People, catastrophe et écologie

Tout d’abord, merci à Lucas Armati, de Télérama.fr d’attirer notre attention sur une étude très opportune de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) [1], consacrée à la place de l’environnement dans les journaux télévisés du soir, de 1996 à 2007.

Cette étude (téléchargeable ici au format PDF) rapporte que l’environnement a occupé 5,5% du temps de diffusion des journaux télévisés du soir des 6 chaînes nationales hertziennes, au premier semestre 2007. Au total, 865 sujets ont occupé 20 heures de temps de diffusion. « En lui réservant une part de 7% de son offre, c’est TF1 qui s’est affirmée, sur la période, la chaîne la plus ’’verte’’, devant France 2 où l’environnement représente 6,3%. Sur les autres chaînes, il ne dépasse pas la barre des 5% », commente l’étude de l’INA, qui ajoute : « Aujourd’hui, les préoccupations écologiques semblent faire partie de notre information quotidienne ».

Le sport, la politique spectacle et les chiens écrasés

Et pourtant, les chiffres témoignent surtout du chemin qui reste à parcourir. En effet, début 2007, le traitement de ces thèmes s’est faite principalement par l’exposition de personnalités médiatiques comme Nicolas Hulot.

Si l’on jette un oeil dans le rétroviseur, on note que, dans le passé, les « meilleures années » pour les sujets environnementaux furent 2000 et 2003. L’explication : pour l’année 2000, « la poussée d’une actualité marquée par des catastrophes à la fois industrielles et écologiques comme la marée noire à la suite du naufrage de l’Erika (plus de 400 sujets), le naufrage au large de Cherbourg du chimiquier Levoli Sun (100 sujets), et encore la pollution au cyanure du Danube (22 sujets). » ; et pour l’année 2003, « l’environnement culmine avec 1710 sujets et se hisse à la 5e place de l’offre totale. De grands phénomènes de pollution comme la marée noire sur les côtes françaises après le naufrage du Prestige (540 sujets) et des évènements climatiques comme la canicule ou la pollution à l’ozone dominent cette année (90 sujets). » Un tiers (au moins) des sujets environnementaux est directement lié au traitement des catastrophes.

Dans une autre étude (téléchargeable ici au format PDF), l’INA signale que, de juillet 2006 à juin 2007, le sport « arrive à la 4e place de l’offre totale, derrière l’information relative aux faits de société (19% des JT), à l’actualité internationale (18 %) et politique (12%). Il devance l’information culturelle et de loisirs (7%) de près de 500 sujets ».

Conclusion : les faits divers nationaux, l’actualité internationale (y compris lorsqu’elle est traitée sous l’angle du fait divers), la politique (y compris la politique people, cf. le divorce des Sarkozy) et sport devancent encore les sujets environnementaux. Et ces derniers, comme d’autres sujets, sont principalement traités au travers de catastrophes.

Le changement climatique, la biodiversité, les entrepreneurs verts, l’écodesign, etc... nécessitent que l’on apprennent aux Français à anticiper. Il semble évident, en l’état actuel des choses, que les JT du soir ne seront pas l’arme de l’éducation des Français au développement durable.

Petite lueur d’espoir : voici quelques extraits de la charte signée le 26 septembre dernier entre Jean-Louis Borloo et les dirtigeants des cinquante plus grands groupes médias français.

« D’ores et déjà, les principaux médias se sont formellement engagés, et pour certains dès la semaine prochaine, à présenter tous les jours aux Français un geste du quotidien, notamment au moment de la météo. » (...)

« 1. Mettre en place une information quotidienne sur les « gestes d’engagement de la vie de tous les jours » au service de la planète. Il s’agit de valoriser tous ces gestes du quotidien qui permettent de protéger l’environnement à l’occasion de programmes de grande écoute comme la météo pour les chaînes de télévision ou les radios ou sur des bandeaux visibles dans la presse ou sur internet.

2. Organiser une grande journée de mobilisation et de solidarité à l’image de Sidaction ou du Téléthon sur le thème « Sauvons la planète » avant la fin de l’année.

3. Procéder, dans chaque entreprise, à un bilan carbone portant sur l’ensemble de ses activités.

4. Amplifier les émissions ou les reportages consacrés aux grandes urgences environnementales et développer la diffusion d’initiatives et de conseils pratiques. »