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Pourquoi consomme-t-on toujours plus de charbon ?

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Pourquoi consomme-t-on toujours plus de charbon ?
(Jen SFO-BCN - Flickr)
 
C'est l'énergie la plus utilisée et la plus polluante. Facilités d'approvisionnement et bas coûts sont la clé de ce succès... intenable pour la planète.
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Penser que le charbon est une énergie du passé est faux. L’âge d’or de cette énergie fossile, c’est maintenant. Mais pourquoi ? Au plan mondial, le pétrole domine encore mais, dans les pays du G20, c’est désormais le charbon qui mène la danse. C’est ce que révèle Enerdata, bureau d’études grenoblois spécialiste du marché de l’énergie, dans son Panorama énergétique mondial 2013 publié à la fin du mois de mai.

Selon ses calculs, en 2008, le charbon représentait 27% et le pétrole 35% de l’énergie consommée dans les pays du G20. Cinq ans plus tard, le rapport s’est inversé, avec la roche sédimentaire qui grimpe à 34% et le liquide noir qui décélère à 29%. Le gaz, quant à lui, reste stable, à 20%. Une situation « intenable » rappelait mi-mai la patronne de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Maria van der Hoeven. Car le charbon est l’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre. « Plus de 60% de la hausse des émissions mondiales de CO2 depuis 2000 vient de la combustion du charbon pour produire de l’électricité et de la chaleur », a rappelé l’AIE dans un récent rapport. Pourquoi les pays les plus développés font-ils ce choix qui pèsera sur les générations futures ?

Tous les pays ne sont pas retournés au charbon

Une nuance pour commencer : tous les pays du G20 n’ont pas recours au charbon dans les mêmes proportions. Dans certains pays d’Europe (Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Roumanie), il a même tendance à baisser au profit des énergies renouvelables. Aux Etats-Unis, la demande de charbon connaît un regain (+ 3,9%, contre -10,7% en 2012 d’après Enerdata) consécutif à l’augmentation des prix du gaz. Mais les plus gros consommateurs sont ceux où le secteur de la sidérurgie croît le plus et où la demande en électricité explose.

Loin devant, on trouve donc la Chine (qui engloutit actuellement la moitié du charbon extrait dans le monde et est responsable de 80% de la croissance de la consommation de ce combustible !), suivie de l’Inde et de l’Indonésie. « On peut y ajouter aussi la plupart des autres pays d’Asie du sud-est et l’Afrique du sud, et on voit aussi désormais apparaître au Moyen-Orient », précise Jean-Marie Martin-Amouroux, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique et auteur de Charbon : Les métamorphoses d’une industrie (Editions Technip, 2008).

Aucun risque de pénurie ni d’approvisionnement

On retire de la terre chaque année environ 7 milliards de tonnes de charbon. « On peut tranquillement passer tout le siècle en gardant ce rythme, voire en l’accélérant car les compagnies charbonnières ont identifié 1000 milliards de tonnes en réserve. Mais des géologues estiment qu’il y aurait en tout 20 000 milliards sur toute la planète », rappelle Jean-Marie Martin-Amouroux. Cette répartition du minerai du Botswana à la Mongolie en passant par l’Allemagne permet « une diversification des sources d’approvisionnement et donc une sécurité », abonde Nathalie Desbrosses, responsable analyse des marchés chez Enerdata. De plus, souligne-t-elle, le charbon est facile à transporter par camions et bateaux. Ce qui met à l’abri des conflits liés à l’acheminement du pétrole et du gaz par pipelines. Le charbon est une énergie considérée comme « géopolitiquement sûre » par l’Agence internationale de l’énergie.

Une énergie a priori vraiment peu chère...

« Il n’y a pas de source d’électricité meilleur marché que les centrales thermiques alimentées au charbon », rappelle le chercheur du CNRS qui y voit une explication du doublement de la demande dans les pays émergents en dix ans. Les coûts d’extraction ont chuté puisque, désormais, les mines sont à ciel ouvert et non plus souterraines.

En Europe aussi, le charbon est bon marché par rapport au gaz, dont le prix est indexé sur celui du pétrole. Par ailleurs, l’essentiel du charbon consommé en Europe est importé d’Afrique du sud, de Colombie, de Russie mais aussi, désormais, des Etats-Unis. « Le choix des Etats-Unis d’exploiter du gaz de schiste a conduit à la fermeture de nombreuses centrales thermiques à charbon. Mais on continue à extraire chaque année environ un milliard de tonnes de charbon, vendu à l’Europe à des prix ultra compétitifs », souligne Jean-Marie Martin-Amouroux. Ajoutons à cela que le marché européen des crédits carbone, qui facture la tonne de CO2 émise à six euros environ, n’incite en rien les gros émetteurs à se tourner vers des énergies alternatives au charbon.

… Mais dont les vrais coûts sont cachés

Mais est-ce vraiment si bon marché ? Selon des chercheurs de Harvard, si l’on inclut son coût sur la santé urbaine (asthmes, cancers et morts prématurées) et ses effets néfastes sur l’environnement, le charbon coûte à l’Amérique jusqu’à 500 milliards de dollars (366 milliards d’euros) par an. « Si on prend toutes les externalités négatives du charbon sur la santé et l’environnement, son coût global serait supérieur à celui du gaz », calcule Nathalie Desbrosses.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Obama a annoncé samedi 31 mai vouloir limiter les émissions des centrales juste après avoir rendu visite à de jeunes asthmatiques. Ce lundi, l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement a dévoilé de nouvelles normes anti-pollution : les émissions du millier de centrales fonctionnant aux énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) devront baisser de 30% d’ici à 2030 par rapport à 2005. Si l’on sait aujourd’hui faire des centrales qui suppriment la plupart des saletés des fumées avant qu’elles n’atteignent l’air libre, reste le problème du CO2 dont le captage puis le stockage « doubleraient le prix actuel du kWh thermique », calcule le chercheur.

Voilà qui pèserait lourd sur les factures. Mais il va bien falloir décider ce que l’on veut en cette période de lourds changements climatiques et alors que les émissions de CO2 ont encore augmenté de 2% en 2013. Une partie de la solution est dans le développement des énergies renouvelables, qui passe par une politique de soutien à ces énergies propres. Comme le résume Nathalie Desbrosses, « tout est une histoire de volonté politique ».




A lire aussi sur Terraeco.net :
- Lire aussi notre dossier sur le charbon bombe écologique

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  • Les réserves de charbon commencent à s’épuiser. C’est comme pour le pétrole et le gaz.

    De même, la production de charbon dans le monde va passer par un maximum dans une vingtaine d’années.

    http://energeia.voila.net/fossile/charbon_declin.htm

    Les ressources, à la différence des réserves, n’ont pas grande signification : on n’ira jamais extraire du charbon se trouvant à 3.000 mètres de profondeur dans des veines de 30 cm d’épaisseur.

    En France, nous avons encore beaucoup de charbon (et d’uranium), mais les mines ont fermé dans les deux cas et nous n’irons jamais chercher ces ressources trop coûteuses à exploiter.

    Dans certaines régions du monde, produire de l’électricité éolienne ou solaire commence à concurrencer l’électricité à base de charbon ou de gaz.

    5.06 à 12h46 - Répondre - Alerter
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