L’environnement ne fait pas partie de leur ADN politique, mais ils ont planché sur le dossier. Constatant que l’environnement était à la mode et qu’il disposait d’un héros médiatique en la personne de Nicolas Hulot, les présidentiables se sont entourés de sherpas verts et ont travaillé leur copie pour la campagne 2007. Chacun des quatre candidats principaux propose des mesures « environnementalement » correctes.
Aucun d’entre eux ne situe ces problèmes au-dessus des autres. Tout juste consentent-ils à s’y intéresser. Jean-Marie Le Pen s’en contrefiche, estimant que son électorat ne peut pas être réceptif à ces questions. Quant à Nicolas Sarkozy, même entouré d’une excellente conseillère en la matière – Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne –, il considère l’insécurité, le chômage et la croissance plus porteurs. A contrario, Ségolène Royal et François Bayrou se sont respectivement entourés de l’ancien patron de Greenpeace – Bruno Rebelle – et d’une ancienne ministre de l’Environnement – Corinne Lepage – pour crédibiliser leur discours et rendre une copie acceptable.
Nicolas Hulot, crédité début janvier de 11 à 15% d’intentions de vote au premier tour, a sérieusement perturbé la routine pré-électorale et mobilisé plus de 700 000 personnes autour de son Pacte écologique. Les candidats traditionnels ont dû lui emboîter le pas et se résoudre à signer le manifeste du président de la fondation éponyme. En levant l’hypothèse de sa candidature, Nicolas Hulot a fait retomber le soufflé « environnement en campagne ». Tout en restant vigilant.
Notation et encre rouge
Car Hulot n’est que la tête de pont d’un mouvement associatif bien déterminé à forcer les politiques à se prononcer sur les différents dossiers écologiques : biodiversité, agriculture, pollution, climat, fiscalité… L’Alliance pour la planète, fédération d’ONG écologiques comme Greenpeace ou le WWF, a noté les programmes des candidats. Sans surprise, Dominique Voynet avec la note de 17,5/20 arrive en tête. Ségolène Royal se distingue avec 16/20 – elle était à 13/20 le 12 décembre 2006 lors de la première notation – François Bayrou obtient, lui, 13/20. Quant aux copies de Nicolas Sarkozy (8,5/20) et de Jean-Marie Le Pen (6/20), elles sont truffées d’encre rouge.Mais il ne faut pas se leurrer, l’écologie intéresse les Français à la marge. Dans la dernière livraison du baromètre de la vie politique française, réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), il apparaît que le problème le plus préoccupant reste, de loin, le chômage pour 31 % des Français, puis viennent les inégalités pour 12 % et la hausse des prix pour 11 %. L’environnement ne figure qu’en 6e position avec 7 % des opinions. Il y a six mois, le thème semblait fondamental pour 3 % des Français seulement. La progression est faible, mais elle existe.
Terra Economica a épluché les chapitres « verts » des programmes des candidats et fait expertiser quelques mesures phares. De quoi réaliser, dans ce brouhaha médiatique, que « cette campagne est tout de même riche d’engagements en matière d’environnement », comme l’a reconnu récemment Nicolas Hulot, consensuel et beau joueur. Mais les engagements, comme les promesses, n’engagent-ils que ceux qui y croient ? Rendez-vous le 6 mai. Monsieur Hulot, lui, est parti en vacances.
La belle copie des écologistes
Dominique Voynet peut s’enorgueillir d’avoir rendu une copie parfaite en matière d’environnement, mais c’est bien le moins pour la candidate qui prône la révolution écologique. Sitôt élue, l’ancien médecin anesthésiste suspendrait les travaux de construction de l’EPR, futur réacteur nucléaire d’EDF prévu à Flamanville (Manche). Elle s’engagerait en faveur d’un moratoire sur les essais de cultures transgéniques en plein champ, ainsi que sur la construction de nouveaux incinérateurs et d’autoroutes. Elle viserait aussi la fermeture de toutes les centrales nucléaires françaises d’ici à 2030. Pour atteindre le Facteur 4, c’est à dire la division par 4 de nos émissions de CO2 en trente ans (-20 % les cinq premières années), la candidate des Verts veut lancer la réhabilitation énergétique de 500 000 logements par an et l’équipement de 250 000 bâtiments en panneaux solaires par an. Côté transports, elle souhaite mettre en place une taxe carbone modulable selon les consommations de pétrole. Les voitures disposeraient d’une vignette auto sur le modèle du « bonus-malus » : bonus pour les petits véhicules propres, malus pour les grosses cylindrées et les 4 x 4.
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