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28-10-2011
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Moins vite la vie !

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Moins vite la vie !
(Crédit photo : Emmanuel Pierrot pour « Terra eco »)
 
Nos existences ressemblent au tir à la corde. Le monde nous pousse vers le « fast » quand on n’aspire qu’au « slow ». De A à Z, voici comment tirer sur le frein à main… pour ne pas tirer le signal d’alarme !
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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A comme Allo maman dodo

Les enquêtes de l’Institut national du sommeil et de la vigilance révèlent que les Français dorment 6 h58 en semaine et 7 h50 le week-end. 31 % d’entre eux disent dormir au maximum six heures. Soit 1 h30 de moins que dans les années 1950 et deux heures de moins qu’au début du XXe siècle. Et encore ! Les Français comptent parmi les plus gros dormeurs de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques. Or, on sait que la privation de sommeil provoque bien des dégâts, au-delà des 20 % d’accidents de voiture dus à la somnolence : hypertension artérielle, obésité, irritabilité et même dépression. Allez, au dodo !

B comme blouses blanches

« Chercheurs, enseignants-chercheurs, hâtons-nous de ralentir ! » Ainsi commence le manifeste pour la « Slow science » rédigé cet été par l’ethnologue français Joël Candeau. Il ne réclame pas le droit de se tourner les pouces dans les labos, mais conteste la tyrannie de l’évaluation quantitative des chercheurs : « Combien de publications, combien de communications, combien de projets ? », dit-il. Une méthode qui conduit surtout à bâcler le travail, au détriment de l’innovation. Le chercheur demande, entre autres, le droit de disposer d’un semestre tous les quatre ans sans enseignement, ni charges gestionnaires. Pour que la matière grise voie à nouveau la vie en rose.

C comme crieur

C’est l’antithèse des robinets à info qui déversent de l’attentat en Afghanistan au kilolitre. Réinventé par Fred Vargas dans son polar Pars vite et reviens tard (Editions Viviane Hamy, 2001), le vieux crieur public – « Avisss à la population » – fait son retour dans une demi-douzaine de villes : Lyon, Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise), etc. Il y clame au milieu des passants une sélection malicieuse d’infos. Présence physique théâtrale contre tout-virtuel, temps laissé à l’imagination contre déferlement d’images… Le crieur est un truc de bobos, oui, mais pas idiot.

D comme « Do it yourself »

Des mitaines au crochet, un tagine aux abricots secs, une cape de Zorro pour votre petit dernier, un canapé de jardin en palettes de récup, un potager en permaculture, voire des rideaux en bouchons pour votre salle de bain… Qu’importe, l’essentiel étant que vous puissiez dire : « C’est moi qui l’ai fait. » Le « Do it yourself » ou DIY est un vrai phénomène qui prend de l’ampleur. L’idée : on arrête d’acheter de l’industriel pas cher et uniformisé, on passe plutôt du temps à faire des objets personnalisés avec amour. Et ça cartonne. En témoigne le foisonnement de blogs sur le sujet ou le succès de la plateforme de ventes d’objets DIY Etsy.

E comme éco-conduite

Pour consommer 15 % de carburant en moins et réduire votre risque d’accident de 10 % à 15 % (selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), adoptez l’éco-conduite ! On passe rapidement la vitesse supérieure, on évite les freinages brusques, on utilise au maximum le frein moteur… On arrête d’insulter ses congénères à quatre-roues (et on respecte ceux à deux). Coooooool. Le bureau de la sécurité routière du gouvernement de l’Australie de l’Ouest en a fait le thème d’une campagne de communication remarquable, Enjoytheride. Formidable. Epatante. Elle montre des gens heureux d’aller moins vite, sur les routes et dans la vie. Ça donne envie, non ?

Dans les magasins de la chaine espagnole Zara, les nouveaux modèles débarquent deux fois par semaine, histoire de créer des nouvelles tendances à un rythme cadencé et de nous faire désirer et acheter toujours plus. Mais la résistance s’organise sous forme de « slow fashion », de mode lente. L’idée étant d’acheter quelques pièces de bonne qualité, puis de réparer, customiser, réinventer sa garde robe. Sheena Matheiken a par exemple fait le pari de porter la même petite robe noire pendant un an en réinventant chaque jour son look. So chic, so slow.

G comme gastéropode

Le « Real snail mail », le « vrai courrier-escargot » a été inventé par le collectif d’artistes britannique Boredom Research. Ce service postal farfelu emploie de vrais gastéropodes munis d’une puce pour transporter des lettres… et pour faire réfléchir sur notre besoin de recevoir et d’expédier toujours plus instantanément de la paperasse ou des dossiers. Délai moyen de distribution d’un courrier escargot (quand il arrive, ce qui n’est pas toujours le cas, avouons-le) ? 722 jours. Autant dire que la Poste ne risque pas de porter plainte pour concurrence déloyale. Gaston Lagaffe, dompteur d’escargots avec un fouet, aurait, lui, a-do-ré.

H comme homo sapiens

Nous sommes aujourd’hui 7 milliards sur Terre. Mais de quelle époque date le premier milliard d’humains ? De Saint Louis ? De Henri IV ? Oh que non ! Il date de 1800 seulement – autant dire, à l’échelle humaine, un clignement d’œil. En effet, si l’existence des homo sapiens – depuis 100 000 ans avant Jésus-Christ, en comptant serré, jusqu’à aujourd’hui – était une horloge de 24 heures, le premier milliard arriverait à… 23 h 57. Et les six autres dans les soixante dernières secondes de l’heure. Trop de monde, trop vite…

L comme lycée

Quand on parle des rythmes scolaires dans les médias, c’est en général pour déplorer – à juste titre – les semaines surchargées des écoliers français contrastant avec d’interminables vacances. Mais on s’intéresse peu au contenu des cours. Or, celui-ci est devenu plus lourd qu’un cartable de collégien, déplore Joan Domènech Francesch. Ce philosophe et instituteur barcelonais, dénonce, dans son Eloge de l’éducation lente, les diktats de l’administration : « Eduquer plus et plus vite, dans l’objectif de mieux éduquer », et surtout de terminer le programme – ce qui, dans les faits, n’arrive jamais. Ceci, dans un contexte de compétition internationale (voir le programme PISA, cette comparaison entre les systèmes éducatifs menée chaque année par l’OCDE) qui ne plaide évidemment pas pour un ralentissement. Contre l’école façon Speedy Gonzales, Joan Domènech Francesch prône, lui, de « rompre l’emploi du temps conçu en domaines et en matières », assouplissement qui permettrait de mieux s’adapter au rythme de chacun. Il défend aussi la réduction des contrôles, la possibilité d’« activités libres, improvisées, non organisées » et même la « pratique de l’humour ». Les gosses disent : « Youpi ! »

M comme main à la pâte

Bon, on n’est pas obligé d’adorer le tricot, la broderie ou le canevas des familles. Mais il est impossible de ne pas se réjouir du retour du fait main – qui a son magazine, le bien nommé Fait Main –, qui signifie le plus souvent solide comme un jacquard de mémé et à un prix abordable. Surtout, le fait main, c’est le plaisir de confectionner soi-même quelque chose plutôt que de l’importer à la tonne made in China. Internet pullule désormais de sites comme A Little Market, les Créatrices ou Fée Main Création qui ne vendent que du 100 % fait avec les doigts. Quelques plouqueries bien sûr, mais aussi beaucoup de belles choses.

P comme plan serré

Il suffit de comparer un vieux Tom et Jerry avec n’importe quelle série de Gulli, la chaîne de la TNT pour les enfants, pour en être convaincu : le rythme des dessins animés a pris un sacré coup de turbo. Plus frénétiques, plus « cut », plus bavards (on sort d’une projection de Cars 2 avec la tête farcie comme après un Woody Allen), les dessins animés ont suivi la tendance générale du cinéma : une réduction de la durée moyenne des plans (« average shot lenght » ou ASL, en anglais), mesurée tout à fait scientifiquement par quelques logiciels, comme Cinemetrics. Comparons par exemple trois grosses productions hollywoodiennes bien de leurs temps : Ben Hur (1959), Les dents de la mer (1975) et Inception (2010). L’ASL du premier est de 8 secondes, celui du deuxième de 6,8 secondes, celui du troisième de… 3,1 secondes. Bientôt, les épileptiques ne pourront plus mettre les pieds dans les salles obscures !

R comme repas de famille

Dans l’assiette, on va de plus en plus vite, même au pays de Bocuse ! Une étude de l’Institut français pour la nutrition (2007) indique que les Français nés entre 1977 et 1986 dépensent 8 fois moins en fruits et légumes frais (qui nécessitent d’être épluchés, lavés, etc.) que leurs grands-parents au même âge. Depuis cinquante ans, la part des dépenses de repas en conserves et en produits surgelés a été presque quadruplée et les dépenses en produits « élaborés » ont augmenté en volume neuf fois plus vite que celles en produits frais, d’après l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Les horaires du dîner sont aussi de plus en plus instables : un trentenaire-quadra sur quatre ne dîne pas à heure fixe. Un ménage sur deux pratique le plateau-repas au moins une fois par semaine – habitude largement majoritaire chez les trentenaires.

S comme stress au boulot

Glandeurs les Français ? Au XIXe siècle, ils travaillaient en moyenne 3 000 heures par an. En 2007, cette durée était réduite de moitié (1 450 heures) et pourtant la productivité par heure occupée est… 28 fois plus élevée qu’elle ne l’était en 1830 ! La preuve que, malgré les papotages à la machine à café, le travail est devenu surefficace… et over-stressant. Résultat : 60 % des salariés français interrogés estiment devoir fréquemment interrompre une tâche qu’ils sont en train de faire pour en commencer une autre ; 48 % déclarent travailler dans l’urgence – devoir toujours ou souvent se dépêcher – ; 53 % déclarent que leur rythme de travail est imposé par une demande à satisfaire immédiatement. Des chiffres très officiels tirés des enquêtes Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (Sumer) de 2003 et « Conditions de travail » de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en 2005. Du coup, pour ralentir, on n’a trouvé qu’une parade, estime Nicole Aubert, sociologue, psychologue et auteure du Culte de l’urgence : la dépression. « Celle qui se manifeste par une impression d’épuisement, a particulièrement explosé chez les salariés – ce n’est pas un hasard. », assure-t-elle. Au point que l’Organisation mondiale de la santé annonce que, dans les pays développés, la dépression sera, en 2020, la toute première cause de maladie !

T comme tomate

La « Pomodoro Technique » (« technique de la tomate » en italien) a été inventée dans les années 1980 par le coach Francesco Cirillo. Elle repose sur un postulat : on ne fait bien les choses que quand on ne fait qu’une seule chose. Donc, recommandent les experts « pomodoristes », il faut se munir d’un minuteur de cuisine, le placer sur 25 minutes et se contraindre à être concentré sur une seule tâche durant tout ce temps. Petite pause. Puis rebelote. Derrière l’apparente rigolade, cela s’appelle se réapproprier son temps et éviter la dispersion, un facteur intense de stress au travail. Mais au fait, pourquoi la tomate ? Parce que les vieux minuteurs de cuisine ressemblent à des « pomodori » !

U comme « unplugged »

On sait, c’est dur de décrocher. Tu n’es pas seul(e), ami(e) lecteur(rice), à être tombé(e) dans l’addiction. Mais tu peux le faire. Quand tu joues avec tes enfants, que tu vas dîner avec des amis, que tu passes deux heures à glander avec ta moitié… Débranche tout (spéciale dédicace à France Gall) ! Ton ordi et ton smartphone surtout. Tu verras, au début, c’est flippant. Tu angoisses en songeant à tous les tweets que tu rates. Après, c’est juste bon.

V comme villes

Depuis 2007, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, l’homme vit plus souvent en ville qu’à la campagne. En 2050, 70 % de la population du globe devrait être urbaine… ce qui ne manquera pas de provoquer des dégâts sur la psyché mondiale. Car il est prouvé – par les chercheurs de la faculté de médecine de Mannheim en Allemagne – que le rythme trépidant de la vie citadine altère deux aires du cerveau : l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur. Or, ces deux parties sont impliquées dans les troubles de l’anxiété et les dépressions, ce qui expliquerait que la vie en ville fait exploser les maladies mentales, notamment la schizophrénie.

X comme… X

Initié par l’Italien Alberto Vitale en 2002, le mouvement « slow sex » n’a certes pas renversé la pensée contemporaine, mais il a un mérite : nous rappeler que s’il est un domaine pollué par l’injonction de performance, c’est bien celui des galipettes. Conséquence négative de la libération des mœurs, l’anxiété quantitative a tout envahi : « Combien avez-vous eu d’amants ? », demande la presse féminine. « Combien de fois tu l’as fait cette nuit ? », répond la presse masculine. Sans parler du recours obligé aux gadgets et autres positions indispensables. Or, à l’heure du « speed dating », la chair est triste quand elle regarde la montre. Alberto Vitale conseille donc d’insister sur les préliminaires. On recommandera aussi les pornos de Puzzy Power, la boîte de production du réalisateur Lars von Trier destinée aux femmes : moins de performances et plus de papouilles. Ça, c’est excitant.

Z comme zique

Un remède pour se mettre au diapason de la relaxitude : écouter le disque le plus lent et planant de la pop, le magnifique (No Pussyfooting) de Robert Fripp et Brian Eno, sorti en 1973. Ce titre entre parenthèses dit tout de son contenu : un seul morceau par face (respectivement 20 et 19 minutes) qui se résume à une nappe sonore, répétitive, évoluant à la vitesse de l’escargot. Un disque fondateur de l’ambient music. On conseillera aussi la pièce 4’33 de 1952 du compositeur américain John Cage : quatre minutes trente-trois secondes où l’orchestre ne joue… rien. Une occasion évidemment de poser une oreille plus attentive sur le Sound of silence, comme le roucoulaient Simon & Garfunkel. —

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  • Je suis tout à fait d’accord avec cet article. C’est d’ailleurs pour cela que je prend le temps de faire des broderies diamant, véritable "Art Thérapie" découvert sur https://my-broderie-diamant.com , en plus d’autres travaux manuels. Il faut beaucoup de patience, une vertu qui se perd malheureusement. Alors oui je suis d’accord, moins vite la vie !

    16.08 à 02h40 - Répondre - Alerter
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