Miss Bouffe raconte la course à l’échalote vraie

Entre les Néerlandais et nous, on pensait la hache de guerre enterrée. C’était faire fi de Dame Rancune. Rappelons les faits : nous avions piqué, sur les ordres de Colbert, la recette de la mimolette aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) contre qui notre royaume guerroyait (Lire Terra eco n° 47, mai 2013). Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Voici une dizaine d’années que l’autre pays du fromage nous pompe nos échalotes traditionnelles. Leur arme secrète : l’échalote de semis. La graine de la discorde est née sous les auspices d’un producteur néerlandais. Or, figurez-vous que l’échalote ne se sème pas. Comme sa reproduction est végétative, elle se plante en bulbe ! Il y a quelques semaines, une expérimentation du Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves) a rendu son verdict : les échalotes de semis sont des hybrides d’oignons. Inscrites au catalogue européen des variétés, elles deviennent des contrefaçons. La sueur des producteurs est l’enjeu du combat. Car planter de l’échalote requiert 400 heures de labeur à l’hectare, contre une cinquantaine pour le semis. La course à l’échalote se jouera à Bruxelles. Puissent les énarques faire la différence entre bulbe et graine. —

Osons sortir l’échalote de la sauce. Confite, façon chutney, mariez-la à qui vous voudrez !