1) Réparation
L’écogeste à la mode ? Le bricolage
Ne jetez plus, réparez. Tel est le credo de l’écolo qui n’a pas besoin pour cela de s’acheter une ou deux mains chez Leroy Merlin. Pour « agir contre l’obsolescence programmée », le site Commentreparer.com fourmille de conseils – « ouvrir le capot et aspirer les poussières pour réparer un écran plasma », « réparer un joint de machine à laver avec une rustine »… –, propose un forum pour trouver collectivement des solutions, et renvoie vers plusieurs guides pratiques et adresses pour réparer son iPhone ou son micro-ondes (lire aussi Terra eco n° 27).Pour trouver les meilleurs plans près de chez soi, n’hésitez pas à demander aux collectivités locales : avec le soutien de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, nombre d’entre elles (le Grand Nancy, l’Aisne, les agglomérations d’Orléans, de Rennes ou de Montpellier…) ont réalisé des « guides de la réparation et du réemploi ». Paris y travaille aussi. Dans la capitale justement, l’association Vélorution vient d’ouvrir un atelier collectif à la Maison du vélo, dans le IVe arrondissement. Il est possible d’apprendre à réparer soi-même sa bicyclette. Enfin, un dernier conseil : si vous bricolez comme des pieds, pensez aux cordonniers.
2) Garantie
J’ai 10 ans (de garantie)
D’un côté, des entreprises diminuent la durée de garantie de leurs produits, comme les principaux fournisseurs mondiaux de disques durs informatiques, Western Digital et Seagate. De l’autre, certaines vantent des garanties plus longues que les obligations légales, à l’instar des aspirateurs Dyson, « assurés » pendant cinq ans. Ce au grand dam de distributeurs comme Darty, qui font une part de leur beurre – non communiquée – sur les extensions de garantie. Pour mettre tout le monde dans le sens durable, les Amis de la Terre, entre autres, militent pour étendre de un an à dix ans la durée légale de garantie sur les biens de consommation. Selon l’ONG, cela obligerait les fabricants à concevoir des produits réparables plus facilement, et à faire pression sur leurs fournisseurs pour disposer de composants de qualité.3) Seconde vie
Le réemploi ne chôme pas
Avec 14 millions de visiteurs uniques en janvier dernier, le site d’annonces gratuites Le Bon Coin prouve que les marchés aux puces, fussent-ils virtuels, sont très tendance. Vendre, troquer ou donner – voir Donnons.org – , et offrir ainsi une seconde vie à ses objets, c’est possible sur le Web, où l’on peut presque tout refiler. Sur Kiditroc.com, on échange ses vêtements pour enfants ; sur Produitspourlavie.org, les Amis de la Terre proposent leur sélection de sites, que l’on peut comparer à celle de Consocollaborative.com ! Dans la vraie vie, Emmaüs et le Réseau des recycleries et ressourceries (134 points de collecte et 88 boutiques en France) récupèrent, réparent et revendent de tout. Le réseau Envie est, lui, spécialisé dans l’électronique et l’électroménager. Objectifs : créer des emplois et réduire nos déchets. Il y a encore du travail : le taux actuel de réemploi des vieux appareils est de 2 % seulement.4) Ecoconception
Penser à la fin… dès les débuts
L’écoconception, késako ? Il s’agit de créer des produits en suivant un mode d’emploi écolo. C’est-à-dire ? Il faut pouvoir les recycler facilement, ou prolonger leur durée de vie. L’idée est encore loin de convaincre la majorité des entreprises, mais elle fait son chemin. La bordelaise Meta IT a par exemple lancé ALT, le premier ordinateur 100 % écoconçu : sa coque est entièrement en aluminium recyclé (des chutes de chez Airbus) et entièrement recyclable, contrairement aux plastiques ordinairement utilisés. Avec seulement 7 éléments, contre 20 à 40 pour les bécanes ordinaires, il est aussi plus facilement réparable.De telles démarches innovantes sont récompensées : selon une étude de l’Ademe portant sur 30 entreprises françaises et québécoises lancées dans des démarches d’écoconception, 27 ont dégagé des bénéfices sur ces nouveaux produits. Car non seulement, ils sont fabriqués avec moins de matériaux et d’énergie, mais ils peuvent se vendre plus cher. Le « cradle to cradle » – du berceau au berceau – s’inscrit en partie dans cette logique, en promouvant une économie circulaire où les produits seraient entièrement recyclables. Plusieurs villes et régions des Pays-Bas sont engagées dans cette aventure. Qui, en France, reste encore embryonnaire.
5) Service compris
Des services à suivre de près
Quel est le point commun entre le Vélib’, Michelin et Xerox ? Qui a dit les roues ? Vous sortez. Ce sont trois modèles réputés d’économie de fonctionnalité : au lieu de vendre un produit, ces entreprises en monnayent l’usage. Michelin Fleet Service loue ainsi ses pneus aux grandes flottes de poids lourds et d’autobus, ses techniciens assurent l’entretien et l’échange, et la firme de Clermont-Ferrand facture en fonction des kilomètres parcourus. Xerox en fait de même avec ses photocopieuses. Et ça marche aussi pour les jouets (Dim Dom, Ecojouets, etc.), les vêtements de travail (Elis), les voitures (Autolib’, les services de location)… Le modèle est sans doute le meilleur antidote à l’obsolescence programmée, puisque les entreprises ont tout intérêt à bien entretenir et faire durer le plus longtemps possible leurs biens. C’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’il ne s’est pas généralisé. Et depuis quelques années, ce sont les mêmes entreprises qui sont, encore et toujours, citées en exemple. Que la concurrence se réveille !6) Transparence
Faire de la « durabilité » une valeur
« Vaut-il mieux acheter 20 fois dans sa vie un mixeur à 10 euros, ou un seul à plus de 200 euros, mais garantie à vie, chez le fabricant suisse Bamix ? » Pour la consultante Marie-France Corre, la réponse n’est pas évidente. A double titre : aucune information n’est donnée au consommateur sur la durée de vie des produits, et il n’existe pas de bonus à l’achat de produits durables. Seul le secteur des ampoules est tenu d’indiquer leur espérance de vie aux clients. Ainsi, Carrefour revendique un allongement de la durée de vie des lampes à économie d’énergie de sa marque : le modèle standard est passé de 6 000 à 8 000 heures.« Mais d’après les fabricants, les consommateurs regardent plutôt la puissance et le prix pour se décider », signale Alain Geldron, chef du service « responsabilité élargie des producteurs », à l’Ademe. Les entreprises ne cherchent du coup pas spécialement à les faire durer plus longtemps. » « L’affichage ne va pas changer les comportements », reconnaît Marie-France Corre. « Les étiquettes énergie, par exemple, sont conçues avec les données des filières, et ne sont donc pas discriminantes d’une marque à l’autre. L’idéal serait de savoir, en fonction de la durée de vie, sur combien d’années le prix d’achat serait amorti. » En attendant, l’ex-directrice des essais à l’UFC-Que Choisir plaide pour interdire les portables à un euro – les subventions des opérateurs occultent leur coût réel – et abolir les promos « 3 pour le prix d’1 », qui poussent à la conso. C’est d’ailleurs ce que vient de décider le plus grand libraire anglais, Waterstone.
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