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30-08-2012
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Sciences
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Quand la science infuse dans l’art

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« Max Gluskin House », d’Adam Zaretsky. Crédit photo : Adam Zaretsky

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« Max Gluskin House », d’Adam Zaretsky. Crédit photo : Adam Zaretsky

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« Sculptcure », de Michel Blazy. Crédit photo : adagp - Blazy

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« Plantimal Edunia », d’Eduardo Kac. Crédit photo : Eduardo Kac

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Le « Manteau d’Arlequin », d’ORLAN. Crédit photo : ORLAN

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« Disembodied Cuisine », du duo TC&A. Crédit photo : Axel Heise

 
Tendance forte actuelle, le « bioart » secoue galeries et musées en intégrant le vivant à la création. Moisissures, sang et ADN questionnent notre rapport aux nouvelles technologies.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous manquez de peps ? Marion Laval-Jeantet a peut-être une solution : vous faire injecter du sang de cheval ! L’an passé, en Slovénie, cette artiste, membre du collectif Art Orienté Objet, s’est fait faire une « transfusion équine » par son comparse Benoît Mangin. Nom de la performance : Que le cheval vive en moi. Lors de la représentation, l’artiste, juchée sur des prothèses pour imiter l’allure du cheval, a tenté d’établir la communication avec son donneur animal, présent dans la salle… Extravagante, cette démarche interpelle : en mêlant son sang humain à celui d’une bête, Marion Laval-Jeantet fait voler en éclats les frontières de l’anthropocentrisme et rappelle à l’homme ses origines animales. Bienvenue dans l’univers du « bioart » !

Toiles aux levures, steaks à base de cellules de grenouilles, exposition d’organismes génétiquement modifiés… Les adeptes de ce nouveau courant artistique ont troqué pinceaux et tubes de couleur pour jouer avec le « vivant », que ce soit une cellule, un organe ou même un organisme entier. Une lubie ? Pas vraiment. L’art a toujours évolué avec l’époque et les grandes questions qui la traversent. Aujourd’hui, le vivant est au cœur des débats : dans notre société « techno-scientifique », on s’interroge sur l’alimentation, la santé, le corps. Les artistes, eux, s’emparent de ces thèmes et leur donnent vie. Pour certains, le bioart est un moyen d’étendre leurs moyens d’expression, en utilisant de nouveaux ingrédients : moisissures, bactéries, prélèvements végétaux et minéraux… C’est le cas du Français Michel Blazy, qui laisse ses sculptures faites de matières « vivantes » – aliments, coton, sacs plastique – évoluer avec le temps… et se décomposer.

Lapine vert fluo

D’autres vont plus loin, quitte à faire exploser les frontières entre art et science. Pour manipuler cette nouvelle matière qu’est le vivant, ils poussent désormais la porte des laboratoires, s’initiant à la manipulation d’ADN ou s’essayant au clonage. Lieu de rencontre privilégié de ces apprentis, le laboratoire SymbioticA, lancé en 2000 par le duo TC&A au sein de l’école d’anatomie et de biologie de l’université de Perth, en Australie. Ici, on va parfois très loin. Les « livres » de la Canadienne Tagny Duff, fabriqués à partir de peaux humaines et porcines contaminées par une version non pathogène du virus HIV, en témoignent.

Dans ces ateliers-labos, la manipulation génétique reste le Saint Graal. C’est la spécialité de l’Américain Eduardo Kac. Une de ses dernières créations, Plantimal Edunia, est un pétunia qu’il a croisé avec son propre génome, afin que celui-ci s’exprime dans les veines rouges des grands pétales, « comme du sang ». En 2000, il défrayait la chronique, annonçant qu’il avait commandé à l’Institut national de la recherche agronomique une lapine transgénique. Sa particularité ? Elle était vert fluorescent, porteuse de la protéine que l’on trouve dans la méduse du nord-ouest du Pacifique. Un coup médiatique : l’Inra n’avait pas créé ce lapin pour lui, mais deux ans avant que l’artiste ne s’y intéresse.

Le débat, lui, était pourtant lancé : peut-on faire de la transgénèse comme on l’entend ? Autrement dit, introduire sans foi ni loi de nouveaux gènes dans des animaux de laboratoires ? L’ambition de ces nouveaux artistes est bien là : questionner. En touchant au processus fondamental de la vie et en créant des choses inimaginables, tel le Manteau d’Arlequin de la plasticienne française ORLAN – issu de la culture de cellules de peau d’ethnies et d’espèces différentes – ou en faisant pousser des oreilles à partir de cellules humaines, comme Stelarc, les artistes ébranlent. Peut-on tout créer ? Vers quel monde nous mènent les biotechnologies ? « De nombreux artistes sont préoccupés par ce que font les géants industriels à la biodiversité, en privilégiant certaines espèces ou en favorisant les monocultures, observe Louise Poissant, directrice du Groupe de recherche en arts médiatiques à l’université du Québec, à Montréal. C’est par exemple le sens du travail de Georges Gessert, dont l’esthétique nous bouscule immédiatement. » Cet artiste américain croise et sélectionne des fleurs pour leur faire acquérir un aspect difforme, à l’opposé du culte de la beauté et du tri du vivant entretenus dans nos sociétés. Son but ? Insuffler une réflexion sur cette forme d’eugénisme sous-jacent.

« Caviar humain »

Adam Zaretsky dérange aussi : dans son installation Workhorse Zoo, il s’enferme derrière une vitre avec des grenouilles albinos, des souris, des mouches, des vers et des levures – des espèces utilisées par les scientifiques – et se met, après une semaine d’exposition, à manger ses « compagnons », comme n’importe quel prédateur en quête de nourriture. Au-delà des innocents vêtements « sans victimes » – faits de tissus construits par des bactéries –, il existe aussi des bocaux d’ovules étiquetés « caviar humain ». Les bioartistes vont-ils trop loin ? L’un d’entre eux finira-t-il par défier les tabous – et la loi – en produisant un mutant animal ou humain ? Peu importe : le fait est que les technologies, elles, existent déjà bel et bien. Les créateurs ne font que les rendre visibles pour le grand public. A lui de jouer son rôle. —
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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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