Pékin : quand les artistes voient vert

"Trees are poems that earth writes upon the sky,
We fell them down and turn them into paper,
That we may record our emptiness."
 Kahlil Gibran (1883 – 1931)

Carissa, Américaine à Pékin, a le sourire large et les idées vives. Depuis 3 ans, c’est elle qui a eu l’idée d’apporter un peu de "vert" à Pékin en créant Greening the Beige (GtB), un collectif d’artistes écolos. Le projet est né en 2007 lorsque, après avoir effectué des recherches sur la pollution blanche (celle des sacs plastiques), la jeune femme, alors organisatrice d’événements musicaux et artistiques à Pékin, est sélectionnée pour participer à un projet artistique du festival américain Burning man. « Il s’agissait de collecter un grand nombre de sacs plastiques pour en faire des "feuilles" et les accrocher sur des arbres dans le désert du Nevada ». Elle en parle autour d’elle et l’idée fait mouche : en six mois, 2 000 sacs sont rassemblés par des amis, membres d’ONG, étudiants, écolos en herbe. Carissa organise alors une première rencontre avec un professeur spécialiste de la désertification pour rassembler ce petit monde. Elle fait même fabriquer à l’occasion des robes en plastique avec les sacs collectés, le reste étant acheminé vers les USA pour « refeuiller » cinq arbres américains.

Réunir les énergies vertes

« J’ai découvert l’existence à Pékin d’une communauté de gens sensibles à l’environnement, dont des artistes, et c’est comme ça que j’ai eu l’idée de réunir art et écologie », explique-t-elle. Depuis aidée par sept comparses, elle organise un festival annuel, et a monté un site destiné à servir de plate-forme de partage. Objectif : améliorer la qualité de vie et de l’environnement à Pékin, faire connaître les artistes à sensibilité écologiste, et plus généralement, rassembler les énergies "vertes". Pour expliquer son projet, Carissa cite volontiers le sculpteur britannique Antony Gormley : « La crise de l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère appelle à un réexamen de notre croyance dans la base technologique du progrès occidental. Un changement de cette croyance est un changement culturel, l’art et les artistes sont impliqués. »

Jardins communautaires

Au programme du festival "Greening the Beige", organisé sur plusieurs jours chaque année en novembre, on trouve aussi bien des expositions et des performances que des projections de films et documentaires, sans oublier le coin boutique, qui propose des objets éco-conçus... Parmi les fidèles participants, Qiao Wanhua, peintre et fils d’un artiste spécialiste des papiers découpés, s’inspire beaucoup dans ses œuvres de la transformation de l’environnement urbain. Zack Jiang, un peu moins artiste mais tout aussi écolo, fabrique quant à lui des vélos équipés d’un cadre en bambou, alternative verte au cadre carbone. Quant à Xiao Wei, elle entend bien promouvoir les jardins communautaires dans Pékin, sur le modèle de ce qu’a initié Green Guerilla à New York. Greening the Beige s’est aussi associé avec d’autres événements, telles les soirées networking des "apéros verts", ou encore les défilés « éco-chic », où le look vintage le dispute aux habits recyclés, bios, slow, ou "faux", avec à la clé la remise du prix du « éco fashion héros ».

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Crédit photo : "Hutong Ephemera" est une collaboration entre le sculpteur Chen Fei et la photographe Chin-Chin Wu. A travers des personnages portant des masques en papier mâché, les artistes rendent hommage au caractère éphémère des traditions dans le vieux Pékin, menacé par les bulldozers.

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