Les ONG Avaaz et Greenpeace ont remis le 9 décembre à Bruxelles un texte signé par plus d’un million de citoyens européens. Que réclament-ils ? Un moratoire sur toutes les nouvelles autorisations d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Une initiative portée par Rachel Dujardin, chargée de campagne OGM pour Greenpeace.
Terra eco : Comment est née cette initiative citoyenne européenne ?

Mais les OGM posent-ils selon vous un réel danger ? Au niveau sanitaire, rien n’a été prouvé…
En fait, il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore. Certes, les Américains consomment des OGM depuis une dizaine d’année. Mais aux Etats-Unis, il n’y a pas d’étiquetage spécifique obligatoire sur ces organismes comme c’est le cas en Europe. Du coup, si les Américains ont un problème de santé, ils ne font pas forcément le lien avec leur alimentation. Ce dont on est sûr, c’est qu’il n’y a pas de toxicité aiguë des OGM. Quand on en mange, on ne tombe pas foudroyé. Mais la toxicité à moyen ou long terme n’est pas si claire. Il y a des tests sur les animaux mais ils n’excèdent pas trois mois alors que ce sont des durées de deux ans qui généralement permettent de déceler des maladies comme le cancer par exemple… De plus, en Europe, ce sont les multinationales impliquées comme Monsanto ou Bayer qui mènent les tests sur demande des agences environnementales et sanitaires. Ce sont elles qui tirent les conclusions de leurs études. Et quand on leur demande des données brutes, elles rechignent à les donner.Du point de vue de environnemental, il y a des dangers tangibles. Le soja « Round up ready » est doté par exemple d’un gène lui permettant de résister à un herbicide total. C’est simple. Avant, les agriculteurs ne pouvaient désherber qu’avant ou après le semis. Aujourd’hui ils peuvent faire des épandages massifs à tout moment sans risquer d’endommager leur culture. Dans ce cas, dire qu’avec les OGM, on utilise moins de pesticides, c’est faux ! Certes, il y a d’autres plantes dans lesquelles on a induit une résistance à certains insectes ravageurs qui permettent donc potentiellement de réduire l’usage des insecticides à court terme. Le problème, c’est que des phénomènes de résistance apparaissent alors chez les insectes. Et il faut alors utiliser de nouveaux produits plus puissants ! Pour nous, les OGM sont une véritable fuite en avant. A court terme, il présentent peut-être des avantages financiers et simplifient le travail des agriculteurs mais ces derniers finissent très vite par être rattrapés par des phénomènes de résistance. Et je ne parle même pas des impacts négatifs sur la biodiversité.
Faudrait-il donc stopper la recherche sur les OGM selon vous ?
Nous ne sommes pas opposés à la recherche sur les OGM, tant que celle-ci est faite en milieu confiné. D’ailleurs, dans les médicaments, ces organismes ont parfois fait leur preuve. Nous sommes opposés à la culture d’OGM en plein champ et à leur introduction dans la chaine alimentaire. Parce que si demain, on se rend compte qu’il y a un problème avec les OGM, on sera tous coincés. La pollution génétique est quasiment irréversible.(1) Le 15 décembre, les députés ont adopté les modalités pratiques de l’initiative européenne. Celle-ci n’aura de valeur juridique qu’à partir de décembre 2011 ou même 2012 lorsque les Etats membres l’auront adapté à leur droit national. Puisque la pétition sur les OGM a été remise avant la mise en vigueur de l’initiative, Bruxelles pourrait estimer qu’elle n’est pas valable.
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