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25-03-2014
Mots clés
Politique
France

Municipales : Ces villes où le vote blanc a gagné

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Municipales : Ces villes où le vote blanc a gagné
(Crédit photo : clémentine gallot - flickr)
 
Le premier tour des municipales a enregistré un léger recul des votes blancs et nuls. N'empêche, par endroits, ils pourraient être candidats au second tour ! Mais cette arme potentiellement puissante n'a que peu de poids.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Un chiffre est passé presque inaperçu lors du scrutin de dimanche dernier : celui du taux de votes blancs et nuls. Le ministère de l’Intérieur tarde à communiquer le pourcentage de citoyens qui, au niveau national, ont choisi soit de glisser dans leur enveloppe un papier blanc, soit de ne rien y mettre, soit de raturer la liste qu’ils y ont insérée.

Selon l’Observatoire du changement politique (ODCP), ce taux serait de 3,54% des votants dans les 980 villes de plus de 10 000 habitants. C’est moins qu’en 2008 (3,99% des votants au premier tour) ou qu’en 2001 (4,88%). « On aurait pu s’attendre à plus, compte tenu du grand désenchantement de l’électorat de gauche, qui s’est, au final, plutôt abstenu ou a voté pour l’autre camp », analyse Jean-Yves Dormagen, président de l’ODCP.

Les différentes raisons du vote blanc

Dans certaines communes, cette proportion a toutefois grimpé bien plus haut. En tête du palmarès, Mayenne (Mayenne), avec plus d’un électeur sur trois (34%) qui a fait l’effort de se déplacer jusqu’à l’isoloir pour, au final, voter nul ou blanc. A Tergnier, dans l’Aisne, on a flirté avec les 23%. A Avion, dans le Pas-de-Calais, les 17% ont été atteints. Dans ces trois cas, une seule liste était présentée. Facile, alors, de déduire que l’aspirant à la mairie et ses futurs conseillers n’ont tout simplement pas séduit. Et que le vote blanc ou nul est, dans ce cas, le moyen de leur manifester une opposition claire.

Mais d’autres villes intriguent : Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), avec ses trois listes présentées dimanche, a enregistré 10,5% de votes nuls ou blancs exprimés, et 47% d’abstentions. A Stains (Seine-Saint-Denis), six électeurs sur dix ne se sont pas déplacés jusqu’aux urnes et un sur dix, parmi ceux qui s’y sont rendus, a choisi de ne donner sa voix à aucune des quatre listes présentées. Si le vote blanc avait son candidat, il serait donc sélectionné au second tour ! Les exemples comme ceux-ci ne sont pas isolés, en Ile-de-France en particulier. Une chose est sûre : si l’on cumule ces deux données - abstention et vote blanc ou nul - la représentativité des compétiteurs du second tour (à Montereau, Yves Jégo – UDI – a été réélu au premier tour) est déjà sérieusement entamée...

La manifestation d’un rejet

Comment comprendre ces poussées sporadiques des votes nuls et blancs ? « Le vote blanc et le vote nul ne sont tout d’abord pas exactement la même chose, précise d’emblée Bruno Cautrès, politologue au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po). Le vote blanc (où l’électeur glisse vraiment un papier blanc dans l’enveloppe, ndlr) exprime plutôt un geste de participation civique pour un électeur qui n’a pas trouvé d’offre électorale qui lui convienne ; le vote nul, par exemple lorsque le bulletin de vote a été raturé ou annoté, exprime plus souvent un rejet de la politique. » Impossible de faire la distinction entre les deux puisque, à ce jour, ils sont comptabilisés ensemble.

Anne Muxel, autre politologue du Cevipof, voit en tout cas dans ces « non-votes protestataires la même logique de contestation que l’abstention, qui s’explique moins désormais par des raisons sociologiques que politiques : le vote blanc est de plus en plus utilisé comme une réponse électorale de la part de citoyens qui ont envie d’accomplir leur devoir tout en manifestant qu’ils rejettent ce qu’on leur propose ».

Elle rappelle à cet égard que 60% des Français, d’après une récente étude du Cevipof, ne font confiance ni à la droite ni à la gauche pour gouverner... Bruno Cautrès acquiesce : « Le taux d’abstention que l’on a constaté dimanche, comme les taux de votes blancs ou nuls, traduit un malaise démocratique. C’est un message d’insatisfaction face aux hommes politiques et à l’offre politique en général, mais sans remettre en cause l’élection et la démocratie représentative. »

« Une arme de destitution massive »

« Nous respectons l’institution démocratique qu’est le vote, confirme Stéphane Guyot, président des Citoyens du vote blanc [1], une association créée par des citoyens bénévoles et non professionnels de la politique, qui militent pour la reconnaissance du vote blanc. Mais nous refusons que notre désaccord ne soit pas pris en compte ou alors comptabilisé comme une erreur. »

En effet, les règles actuellement en vigueur placent les votes blancs directement dans la corbeille, à côté des nuls : le geste citoyen et politique n’est pas du tout pris en compte. A partir du 1er avril, les blancs seront comptabilisés à part des nuls, mais ne seront toujours pas considérés comme des suffrages exprimés. Ils n’influeront donc en rien sur les résultats, mais serviront d’indicateur pour déterminer un climat politique. « C’est ridicule car les votes nuls portent souvent des messages politiques, ce que ne contient pas une feuille blanche... », tranche Jean-Yves Dormagen.

Pourquoi cette réforme du scrutin, adoptée en février dernier, n’est-elle pas allée plus loin ? Stéphane Guyot estime que c’est parce que « le vote blanc porte en lui la potentialité d’invalider un scrutin. C’est une arme de destitution massive ». Anne Muxel acquiesce : « Le reconnaître au même titre que les votes pour des candidats garantirait une plus grande liberté pour le citoyen d’exprimer son mécontentement mais ce serait aussi ouvrir la porte à un affaiblissement de la légitimité des choix démocratiques qui sortiront des urnes ». Et ça, les politiques n’en sont pas trop friands...

[1] Les Citoyens du vote blanc ont décidé de présenter, lors des européennes de mai, cinq listes à travers la France, de candidats apolitiques, sans programme, mais dont le seul but est d’incarner le vote blanc. C’est le seul moyen pour que le vote blanc soit véritablement comptabilisé parmi les suffrages exprimés.

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  • Roman à méditer de José Saramago (sur le vote blanc et l’exercice de la démocratie) :
    La Lucidité, trad. Geneviève Leibrich, Le Seuil, coll. « Cadre Vert », Paris, 2006, 384 p. (ISBN 978-2-02-079066-6) - Ensaio sobre a lucidez, 2004
    "Toute ressemblance avec des personnages existant etc..."

    29.03 à 15h28 - Répondre - Alerter
  • Mayenne 34.66%...Qui dit mieux ?
    facebook.com/pages/votez-nul
    http://voteznul.blogspot.com/
    @Belém : il faut 25% des inscrits...donc pour les municipales : abstention, blanc & nul même combat...

    29.03 à 14h37 - Répondre - Alerter
  • deux éléments :

    1- La démocratie n’est pas le droit de voter, c’est le droit d’être élu. Ce droit, nous ne l’avons pas.

    2- le choix entre un échec de gauche et un échec de droite sera encore le nôtre tant qu’il ne sera pas possible d’attribuer les responsabilités en fonction d’une compétence plutôt que d’une appartenance.

    La reconnaissance du vote blanc comme moyen d’expression de son refus d’un système ridicule et improductif est la première marche vers une vraie démocratie.

    Le Citoyen Sans Parti
    http://lecitoyensansparti.blogspot.fr/

    27.03 à 10h32 - Répondre - Alerter
  • Je fais partie des citoyens du Vote Blancs (et de cyber@cteurs), donc ma position sur le sujet est claire.
    Cela fait plus de 30 ans que je défends le droit des citoyens à dire Non à un choix imposés par les bénéficiaires d’un système pour faire tourner ce même système. L’absence de garde fou est tellement évidente... ! Et pourtant, il a fallu que nous soyons vraiment dans le mur pour que de plus en plus de personnes se rendent compte de la chose.

    Non, le vote blanc n’est pas un affaibliissement des structures politiques, mais au contraire la manière la plus douce d’essayer de les reconstruire pour qu’elles soient crédibles.
    Dommage que cet argument (cela affaiblirait les institutions) soit encore si répandu dans le monde des journalistes. Sans doute dû à un certain formatage lié aux études qu’on leur demande de faire (Sciences Po ou autre)

    27.03 à 10h00 - Répondre - Alerter
  • Imaginons une commune de cent habitants. 99 votent blanc et un seul vote pour un candidat. Celui-ci est donc élu avec une voix, sans tenir compte des autres...majorité invisible !
    Belle démocratie...

    26.03 à 12h27 - Répondre - Alerter
  • Cyberacteurs a lancé une pétition nationale pour prendre en compte le vote blanc.
    De toute façon, un Texte de la Constitution où des articles imposent l’impunité des gouvernants dans l’exercice du pouvoir, ainsi que d’une rente confortable aux frais des contribuables, prouve que le fruit est déjà pourri à la base.
    "Tous candidats" selon le Mouvement Colibris, oui : oeuvrons donc pour l’éducation populaire, et non pas uniquement pour la manipulation politicienne.

    26.03 à 08h40 - Répondre - Alerter
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