles
(Crédit photo : f. roy / étienne davodeau)
 
Etienne Davodeau est auteur de BD ; Richard Leroy, vigneron. Pendant un an, ils ont découvert leurs métiers respectifs et échangé leurs savoir-faire. Le récit de leur rencontre s’intitule « Les Ignorants ». Un cru classé.
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« Si je comprends bien, pour faire un bouquin, tu veux bosser bénévolement dans mes vignes, c’est ça ? » Il y a dix-huit mois, Etienne Davodeau présente à son voisin vigneron son nouveau projet : lire et boire à quatre mains. « En échange, tu découvriras la bande dessinée. Je t’amènerai des livres, on ira voir des auteurs… » Page 4 des Ignorants, le pacte est signé. Caves contre cases. Dix ans après Rural, six après Les mauvaises gens, Etienne Davodeau s’immerge une nouvelle fois dans le quotidien d’un militant. Celui-ci est un ex-banquier converti au vin. « J’essaie de raconter, en me frottant au réel, l’histoire de ceux qu’on oublie souvent. »

Fan du producteur radio Daniel Mermet, Etienne aime transmettre la passion des héros ordinaires. « C’est des contraintes, hein, tu vas m’avoir dans les pattes pendant des mois… Si on le fait, on le fait bien ! » Pendant plus d’un an, il a suivi Richard Leroy sur ses terres angevines, dans ses caves. Il l’a observé, questionné, imité, irrité, prenant des notes, des photos et griffonnant quelques images. Malgré la cohabitation quotidienne, jamais Richard n’a trouvé son observateur pesant : « Etienne a une qualité d’écoute exceptionnelle et sait s’effacer dans les moments délicats. Même après un dîner arrosé, ce n’est pas le genre de gars à grimper sur les tables. » Dans son récit, l’auteur, qui supporte mal de se voir en BD, se place comme un passeur. On le voit noircir son carnet, poser des questions, rarement donner un avis, souvent mettre la main à la pâte.

Planètes, lunes et dilutions

« J’ai adoré tailler les ceps de vigne. J’ai découvert à quel point se passer de chimie était rude et physique, témoigne le quadragénaire. Les autres viticulteurs rencontrés – et parfois dessinés – travaillent avec un être vivant. Ils accompagnent la nature. » Richard y voit un parallèle avec certains auteurs de bande dessinée qui restent maîtres de leur œuvre de la première à la dernière case, avec le souci du détail jusqu’à l’obsession. Lui-même a la certification bio, mais refuse de l’indiquer sur ses étiquettes. « Je veux que les gens viennent à mes vins uniquement parce qu’ils les aiment. »

Mieux encore, il pratique la biodynamie, qui vaut l’un des plus touchants chapitres de l’ouvrage. « J’étais debout à cinq heures du matin alors que je déteste me lever tôt, témoigne Etienne. J’ai trimballé un bidon qui me fusillait les épaules et j’ai pulvérisé du 500 P (préparation à base de bouses de vache qui a été introduite dans des cornes de vache, ndlr) mais ça a été le moment le plus magique de cette aventure. » Richard ne prétend pas maîtriser les histoires de planètes, de lunes ou de dilutions. Qu’importe. « Je ne suis pas chercheur, ni biologiste, et encore moins sorcier, je suis vigneron. Je sais une chose : les vins qui me parlent le plus sont issus de la biodynamie. Ceux qui m’ont fait découvrir cette culture sont tous des gens avec de grandes valeurs, attentifs, respectueux, humbles, ça compte beaucoup. »

Que ce soit avec les agriculteurs bios menacés par l’A87 dans Rural, ses parents ouvriers dans Les Mauvaises gens ou avec Richard, Etienne passe toujours le même contrat. « Mes personnages ont un droit de regard total sur ce que je leur fais dire dans mes livres. En revanche, ils ont interdiction d’intervenir sur les textes off. »

Entre désir et raison

Dans Les Ignorants, le douzième chapitre a été le plus retouché. On y voit Richard écartelé entre désir et raison, contraint d’ajouter quelques gouttes de chimie dans ses barriques. « C’est vraiment nécessaire de dessiner ça ? » « Pour les passionnés de vin, se passer de soufre est une sorte de quête du Graal », témoigne Etienne. « C’est une étape crève-cœur, explique Richard. On est à mi-chemin entre l’aboutissement d’un vin réalisé avec seulement du raisin et une production qui risque de mal tourner. Dans ce chapitre, j’ai pesé tous mes mots. » Le reste a été plus limpide. A l’été 2011, la cuvée terminée, Etienne s’enferme dans son atelier pour peaufiner son millésime sur papier couché. Quelques mois plus tard, ses 272 pages sont déjà rééditées à trois reprises. Et les 8 000 bouteilles de Richard ? « Je passe chaque jour caresser mes cuves, regarder et écouter mon vin. Il ne m’a pas encore chuchoté qu’il était prêt… » —

Les Ignorants, Etienne Davodeau, Editions Futuropolis, 272 P., 24,90 euros

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