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22-04-2004
Mots clés
Social
Politique
France

Passion et bouts de ficelle, le quotidien des gens de spectacle

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Le nouveau ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, a rouvert les discussions avec les intermittents du spectacle. Terra economica livre à cette occasion le témoignage de trois professionnels du spectacle, rencontrés au coeur de la fièvre de l'été 2003.
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Tous les chemins mènent à l’intermittence. Stéphane Dupont le sait, lui qui, après des études de sociologie et un premier emploi de toiletteur pour chiens, s’est installé en 1993 à Avignon, sur les terres du spectacle vivant. Stéphane n’a alors pas encore découvert sa vocation. Un an et demi durant, il s’ennuie dans son petit commerce de savons. "Et puis un jour, j’ai accompagné un ami sur un casting aux Chorégies d’Orange. C’est moi qui ai été pris", s’amuse-t-il. Stéphane largue les savonnettes et intègre l’opéra d’Avignon avec, en guise de laisser-passer, un Contrat emploi solidarité (CES). "Je faisais un peu de tout, de la régie plateau, de l’assistanat de mise en scène, de la machinerie", raconte-t-il.

De l’industrie au monde du spectacle

Jean-Marc, lui, confectionnait avec son frère des jouets en bois. C’était au début des années 80. "J’avais suivi une formation de dessinateur de matériel de collectivités, mais l’industrie ça ne me branchait pas", se souvient-il. Un jour, Jean-Marc reçoit une commande pour un élément de décor. La mécanique est enclenchée. "De fil en aiguille, les commandes se sont enchaînées, sans discontinuer depuis plus de vingt ans. J’ai dû envoyer, en tout et pour tout, un seul CV pendant toutes ces années."

Le mauvais filon de l’indépendance

Les premiers temps, Jean-Marc conserve son statut d’artisan indépendant, "jusqu’au jour où, après avoir travaillé un mois et demi sur le décor d’un spectacle, celui-ci n’a duré que le temps d’une avant-première... J’ai demandé le statut d’intermittent". La création lumière est sa spécialité, mais il travaille aussi sur les décors, le son, et fait de la régie. Quand il ne "tourne" pas, Jean-Marc s’affaire dans son atelier, un local aménagé en pleine campagne ligérienne, à quelques kilomètres au sud de Nantes. C’est ici qu’il stocke son matériel, trois jeux d’orgues (les consoles lumière) et quelques "projos".

Décortiquer la réforme

Le matériel de Martine consiste principalement en une machine à coudre. Costumière, maman de deux enfants de 15 et 17 ans, âgée de 45 ans, elle exerce "ce putain de métier" depuis vingt ans, essentiellement pour des compagnies. D’abord comme gérante de société, puis salariée d’association, enfin intermittente. Il y a trois ans, elle a adhéré à la "cégète". Cet été, elle a rogné sur ses vacances pour assister aux assemblées générales à Carhaix, Nantes et Aurillac. Pour décortiquer le texte de la réforme, et pour l’expliquer autour d’elle. "Chaque année, raconte-t-elle, je travaille à temps plein. Alors, quand je prépare ma déclaration d’impôts et que le chiffre de la case "salaires" est inférieur à celui de la case "chômage", j’ai les boules."

"Logique pernicieuse"

De fait, lorsqu’elle accepte de travailler avec une compagnie, Martine sait qu’elle ne sera pas payée pour les heures réellement travaillées, mais en fonction du budget du spectacle. "J’essaie de me battre pour qu’on me paie chaque heure, tout en sachant qu’il faut s’adapter aux contraintes de la compagnie. Résultat, ce sont les Assedic qui complètent." En faisant cela, elle accepte la logique "pernicieuse" de chômeur-travailleur. "Moi ça me gêne, et pourtant cela ne gêne personne quand, pour confectionner 90 costumes, je présente seulement cinq jours de bulletins de salaire. Vous en connaissez, des costumiers qui font 90 costumes en cinq jours ? Et les comédiens qui jouent une heure et demie sur scène, vous pensez vraiment qu’ils se contentent de répéter pendant trois jours ?"

Quand le service public abuse

Martine en veut tout particulièrement aux collectivités locales et entreprises publiques, qu’elle tient pour co-responsables de la gangrène du système de l’intermittence. "Un jour, une institution publique m’a proposé un travail d’un mois et demi, payé 6500 francs, confirme Jean-Marc. Ils savaient que je complèterais avec mes Assedic. J’ai refusé, ça ne les a pas empêché de trouver quelqu’un." "A l’Opéra de Paris, où j’ai travaillé, je côtoyais des permanents que la direction employait en intermittents, faute de budget pour le personnel", poursuit Stéphane...

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