Paysan herbe contre paysan maïs

D’un côté, l’éleveur laitier Le Fustec. Elevage : 44 vaches, quota : 315 000 litres, surfaces : 48 hectares d’herbe, 0 de maïs fourrager. Signe particulier : membre du Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome (Cedapa).

De l’autre, l’éleveur laitier Carrer. Elevage : 99 vaches, quota : 720 000 litres, surfaces : 48 hectares d’herbe, 40 hectares de maïs fourrager. Signe particulier : adepte d’un système productiviste, basée sur l’importation d’aliments protéinés et l’investissement dans du matériel toujours plus performant.

A priori, le paysan herbe devrait être sur la paille quand le paysan maïs semble être à la tête d’une grosse exploitation. Pas si simple. Patrick Le Fustec dirige une petite exploitation sans prétention de s’agrandir, mais question revenus : "Nous ne sommes pas à plaindre", dit sa femme Martine.

L’oeil sur les courbes

Autre ambiance chez les Carrer. Les investissements dans un nouveau bâtiment, plus grand, plus performant, l’achat des aliments, de matériel neuf pèsent sur les comptes. Jean-François, le père, a toujours un œil sur les courbes de production. Pour réussir à rembourser les emprunts, il faut toujours produire plus. "Moi je trouve que l’on n’est pas suffisamment rémunéré par rapport au travail fourni", peste son fils.

Pourtant, les deux paysans sont rémunérés pour leur lait au même prix. Mais Jean-François Carrer est très dépendant des groupes agricoles et agroalimentaires qui le poussent à toujours "aller de l’avant", alors que Patrick Le Fustec s’est affranchi de ces pressions extérieures en nourrissant ses vaches uniquement à l’herbe. Ses coûts de production ont donc largement diminués.

Par le prisme de l’élevage laitier breton, le film interroge de manière globale le monde dans lequel nous vivons. La crise énergétique nous pousse à développer des moyens autonomes de subsistances. "Herbe" montre que des alternatives au modèle productiviste existent et pourtant celui-ci reste dominant. Un documentaire à ne pas louper avant d’aller traîner dans les allées du salon de l’agriculture ce week-end.