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1-09-2010
Mots clés
Politique
Energies
France

Quand de Villiers retouche les éoliennes sous Photoshop

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Quand de Villiers retouche les éoliennes sous Photoshop
(Crédit photo : Guillaume Paumier)
 
Le président du Conseil général de Vendée s'oppose au projet de parc éolien marin « des deux îles », entre Noirmoutier et l’Ile d’Yeu. C’est son droit. Mais de là à publier un photomontage bidon dans le journal du département...
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Quand Philippe de Villiers mène une croisade, tous les coups sont permis, y compris l’intox. Pour marquer son opposition au projet de parc éolien marin entre Noirmoutier et l’Ile d’Yeu, voici la photo que le Conseil général de Vendée, dont il est le président, n’a pas hésité à publier dans son journal daté du 26 avril 2010 (1) sous le titre « L’éolien en mer ou l’océan défiguré » :

Impressionnant… Sauf qu’il s’agit d’un photomontage – pour tout dire assez grossier – destiné à effrayer le quidam. Sous la photo, la légende précise : « Le projet d’éolien offshore en Vendée, verrait, s’il aboutit, ce genre de paysage obstrué par cent éoliennes ». La société WPD, porteuse du projet, aurait préféré que le Conseil général de Vendée explique comment son service de communication s’y est pris pour réaliser cette image. Car l’emplacement du futur parc éolien y est inexact, les éoliennes sont positionnées en pagaille et en dépit du bon sens pour exagérer leur impact visuel et la photo est comme prise au téléobjectif… D’après un document très détaillé élaboré par WPD, voilà à quoi devrait réellement ressembler le parc éolien offshore « des deux îles », vue de la pointe de l’Ile d’Yeu :

- vue d’ensemble à 180° (la flèche signale la balise des Chiens-Perrins au premier plan sur le photomontage du Conseil général de Vendée)

- détail (on aperçoit le parc éolien des deux îles au fond, sous l’accolade) :

Une précision encore : cette photographie a été prise avec appareil 24x36 et une focale de 50mm, vision la plus proche de l’œil humain, avec des déformations et des perspectives identiques. Selon Pascal Berzosa, directeur général adjoint du Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée, qui se base sur son expérience de l’éolien et les photographies de parcs offshore existants, le montage de WPD est « parfaitement crédible ».

Vents contraires

On aurait aimé comprendre les raisons profondes de l’opposition de Philippe de Villiers au projet de parc éolien des deux îles, mais malgré nos nombreuses relances, celui-ci n’a pas souhaité répondre aux questions de Terra eco. On s’en tiendra donc aux arguments développés dans l’article du Journal de la Vendée. Sont évoqués pêle-mêle « les ravages » sur les fonds marins qu’occasionnerait l’installation d’une centaine d’éoliennes, « la modification des courants » ou l’impact sur la faune marines (poissons, oiseaux, etc.)… Des sujets de préoccupation réels et d’ailleurs largement débattus par tous les acteurs concernés, pêcheurs en tête. Mais la défiguration du paysage reste la pièce maîtresse de l’argumentation. Pour marquer plus encore les esprits, le journal reproduit une infographie signée Jean-Pierre Huguet, le président de l’association « Non aux éoliennes entre Noirmoutier et Yeu », comparant la taille de éoliennes à celle de la tour de Bretagne à Nantes (144 mètres) ou de la tour Montparnasse (210 mètres). « La Vendée ne veut pas devenir un champ d’éolienne », conclut l’article avant d’en appeler « au développement du solaire et de la géothermie qui ne défigure pas le paysage. »

Ces arguments laissent pantois Brice Cousin, chef du projet des deux îles chez WPD. « Oui, c’est vrai, les éoliennes, c’est vertical, donc une fois qu’elles sont installées, on les voit. Mais ce parc sera le plus au large possible : à 21 km du continent et à 13 km de l’Ile d’Yeu, c’est une configuration exceptionnelle en France (le parc offshore de Normandie n’est situé, lui, qu’à 6 km des côtes par exemple, ndlr). A cette distance, il y a une faible emprise sur l’horizon, d’autant que sur le littoral, vous avez une vision à 180° et que le parc ne sera visible que sur 20° à 30°, donc il n’y pas d’effet de barrière. Notre parc ne va pas boucher l’horizon, et encore, si on tient compte des conditions météo locales, le parc sera invisible un jour sur 3. »

WPD, leader de l’éolien offshore, comprend d’autant moins l’opposition de Philippe de Villiers que celui-ci lui avait réservé un accueil plutôt favorable au démarrage du projet, en 2007, lorsque le développement de l’éolien faisait encore partie du projet politique du MPF (Mouvement pour la France) qu’il dirige. (2) Ce qui est bon pour la France ne le serait-il plus pour la Vendée ?

Arbitrage politique

Mais au final, ce n’est pas le Conseil général de Vendée qui aura le dernier mot et donnera ou non son feu vert – probablement avant la mi-septembre – mais bien l’Etat. L’éolien terrestre ayant un peu de plomb dans l’aile depuis que les parlementaires l’ont malmené lors du vote du Grenelle II et le gouvernement compte bien se rattraper avec l’éolien offshore pour atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement. Le lancement imminent d’un appel d’offres visant à construire quelque 600 éoliennes au large des côtes françaises, pour un investissement public de 10 milliards d’euros, a d’ailleurs été confirmé la semaine dernière.

Déjà, le ministère de l’Ecologie a demandé aux préfectures de mener une concertation pour définir les zones les plus propices (voir notre carte). Le hic, c’est que le préfet des Pays de la Loire n’a pas classé la zone « Sud Loire » – celle qui concerne le projet des deux îles – comme « zone prioritaire » mais comme « zone éventuelle ». Une décision dont s’est ému Jacques Auxiette. Le président du Conseil régional estime que sa région a besoin des deux projets de parcs éoliens offshore – celui des deux îles en Vendée et celui, a priori mieux parti, de la société sur le banc de Guérande en Loire-Atlantique – pour notamment « diversifier sa production énergétique et tendre vers une plus grande autonomie alors que le réseau de transport électrique du territoire est fragilisé par son éloignement des sources de production ».

L’enjeu est de taille. Outre les 600 mégawatts de puissance visée par la ferme éolienne des deux îles, soit de quoi fournir en électricité l’équivalent de 700 000 foyers, les industriels estiment que la construction de ce parc pourrait localement créer 350 à 500 emplois pendant trois ans. Une aubaine pour les villes portuaire en pleine reconversion comme Saint-Nazaire, non loin des plages de Vendée. La Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Nazaire, les chantiers naval STX et le cluster d’entreprises Neopolia (3) l’ont rappelé à François Fillon, dans une lettre commune, et sans photomontage, qu’il lui ont adressé au début de l’été.

A lire aussi sur Terra eco :
- notre reportage « Voyage au pays de l’éolien offshore »


(1) Diffusé dans toutes le boîtes aux lettres du département.

(2) Proposition 295 du projet politique du MPF, au chapitre « La ruralité, le développement durable et les territoires » : « Multiplier par 4 à l’horizon 2020 la quantité d’énergie (chaleur, carburant, électricité) issue de ressources renouvelables : l’énergie éolienne, l’hydraulique, le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, les biocarburants, la biomasse et la géothermie. La part des énergies renouvelables passerait ainsi de 10% aujourd’hui (dont 90% de chauffage au bois et d’électricité hydraulique) à 40% en 2020 ».

(3) Un réseau régional qui regroupe 90 entreprises et représente plus de 9 000 emplois dans l’industrie du pétrole et des transports.


Appel à nos lecteurs

Vous aussi vous avez pris en flagrant délit d’intox des anti-éoliens primaires ? Faites-nous part de vos découvertes, en m’écrivant ci-dessous (bouton vert). Terra eco mènera l’enquête. A suivre !

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  • Si on ne connait pas les lieux, ce qui est le cas pour une grande majorité d’entre nous, une photo aura toujours un effet un peu trompeur.
    Par contre, nous pouvons tous nous rendre compte réellement de la taille relative de l’objet par le calcul !!!

    Prenons le cas extrème d’une grande éolienne, 150 m, à une distance proche, 10 km, soit 10 000 mètres. Elle fait donc un angle de 150/10 000 = 0,015 radians, soit moins de 1 degré, sachant qu’il y a 57° environ pour 1 radian.

    Et que représente moins de 1° ? On apprend dans la marine que le poing, bras tendu, fait environ 11° (la manière de déterminer un ’quart’, sachant qu’ils y en a 8 pour un angle droit, soit 90°). Ces comme cela que l’on se rend compte que ’moins de 1°’, cela se cache derrière l’ongle de votre petit doit, et même la moitié de l’ongle, et cela pour la plus grosse éolienne à une distance plutôt faible de seulement 10 km !

    Et encore, comme l’indique l’article, il faut qu’il fasse beau et être en hauteur, sur une falaise par exemple. Sur la plage, au raz de l’eau, du fait que la terre est ronde, tout le bas de l’éolienne vous est caché.

    Conclusion : Chacun d’entre nous peut se rendre compte par le calcul que les "anti-éoliennes" nous mentent effrontément !

    4.09 à 11h04 - Répondre - Alerter
    • Il y a par ailleurs un point dont peu de personnes prennent la dimension (c’est le cas de le dire) : en mer, les éoliennes sont éloignées les unes des autres d’une distance d’1 kilomètre environ.

      Et alors ? Et alors je dis juste cela pour éviter qu’un hurluberlu nous annonce qu’il faut combattre les éoliennes parce que les voiliers vont se prendre les quilles dans le tapis... (dans le Tapie ?)

      4.09 à 11h11 - Répondre - Alerter
  • merci de cette initiative qui permet de contrebalancer la vision du mpf dont on souffre ici (je suis vendéen) et pas seulement sur l’éolien
    il faut avouer que là c’est tellement gros ! il nous prend pour des veaux mais j’ai bien peur que son attitude soit influente sur beaucoup de gens

    4.09 à 10h04 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Je suis vraiment choqué de la réaction de cet élu concernant l’installation d’un parc d’éoliennes.
    En tant que responsable politique et gestionnaire de sa région, M. de VILLIERS se doit, en bon gestionnaire, d’anticiper l’avenir pour guider la population qu’il administre.
    Sa persistance à ignorer le défi majeur qu’aura à affronter notre civilisation pour le 1/2 siècle à venir, concernant le manque d’énergie prévu, est un comportement totalement indigne d’un élu.
    Il devrait réviser l’histoire, et méditer le drame qui a eu lieu sur l’île de Pâques, que l’on a pu reconstituer avec nos connaissances du 20ème siècle. Si les chefs de ce petit peuple, confiné sur cette ile perdue au milieur du pacifique, ignoraient les conséquences engendrées par leur comportement sur le milieu naturel, nos responsables actuels ne peuvent pas dire, et ne pourront pas dire "nous ne savions pas"....

    Les individus comme lui mêment leur peuple à leur perte et ne méritent pas la confiance qui a été placée en eux.

    2.09 à 17h35 - Répondre - Alerter
  • ce genre de pratique devrait être systematiquement combattue au legal ou via les média pour les discriditer comme c’est fait ici (mais encore un peu confidentiel).

    Chacun peu avoir des idées mais utiliser l’argent public pour faire passer un faux message contre des projets eux aussi plutot publics ; on marche sur la tête.

    Et on n’est plus sur un "simple" débat d’ecologie.

    2.09 à 12h11 - Répondre - Alerter
  • A lire sur le site de la DREAL : http://www.pays-de-la-loire.develop...

    Et en particulier : http://www.pays-de-la-loire.develop...

    "A cette occasion, les représentants des pêcheurs ont précisé deux points :
    - leur accord de principe pour la création d’un parc éolien correspondant à la
    taille d’un projet du type de celui porté par la société WPD Offshore
    (zone
    d’une superficie maximale de 100 km²),
    - si les pêcheurs n’expriment pas d’opposition de principe à la création d’un
    parc éolien plus au nord (de l’ordre de 80 km²), ils se refusent, en l’état actuel
    des choses, à donner leur accord
    ."

    "A l’issue de la deuxième réunion de concertation, le préfet de région a proposé
    de retenir deux zones propices au développement de l’éolien planté au large
    des Pays de la Loire."

    La classification de la zone vendéenne en "éventuelle" n’est donc pas du fait du préfet de région...

    1er.09 à 23h06 - Répondre - Alerter
    • Julien Kostrèche : Vous avez raison

      C’est bien le gouvernement qui a reclassé en avril dernier, à l’issue des concertations menées par les préfectures, les 11 sites potentiels pour l’éolien offshore en 8 zones "prioritaires" et 3 zones "éventuelles".

      Ce classement n’est d’ailleurs pas définitif, puisque de nouvelles concertations auprès des acteurs locaux (en particulier les pêcheurs), demandées par le Ministère, sont en cours.

      Merci pour ces précisions.

      Julien Kostrèche, rédacteur en chef, terraceo.net

      2.09 à 15h11 - Répondre - Alerter
      • La concertation "complémentaire" est terminée et confirme la première. Reste à savoir pourquoi le gouvernement passe outre le résultat de la concertation locale. Il y a des hypothèses mais elles sont ... politiques.

        2.09 à 21h44 - Répondre - Alerter
  • blogcpolitic : Photoshop Amateur !

    Il dira qu’il ne sait pas utiliser photoshop...tellement facile !

    Au fait, il est bien silencieux le De Villiers sur la politique sécuritaire de son principal bailleur de fonds, l’UMP !

    1er.09 à 16h24 - Répondre - Alerter
    • Je trouve que votre photo certifiée réelle n’est guère moins impactante que celle du conseil général de vendée. (par ailleurs tout aussi fausse, puisque le parc n’existe pas. Ce n’est pas parce que De Villiers est une caricature que votre argument devient valable. Vous aimeriez voir ça partout en mer, vous ? Et pour quoi faire, toujours plus d’énergie ? Quand au nom de la planète, on se met à la saccager (et pas que visuellement), on peut se dire qu’il y a un truc qui déconne.

      2.09 à 11h15 - Répondre - Alerter
  • bendboi : la mauvaise foi

    Ces histoires de montages photos crééent pas mal de débat. Comment être sur que les simulations faites par le promoteur soit la future réalité. Ce qui est rassurant c’est que ces dernières montrent qu’on voit les éoliennes, le promoteur ne cherche donc pas à les cacher.
    Ce photo montage de De Villiers rappelle ce que la FED a fait contre le projet de parc éolien en mer au large du Mont-Saint-Michel avec le même genre de photo montage. La mauvaise foi et la façon de manipuler la peur des anti-éoliens font froid dans le dos.
    Un autre projet de parc éolien en mer reçoit les foudres des antis, il s’agit du parc éolien en mer des deux côtes au larges de Dieppe. Le débat public à propos de celui-ci touche bientôt à sa fin, si vous souhaitez être informés des débats et soutenir ce projet cliquez ici http://www.facebook.com/pages/souti...

    1er.09 à 15h30 - Répondre - Alerter
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