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27-04-2009

Pourquoi l’emploi vert végète

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Le monde se relèvera par le vert. Plusieurs Etats et économistes y croient dur comme fer. Mais à l’heure de sortir les billets verts, il n’y a plus grand monde autour de la table. Les « green jobs » se seraient-ils déjà plantés ?
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Ils n’ont que ce mot à la bouche ! A l’heure où le monde panse les plaies de la finance, les gouvernements promettent tous de donner un coup de fouet aux emplois verts, ces métiers qui, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), « contribuent à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement ». Traitement des déchets, assainissement des eaux, énergies vertes, « cleantechs », écoconstruction… Ces secteurs, longtemps ignorés des pouvoirs publics, se trouvent soudain parés de toutes les vertus !

Barack Obama va ainsi mettre sur la table une centaine de milliards de dollars – environ 74 milliards d’euros – dans les dix années à venir pour créer, affirme-t-il, 500 000 emplois de green collars (« cols verts ») immédiatement, et 5 millions à terme. Il s’agit notamment d’adapter aux normes environnementales 2 millions de logements et le réseau électrique. Pour relever ce défi, le président américain a choisi un activiste écolo de la première heure comme conseiller spécial. Van Jones est le fondateur de Green For All, organisation qui propose formations et emplois verts aux plus pauvres.

La Corée du Sud annonce, elle, le lancement d’un plan pour la création de presque un million de green jobs. Londres et Ottawa tablent, eux, sur 400 000 chacun, tandis que Paris en promet entre 80 000 et 100 000 dans les années qui viennent et 535 000 d’ici à 2020. Avant la crise, l’OIT prédisait déjà que le marché mondial des produits et services environnementaux – aujourd’hui 1 020 milliards d’euros – allait doubler dans la prochaine décennie. Rien que dans les pays du Nord, la rénovation écologique des bâtiments devrait générer 2 à 3,5 millions d’emplois verts supplémentaires. Et 20 millions de postes devraient voir le jour dans les énergies renouvelables.

Pas assez ambitieux

Bref, à première vue, c’est une cascade de postes verts qui va s’abattre sur le monde. Pas faux, mais il faut regarder les chiffres avec précaution. Pour faire face au changement climatique, nombre de personnalités pensent qu’il faudrait se montrer bien plus ambitieux : le secrétaire général des Nations unies a demandé aux Etats de consacrer un tiers des sommes de leurs plans de relance aux questions écologiques. Plus réaliste, Nicholas Stern, auteur du célèbre rapport sur le réchauffement climatique, a préconisé 20 %.

Qu’en est-il en réalité ? Selon une étude de la banque britannique HSBC, 15,6 % seulement des 2 100 milliards d’euros dépensés à travers le monde en subventions et réductions fiscales dans le cadre des plans de relance ont des objectifs verts. Cela correspond certes à la somme rondelette de 324 milliards d’euros – plus que les recettes globales de la France –, mais l’effort aurait pu être plus conséquent. « En Grande-Bretagne, les aides au secteur vert représentent 0,0083 % du PIB !, s’indigne Ruth Potts, de la New Economics Foundation, un think tank écolo et social. C’est 22 fois moins que ce qui a été versé à l’industrie automobile ! » Même son de cloche en France où, selon Eloi Laurent, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « la tentation est encore forte de privilégier les investissements dans l’" économie grise " plutôt que dans la verte pour répondre à l’urgence de la récession ». Et le constat vaut pour la plupart des pays.

Guerre des lobbies

Sur le papier, l’économie verte n’affiche que des avantages : elle ouvre de nouveaux marchés, procure des emplois locaux, à la fois qualifiés et peu qualifiés, tout en faisant face aux exigences climatiques. Seulement, créer des emplois verts représente un choix politique. Et selon l’OIT, c’est là où le bât blesse : « Une grande partie des financements publics découragent au lieu de favoriser l’écologisation de l’économie et les emplois verts ». En clair, ils vont toujours aux énergies fossiles ou à l’agriculture productiviste dont les lobbies sont bien plus puissants que ceux du solaire ou du bio.

Quant à l’investissement privé, il n’existe pas sans encouragement public. Ainsi, en 2006, la France a déboursé 36,2 milliards pour sauvegarder son environnement. Mais si cette protection est financée à égalité par les entreprises, les administrations et les ménages, l’initiative, dans les deux tiers des cas, revient à l’administration. Autre exemple : près de 140 000 emplois dans le BTP vert ont été créés en Allemagne entre 2001 et 2006. Ils n’auraient pas vu le jour sans les 3,9 milliards d’euros de subventions, qui ont stimulé 11 milliards d’euros d’investissements privés.

« Rien pour la formation »

Pourquoi ce volontarisme n’a-t-il pas d’équivalent de ce côté-ci du Rhin ? Parce que la révolution des emplois verts est plus facile à proclamer qu’à réaliser. « Ils demandent soit très peu de qualifications, soit beaucoup. Il n’y a guère d’entre-deux », analyse Bruno Franc, directeur de l’association Dynamique d’information et de formation sur l’environnement et le développement durable (Difed).

Or, les très qualifiés et les non-qualifiés constituent les métiers les plus durs à pourvoir. Les premiers parce que les compétences font défaut ; les seconds, parce que les candidats les fuient ! « On constate, par exemple, que le personnel capable manque cruellement dans l’écoconstruction, souligne Eloi Laurent. Le Grenelle de l’environnement prévoit d’y consacrer plus de 200 milliards, mais rien pour la formation ! » Un comble, alors que les facs pullulent d’étudiants en « protection de la nature » ou « aménagement du territoire » qui pointent au chômage une fois leur diplôme en poche. « Contrairement à l’Allemagne, la France est en train de manquer ce gisement d’emplois à cause de décennies de mépris pour l’enseignement technique », insiste Eloi Laurent. Cela pourrait être le nouveau slogan du Président : travailler plus vert pour gagner plus !

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