Qui contrôle les semences contrôle le monde. Monsanto l’a bien compris. Et à travers les OGM, la multinationale déploie sa stratégie de conquête de la planète. Le leader des biotechnologies agricoles possède déjà 90% des organismes transgéniques cultivés à sa surface, est implanté dans 46 pays, et rachète à qui mieux mieux toutes les compagnies semencières mondiales. Si Monsanto se définit sur son site Internet comme "une compagnie agricole dont l’objectif est d’aider les paysans à produire des aliments plus sains tout en réduisant l’impact de l’agriculture sur l’environnement", elle est pourtant la société agro-industrielle la plus controversée à ce jour.
Pour quelles raisons ? Marie-Monique Robin a enquêté trois ans et sur trois continents rencontrant des scientifiques, des hommes politiques, des avocats, des agriculteurs pour le découvrir. Elle a retracé l’histoire de la construction de cet empire industriel. Et ce qu’elle a déniché est effarant. Rapports mensongers, collusion avec le gouvernement américain, pressions, tentatives de corruption et campagne de diffamations contre quiconque pourrait lui faire obstacle : selon la journaliste, la multinationale serait prête à tout pour répandre ses produits à travers le monde.
Scandales à répétition
Pourtant ces derniers ont fait l’objet de nombreux scandales à commencer par celui des PCB. Ces huiles chimiques utilisées comme isolants dans les transformateurs électriques ont longtemps été le fleuron de Monsanto. Fabriqués à Anniston, elles contaminent les habitants de cette ville de l’Alabama, ce que la firme savait dès 1957. Les PCB polluent le milieu et empoisonnent les voisins de l’usine. Mais pour Monsanto, l’enjeu était ailleurs : "Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un dollar de vente", révèlent des archives confidentielles datées de 1970.Les PCB ne sont pas le seul produit à défrayer la chronique. Le défoliant appelé "agent orange", déversé massivement sur le Viet Nam pendant la guerre, contamine trois millions de personnes, locaux comme soldats. Il contient en effet une dioxine qui cause cancers et dysfonctionnements génétiques. Les études menées par Monsanto, et dont l’interprétation a été remise en cause, ont pourtant permis à la compagnie de voir déboutés les vétérans qui l’ont attaquée.
Dans les années 1990, Monsanto bénéficie aux Etats-Unis d’une déréglementation qu’elle a largement impulsée pour mettre sur le marché des OGM, alors que les propres scientifiques du département américain de l’agriculture (FDA) émettent des inquiétudes. En 2006, cent millions d’hectares de cultures transgéniques sont cultivés dans le monde. Grâce aux brevets, Monsanto a la main-mise sur 90% d’entre-eux. Selon Marie-Monique Robin, cette hégémonie menace la sécurité alimentaire du monde et l’équilibre écologique de la planète.
La firme, elle, vante "un monde transgénique pensé pour résoudre le problème de la faim et de l’environnement dans la plus grande harmonie", comme le décrit Marie-Monique Robin dans son documentaire en évoquant la propagande publicitaire. La journaliste a demandé à plusieurs reprises à interviewer des membres de la société. Après mûre réflexion, Monsanto a décidé de décliner.
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