Quand écologie rime avec paparazzi

Terra eco : pourquoi avez-vous décidé de lancer le blog Ecorazzi - dont le nom est un clin d’œil aux paparazzi - entièrement consacré au green gossip (ragot vert) et à Hollywood ?

Michael d’Estries : « Contrairement à ce que l’on pourrait imaginé je ne vis pas à Hollywood mais à Ithaca, petite ville de l’État de New York et Rebecca Carter, qui a fondé le site avec moi, vit à Miami en Floride. A l’époque j’avais déjà lancé Groovy Green, un site consacré à l’environnement, mais avec Rebecca, nous avons simplement jugé qu’un blog alliant people et écologie pourrait jouer un rôle éducatif. Le public est aujourd’hui obsédé par les célébrités et nous nous sommes dits que créer un blog consacré aux stars vertes et philanthropes serait un bon moyen de les éduquer sur la nécessité de défendre l’environnement. Le public assoiffé de ragots concernant Brad Pitt, Angelina Jolie ou Leonardo DiCaprio pourrait donc découvrir que leurs stars préférées militent également pour l’environnement ou la défense des opprimés. Ce blog nous a permis de cibler un nouveau lectorat (la plupart de nos visiteurs ont entre 18 et 34 ans) et nous avons aujourd’hui une équipe de reporters sur le terrain et sur le web dont la mission est de collecter et diffuser des green gossips. »

Aujourd’hui, presque toutes les stars se disent vertes. Selon vous, être vert pour les pipoles est-il un phénomène de mode ou un engagement à long terme ?

« Lorsque j’ai lancé le site en 2006, “Une vérité qui dérange”, le documentaire d’Al Gore, sortait sur les écrans. L’année suivante, le film a été consacré par Hollywood en recevant l’Oscar du meilleur documentaire. A cette époque un grand nombre de stars ont commencé à s’engager pour la défense de l’environnement. Mais il est vrai qu’être vert relevait plus du phénomène de mode, même si je ne remets pas en question la sincérité des stars. Les célébrités sont constamment sollicitées pour devenir les porte-parole d’associations écolos ou d’organisations humanitaires, mais aujourd’hui si elles ne pratiquent pas ce qu’elles prêchent, elles sont beaucoup moins crédibles. Quand un Leonardo DiCaprio parle du réchauffement climatique comme une menace pour la planète ou quand il s’associe au WWF pour sauver les tigres, on sent qu’il sait de quoi il parle et qu’il a investi du temps et de l’argent sur le sujet. Ce qui me séduit avec Leonardo DiCaprio c’est qu’il n’essaye pas d’inculquer aux gens un sentiment de culpabilité et qu’il explique les enjeux de manière très simple. Lorsque Brad Pitt parle d’architecture verte et construit des maisons vertes pour les déplacés de Katrina à la Nouvelle-Orléans, on sent qu’il a une passion pour le sujet. George Clooney s’est mobilisé pour attirer l’attention sur la guerre civile au Darfour en joignant l’acte à la parole (avec la bande de “Ocean’s 11”, l’acteur a notamment créé une association - “Not on our Watch” - destinée à sensibiliser le grand public). En revanche, s’il est propriétaire d’une Tesla (le roadster électrique), il s’engage pour des causes humanitaires plutôt que pour le climat car je l’ai entendu dire un jour qu’il réalisait qu’il voyageait trop et qu’il contribuait donc au problème du réchauffement climatique. Je trouve cette honnêteté rafraichissante. Sean Penn s’est engagé en Haïti en montant un camp de réfugiés et en s’installant sur place. Citons enfin James Cameron, dont le film Avatar est devenu culte et qui traitait de thèmes environnementaux : récemment il s’est rendu au Brésil en compagnie d’Al Gore pour participer à une conférence environnementale et protester contre l’installation d’un barrage en Amazonie ».

On a l’impression qu’Hollywood ne s’est pourtant pas vraiment mobilisé au lendemain de la marée noire dans le Golfe du Mexique, alors qu’il s’agit d’un désastre écologique qui a lieu près de chez eux (si ce n’est peut être Kevin Costner qui a vendu des machines mangeuses de pétrole à BP)....

« Il est vrai qu’au début les stars ne se sont pas vraiment mobilisées. Le premier téléthon organisé par Larry King sur CNN pour aider les victimes de la marée noire a réuni des stars telles que Sting, Cameron Diaz ou Justin Bieber mais il ne s’est tenu que le 21 juin , soit deux mois après le début de la marée noire et 1,8 million de dollars ont été collectés au cours de cette soirée, une somme bien inférieure à celle levée pour Haïti (Larry King avait levé 5 millions de dollars pour Haïti et Hollywood s’était mobilisé dès l’annonce du tremblement de terre). Kevin Costner a un intérêt commercial puisqu’il s’agissait de vendre ses machines. Cela dit, le cas de Kevin Costner illustre parfaitement ce dont je parlais précédemment. Les stars qui s’engagent en faveur de l’environnement le font avec passion et pas simplement par intérêt bien compris. Voilà des années que Kevin Costner investit sur ces machines qui aident à nettoyer les marées noires. Je pense qu’Hollywood ne sait pas très bien comment lever des fonds pour les victimes de la marée noire alors que BP est censé payer la facture et indemniser les victimes, ce qui explique les hésitations du début. »