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27-10-2005
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Marques, Marketing
Monde

Musique, logiciels : à qui profite le Libre

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Le libre-accès à la musique, aux logiciels ou aux informations scientifiques accroît la notoriété des créateurs et peut générer de la richesse. Petit test : êtes vous plutôt gratuité ou libre accès ?
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Emballé par les louanges sur le groupe ZZ Pot, vous décidez... Réponse A : d’acheter l’album bien qu’il ne soit plus en prix vert. Réponse B : de le télécharger sans payer sur un site Internet. Réponse C : de l’emprunter à votre médiathèque. Une fois le disque écouté, vous... A : l’oubliez sur votre étagère. B : le transférez sur les lecteurs MP3 de vos amis. C : vous précipitez les voir en concert. Résultats : majorité de A, vous vous rattraperez sur le prochain album. Majorité de B, vous êtes rebelle sur les bords, adepte de l’économie du don. Majorité de C : plus sensible aux droits des auteurs qu’à ceux des majors, vous souhaitez conjuguer gratuité avec légalité.

Selon une étude statistique de deux chercheurs américains parue l’an dernier, le téléchargement de fichier musicaux (pair à pair) ne nuirait pas aux ventes de disques, au contraire. Plus un titre est téléchargé, plus ses ventes augmentent, Internet jouant un rôle équivalent à celui de la radio.

L’industrie du disque n’a pas prêté l’oreille à ces résultats. Elle est engagée jusqu’au cou contre le "piratage". Le 4 octobre dernier, la major EMI a ainsi accueilli 800 patrons de multinationales des secteurs du divertissement, du logiciel ou de la pharmacie qui défendent les droits de propriété intellectuelle contre les copies illégales. En s’accrochant bec et ongles à des mesures qui orchestrent la rareté quand les TIC favorisent l’abondance, les poids lourds du secteur n’hésitent pas à se mettre en porte à faux avec une bonne partie de l’opinion. De plus en plus d’artistes réagissent à l’utilisation restrictive de leurs droits d’auteur. Heureux propriétaire des siens, après avoir été viré de sa maison de disque, David Bowie autorise les versions remixées de ses titres et se déclare prêt à se passer de ses droits au nom de "l’évolution de la musique". Il juge qu’elle sera bientôt "aussi accessible que l’eau ou l’électricité".

Marché équitable

Nombre d’artistes prônent un rapport direct avec leur public grâce aux licences Copyleft ou Creative Commons. Ces alternatives au Copyright laissent au créateur la possibilité d’autoriser la diffusion, la reproduction, ou la modification de son œuvre. En France, le site musique-libre.org présente des centaines de titres sous ces licences : depuis janvier 2004, il comptabilise 700 000 téléchargements gratuits.

Selon Eric Aouanes, de musique-libre.org, "ce modèle répond à un souci promotionnel des musiciens, qui touchent ainsi des organisateurs de spectacles ou des producteurs. Ce n’est pas incompatible avec la production en série de disques, mais la vente d’un CD, sur laquelle un auteur ne touche que 4,5%, n’a jamais fait vivre qu’un gratin de quelques dizaines d’artistes." Il espère ainsi créer "un marché équitable de la musique [dans lequel] le public bénéficiera de la baisse des coûts de marketing et de production et l’auteur touchera directement des droits via ses licences." Viable ? "L’objectif n’est pas toujours de gagner de l’argent", tempère Eric Aouanes, qui voit dans la hausse de fréquentation des concerts ces dernières années (de près de 30%) un bon signe pour l’avenir.

Logiques libres... et payantes

Appliquées à la musique ou au livre, les licences "art libre" s’inspirent de l’exemple de la Free software foundation (Fondation du logiciel libre). En anglais, free signifie à la fois libre et gratuit : si les logiciels libres ne sont pas tous gratuits - de la maintenance peut être vendue en sus - ils sont souvent moins chers que les logiciels propriétaires - on les appellent parfois logiciels low cost ou génériques - et surtout leur code source - le secret de fabrication - est toujours librement modifiable.

Ses résultats économiques sont plus qu’honorables : sous l’impulsion des pouvoirs publics, qui y voient une alternative aux monopoles des entreprises US, le marché français est en croissance de 46% en 2004, et les prévisions annuelles tablent sur une hausse de 40% jusqu’en 2008. Selon une étude récente du cabinet Pierre Audouin Consultant, la France se situe parmi les principaux utilisateurs de logiciels libres, avec l’Allemagne et le Japon. Certes, avec un chiffre d’affaire cumulé de 146 millions d’euros, le résultat est encore à des années lumières de celui des logiciels propriétaires dont l’ensemble du marché s’élève à 27 milliards d’euros. De plus, "les simulations de retour sur investissement montrent que le coût total de possession après quelques années n’est pas forcément en faveur du logiciel libre." Mais l’étude souligne que le libre "aura redonné ses lettres de noblesse au développement et relancé l’innovation" .

Un humain aime partager

"Les informaticiens ne sont pas stupides au point de passer leur vie à réinventer la roue", écrivait dans Confessions d’un voleur Laurent Chemla, co-fondateur de Gandi, société gérant des noms de domaines sur Internet. "Et, lorsque l’on a soi-même profité du savoir des autres pour débuter, il est moral, simplement moral, et pas "commercial" ni "libéral" ni même "libertaire", de partager à son tour avec ses pairs et ses successeurs. (...)

Il y a aussi la recherche d’une reconnaissance, le rêve de connaître la gloire en fabriquant le futur concurrent de Word ou de s’imposer comme le meilleur des meilleurs programmeurs. Tout cela est vrai, mais la motivation de fond, la seule qui tienne, c’est qu’un humain qui ne meurt pas de faim aime partager ce qu’il a reçu gratuitement avec les autres humains."

Vers un nouveau modèle économique ?

Cette logique a guidé les chercheurs à l’origine de la Public Library of Science (PLos). Scandalisés par l’augmentation du prix des abonnements aux grandes revues - malgré l’apparition d’Internet - et par leur refus de diffuser leurs articles en libre accès - alors que les recherches sont souvent financées par des fonds publics - ils ont réclamé la "libération" de la littérature scientifique, notamment afin d’en faire bénéficier les pays du Sud. Puis les pétitionnaires ont lancé leur propre revue. Plos Biology s’est très vite imposée comme une référence et a fait quatre petits, dont Plos Medicine et Plos Genetics, dans lesquelles ce sont les laboratoires qui payent pour publier leurs chercheurs.

"Le système lecteur-payeur est un frein à l’innovation. Les contenus ouverts - les articles, mais aussi les données de la recherche -sont un meilleur tremplin pour la circulation des idées" souligne Francis André, responsable de la prospective à l’Institut national d’information scientifique et technique. Le libre accès est donc économiquement plus efficace à l’échelle de la recherche mondiale... mais aussi parfois pour les chercheurs eux-mêmes. Certains payent en effet - 500 dollars - les publications traditionnelles pour que leur article se retrouve en libre accès dès sa parution... "Ils sont ainsi plus vite lus et cités. Or la carrière d’un chercheur dans le public est essentiellement liée à ces citations", précise Francis André.

Le libre accès aux savoirs et aux outils d’information que sont les logiciels annonce-t-il une révolution ? Le think tank américan Institute for the future voit l’avènement de la Grassroots economy (économie de la base) : la production, la distribution ou la propriété seront fondées sur les principes de la mise en commun des informations - à l’image de l’encyclopédie Wikipedia - et les pratiques du libre accès et du peer-to-peer. Bien des échanges pourront s’y faire de gré à gré et sans but lucratif. Pour certains économistes, l’Etat aurait la charge de favoriser la participation de tous à la création des biens communs, grâce par exemple à un revenu minimum universel. L’utopie à portée de clic ?

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