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Mina Setra rend aux Indonésiens les terres de leurs racines

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Mina Setra rend aux Indonésiens les terres de leurs racines
(Crédit photo : Alice Bomboy)
 
Alors que les palmiers à huile supplantent les forêts primaires, la jeune femme se bat pour que les droits des populations natives de l’archipel soient reconnus, leurs terres protégées et leurs traditions préservées.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Mina Setra commence toujours ses réunions pour discuter de la situation de la forêt indonésienne par une salve qui désarçonne ses interlocuteurs. « Je vous rappelle que nous sommes les propriétaires historiques des territoires en question. Maintenant, parlons. »

La jeune femme de 36 ans est née dans le Kalimantan occidental, sur les terres des Dayak Pompakng, à Bornéo. C’est chez elle que sont arrivées les premières plantations de palmiers à huile de la région, en 1976, un peu avant sa naissance. « Personne ne s’est rendu compte de ce qu’il se passait. Le Kalimantan était peu développé et nous pensions que les palmiers à huile allaient améliorer notre quotidien », raconte-t-elle. Dix ans plus tard, il ne restait plus rien de la forêt d’autrefois. « Lorsque les arbres sont trop vieux, leurs propriétaires leur injectent des produits chimiques afin qu’ils meurent rapidement et qu’ils soient remplacés par de jeunes arbres. Pendant deux ou trois ans, ils pourrissent sur pied. »

En 1999, une nouvelle loi affirme que les forêts où vivent les populations natives appartiennent désormais à l’Etat. « C’était une catastrophe. Nous, les communautés autochtones, avons perdu des millions d’hectares de forêts. Ils ont été donnés à des entreprises qui se sont empressées de les raser et de les convertir en champs de palmiers. Et en perdant nos terres, nous avons aussi commencé à perdre notre culture et nos traditions. » Alors qu’elle se destinait à enseigner l’anglais, Mina devient activiste.

Menaces de mort

Encore étudiante, elle n’a de frêle que la stature. Quand elle parle, le brouhaha des salles de conférences s’éteint. Ses positions sont inébranlables. Quitte à ne plus parler deux ans à son père, pasteur, qu’elle accuse de détruire leur culture. Elle rejoint Aman, l’Alliance des peuples indigènes des archipels. Le jeune réseau rassemble 2 253 groupes indigènes indonésiens afin de faire reconnaître leurs droits. Au début de sa carrière, la jeune femme est menacée de mort à deux reprises, par des entreprises plantant des palmiers. Lassée d’être cachée, elle décide d’aller frapper à la porte de l’entreprise qui a mis des hommes en chasse contre elle. « Ils ne s’y attendaient pas, ça les a désarmés. »

Utilisation du tweet

La stratégie de cette femme-courage, qui habite désormais Jakarta, est payante. En 2013, Aman poursuit la Cour constitutionnelle indonésienne et fait changer la loi de 1999 : les forêts indigènes ne sont plus considérées comme forêts d’Etat. « Mais nous ne sommes toujours pas propriétaires de nos terres. Si une entreprise a une licence d’exploitation, elle peut toujours venir raser nos arbres. » L’an passé, 153 conflits entre les communautés et des entreprises ou l’Etat ont encore éclaté. L’organisation Aman cartographie les territoires indigènes : leurs frontières historiques, leurs traditions, leur organisation sociale, etc. Le but : soumettre ces données à l’Etat pour le conduire à reconnaître les terres autochtones. Cette année, l’experte en droits humains a débuté une nouvelle mission : former les futurs leaders des communautés indigènes grâce au journalisme citoyen, à l’utilisation de Twitter et à la programmation de la radio communautaire. Pour que se réalise enfin le monde de Mina : celui où les siens jouiraient pleinement de leurs droits sur les terres de leurs ancêtres.

Mina Setra en dates

1977 Naissance à Penyelimau Hulu (Indonésie)

1999 Devient activiste, rejoint Aman

2013 Les forêts des indigènes ne sont plus forêts d’Etat

L’impact

215 jeunes issus de communautés indigènes formés au journalisme citoyen 2,6 millions d’hectares de territoires indigènes déjà cartographiés

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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