publicité
haut
Accueil du site > Actu > Énergie > Quand le prix du pétrole grimpe, le chômage aussi ?
Article Abonné
22-02-2011
Mots clés
Energies
Emploi
Macro-économie
Monde

Quand le prix du pétrole grimpe, le chômage aussi ?

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Quand le prix du pétrole grimpe, le chômage aussi ?
(Montage photo : Denis Esnault. Crédit : cripics/flickr)
 
Le pétrole est toujours à la hausse. Le chômage risque-t-il de lui emboîter le pas ? Possible, selon une analyse de l'ingénieur Jean-Marc Jancovici qui s'est « amusé » à comparer les courbes de ces vingt dernières années.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Les prix du pétrole se sont encore envolés de 8% à New York, ce mardi 22 février, suite aux violents affrontements en Libye, un important pays producteur de pétrole. A Londres, il en coûtait environ 108 dollars (79 euros) pour s’offrir un baril, soit le prix le plus élevé depuis septembre 2008. Evidemment, le prix de l’essence à la pompe s’en trouve déjà gonflé. Et les produits manufacturés risquent d’afficher peu ou prou la même tendance. Et après ? En touchant la consommation, le prix du pétrole peut-il ébranler l’emploi des pays riches ? Certains se sont penchés sur les courbes passées.

Sur son site, Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialisé dans les problématiques de l’énergie et du climat, compare le coût du pétrole en dollars constants (c’est-à-dire débarrassé de toute variation liée à l’inflation ou la déflation), aux courbes du chômage et de la croissance économique dans les pays de l’OCDE entre 1979 et 2001. La première confrontation est un échec cuisant. L’ingénieur ne se décourage pas pour autant. Et décide de prendre non pas les données telles quelles mais la variation normalisée de ces valeurs. En clair, il affecte à la valeur la plus faible le chiffre « 0 » et à la plus forte, le chiffre « 100 ». « Et comme il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin de tripotage de courbes », il décale de trois ans la courbe du chômage. Logique, puisque l’impact sur l’emploi ne saurait être immédiat.

Voilà ce que donne le graphique réalisé par l’ingénieur.

La corrélation entre coût du pétrole et chômage semble, relativement « solide », souligne Jean-Marc Jancovici. « Lorsque le prix du baril monte ou descend, le taux de chômage fait grosso modo de même trois ans après (en moyenne) avec une amplitude qui est cependant variable. » Un détail qui incite à la prudence : « si le pétrole était la seule cause possible de la hausse du chômage, il y aurait accord non seulement sur la tendance mais aussi sur l’amplitude », ce qui n’est pas le cas ici.

Il n’empêche. Peut-on s’attendre à une recrudescence du chômage avec cette nouvelle hausse du prix du pétrole ? Difficile à dire. L’auteur de l’article, lui, reste prudent. « Les corrélations s’observent a posteriori, et tant qu’une loi physique n’est pas établie par ailleurs, on ne peut établir de prévision définitive par simple extrapolation de ce qui a été observé. »

Pour d’autres, tenter même une comparaison est parfaitement ridicule. « On peut aussi trouver une corrélation entre le prix du pétrole et le prix du yaourt », s’agace Jean-Marie Chevalier, économiste et professeur à l’université Paris-Dauphine. « Il aurait fallu faire cette comparaison pays par pays. En France, le prix du pétrole ne reflète pas seulement le prix du baril mais aussi celui des taxes. » L’économiste est décidément peu convaincu. « L’an dernier, avec d’autres collègues, j’ai réalisé un rapport très sérieux pour le compte du Conseil d’analyse économique pour tenter de mesurer l’effet d’un prix élevé du pétrole sur l’économie française. Nous avons travaillé pendant plusieurs mois mais nous n’avons pas trouvé de corrélation. Alors en trouver une entre le pétrole et le chômage est très audacieux. »

« Les économistes feraient bien de prendre au sérieux les idées de Jean-Marc Jancovici, quitte à les critiquer et à les enrichir », réagit Jean Gadrey, professeur à l’université de Lille 1. Et l’économiste de nuancer l’analyse de l’ingénieur : « Jean-Marc Jancovici admet que les courbes “prix du pétrole” et “taux de chômage” ont quand même une allure assez différente à partir de la fin des années 1980. Manifestement d’autres facteurs interviennent et atténuent – sans la supprimer – la portée de sa thèse “pétroliste” du chômage. On a connu par exemple une bulle Internet et son éclatement semble avoir été assez peu lié au pétrole, tout comme celui de la bulle immobilière puis financière qui a conduit à la crise actuelle. »

Alors, sommes-nous promis à une nouvelle hausse du chômage ? Possible, si rien ne change, c’est-à-dire « à logique productiviste inchangée, à mode de consommation identique, à durée du travail constante, avec les inégalités actuelles, avec le même degré de domination de la finance actionnariale sur l’économie et la même dépendance aux énergies fossiles, et avec un Etat aux abonnés absents des politiques actives de l’emploi », précise Jean Gadrey. Mais tout espoir n’est pas perdu. « La possibilité de créer deux ou trois millions d’emplois en dix ans sans croissance et avec un pétrole cher existe à mon sens à condition de passer des “actions correctives” à la marge à des mesures de franche bifurcation. » conclut l’économiste.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas