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Mineurs chiliens, au-delà de l’émotion

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Mineurs chiliens, au-delà de l'émotion
(Crédit photo : smfdiario.blogspot.com)
 
Le sauvetage des « 33 », piégés dans des galeries pendant plus de deux mois, a ému le monde. Mais la situation des autres mineurs du pays a-t-elle changé ? Et celle des mineurs chinois ? Et celle de notre économie ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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J’ai, comme beaucoup d’entre nous je suppose, été ému aux larmes par le sauvetage incroyable de ceux qu’on appelle désormais « les 33 ». L’extraordinaire émotion partagée au plan mondial et la solidarité déployée pour libérer les mineurs chiliens nous a donné une vraie bouffée d’oxygène, tant les bonnes nouvelles sont rares, en tout cas dans les médias.

Les médias ont d’ailleurs très bien compris qu’il y avait là tous les ingrédients d’une bonne histoire à raconter. Qui ne s’identifierait à ces héros-là ? En prenant de leurs nouvelles, nous, boulangère, postier ou cadre, devenions tous des mineurs chiliens, l’espace de quelques instants. Et la machine médiatique de s’emballer. En privilégiant à l’excès l’instantané et le témoignage, elle en a peut-être un peu oublié de se poser quelques questions de fond. Comme celles qui touchent aux conditions de travail des mineurs avant l’accident, par exemple. Ou encore aux impératifs de rentabilité qui ont fait passer au second plan les impératifs de sécurité.

Car, avant l’accident, tous les ingrédients étaient là, déjà, pour un bon reportage. Ou encore celle du devenir des autres mineurs. Pas « les 33 », qui devraient vivre confortablement pour le restant de leurs jours, mais les autres, chômeurs sans protection sociale après la fermeture de leur mine. Ces reportages-là auraient été certes moins spectaculaires, moins vendeurs. Mais il y avait, avant même l’accident, matière à s’interroger sur cette logique économique qui n’hésite pas, pour quelques grammes d’or ou de cuivre, à prendre le risque de broyer des destinées humaines. A maints égards, la situation des mineurs chiliens – ou chinois, ou de celle de tant d’autres – est en tous points comparable à ce qu’était la vie des mineurs anglais au XIXe siècle.

Et c’est peut-être précisément sur ce point que l’aventure des « 33 » devrait nous interpeler : l’économie, aujourd’hui, reste directement héritée du XIXe siècle. « Les 33 » et les autres prenaient et prennent encore des risques considérables pour aller chercher, à quelque 700 mètres sous la surface du sol, de l’or et du cuivre. Rappelons qu’il en reste respectivement, au rythme de consommation actuel, pour 17 et pour 33 ans. Irons-nous chercher sous terre jusqu’au dernier gramme d’or ? Jusqu’à quelle profondeur ? A quel coût humain ?

L’enjeu des prochaines décennies, si l’on veut donner à chacun une chance de mener une vie décente en 2030, c’est de parvenir à changer radicalement nos modes de production et de consommation, pour découpler la création de bien-être de la consommation de ressources naturelles. Il y a désormais urgence à passer d’une économie linéaire, héritée du XIXe siècle, gaspilleuse de ressources et polluante, à une économie circulaire et de fonctionnalité, permettant, par la valorisation efficace et soutenable des rares ressources disponibles, de satisfaire durablement les besoins de chacun.

Cette nouvelle économie circulaire ne doit laisser personne au bord du chemin. Ni les mineurs, ni les pêcheurs, ni les agriculteurs. Il ne servira à rien de stigmatiser telle ou telle profession, tel ou tel secteur d’activité. Car pour tous, les changements à venir seront radicaux, qu’ils soient choisis ou subis. Mais en dehors de quelques cas isolés et exemplaires, la généralisation de cette économie déconnectée du fossile, reconnectée avec la biosphère et soucieuse des besoins humains reste encore largement impensée.

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Directeur de l’institut Inspire (Initiative pour la Promotion d’une Industrie Réconciliée avec l’Ecologie et la société) et secrétaire général de la Ligue ROC

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