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21-11-2005

« Mélangeons-nous ! »

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La fumée se dissipe. Et avec elle, nous autres les journalistes, allons gentiment oublier les banlieues... jusqu'à la prochaine étincelle.
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Or, passées les émeutes et la meute des caméras, ne serions-nous pas nous-mêmes passés à côté de l’essentiel ? Sait-on vraiment ce qui se passe dans la tête d’un incendiaire de voitures ? Sait-on vraiment les motivations d’un « jeune » qui fait flamber une école ? A-t-on vraiment compris ce qu’est le « mal des banlieues » ? Une fois de plus, des experts en sécurité - ou prétendus tels - sont venus livrer leurs analyses prêtes-à-penser sous le feu des projecteurs des studios de télévision. Une fois de plus, on a ressorti du formol les arguments sécuritaires.

Cette façon de traiter à chaud d’un mal complexe et profond est dangereuse. Elle n’apporte aucune explication valable, pas plus qu’elle n’offre de réponse concrète au mal. Pire, elle revient à brosser dans le sens du poil ceux qui, dans les discussions de fin de repas, voient la France au bord de la guerre civile. Et soutiennent sans ciller que tout ça ma petite dame, c’est la faute aux étrangers et à leurs fils, qui ne veulent pas s’intégrer. Ce ne sont pourtant pas les « vraies » enquêtes qui manquent [1]. Lisons-les et tournons sept fois la langue dans la bouche avant de laisser filer des arguments dignes du café du commerce.

Nous sommes tous concernés

On comprendra alors que la question n’est pas de tisser un lien improbable entre l’origine ethnique des habitants de banlieue et le désordre qui y règne parfois. La question n’est pas de changer la couleur de la cage d’escalier. Le problème, encore plus profond que le mal des banlieues, c’est que la société française a rejeté à ses frontières une partie d’elle-même. Et qu’elle n’a pas réellement envie d’en entendre parler. Parce que la misère n’intéresse personne et parce que, malheureusement, il n’existe pas de remède miracle.

Même à supposer que l’on détruise des barres de béton pour les remplacer par des lotissements agrémentés de jardinets, rien ne changera. Avec ou sans jardinet, qui voudrait vivre parqué dans un quartier déserté par les commerces et par les services de l’administration ? Qui supporterait de vivre dans une rue où le chômage touche un actif sur trois ? Que les salariés bien portants qui accepteraient cette vie lèvent le doigt !

La seule piste à suivre, c’est celle du « vrai mélange ». Bonne nouvelle : nous sommes tous concernés. Les municipalités, tout d’abord. La loi impose aux communes de construire 20% de logements sociaux. Certaines, souvent les plus riches, préfèrent sortir le carnet de chèque. On est bien mieux entre gens du même monde... Que ces communes assument leur part d’intégration. Qu’on mette autant de soin (et de budget) à retaper les banlieues, qu’à enjoliver les centres de nos villes. Ainsi, rêvons un instant, les riches iront vivre chez les pauvres et inversement.

Racisme ordinaire ?

Les entreprises, ensuite. Que les candidatures à l’embauche se fassent sur la base du CV anonyme. Une boîte choisit un salarié pour ses compétences. Pas pour son teint blanc-bec ou pour la consonance de son nom de famille. Qu’on aille faire un tour du côté des grands cabinets de recrutement, dont certains clients demandent expressément - sans jamais l’écrire - qu’ils « trient » les candidats à un poste en fonction de leurs origines ethniques. Que les centres d’appels téléphoniques basés en Afrique ou au Maghreb assument leur situation géographique. Et qu’on leur interdise de demander à Oumar ou à Bibata de se travestir en « Pascal » ou « Stéphanie », quand ils appellent des clients français.

Chacun d’entre nous, enfin. Qu’on en finisse avec ce racisme ordinaire, qui nous ferait construire des mosquées à vingt kilomètres des centres-villes, au nom des places de stationnement et de la tranquillité du petit commerce... Ce qu’il faut à la France, c’est accepter enfin la différence et vivre avec elle au quotidien, dans les immeubles, dans la rue, à l’école et dans les entreprises.

[1] Deux livres à revers des idées reçues : - Laurent Mucchielli. Violences et insécurité. Fantasmes et réalités dans le débat français. La Découverte, 2001. - Michel Palioux, Stéphane Beaud. Violences urbaines, violence sociale. Fayard, 2003

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  • C’est un texte d’une naîveté affligeante. Je ne vois pas ce que vous apportez au discours ambiant qui n’est précisément pas celui que vous dénoncez. Pour la nième fois, on fait remonter à la source de la violence une prétendue misère économique (c’est finalement ce qui ressort en dernier lieu de l’analyse sociologique du moment). Le chômage, l’exclusion, le racisme, voire la situation post-coloniale (cf. Pascal Blanchard qui par ailleurs fait un excellent travail d’historien) : jamais de réflexion psychologique un peu plus fine : la violence contre l’ennui, l’esthétisation culturelle de la violence (le rap : vous direz que c’est réducteur mais c’est pourtant une référence forte, à condition de renoncer à la langue de bois), l’acculturation (problème d’identification), l’analaphabétisation (hé oui ! le manque de maîtrise du langage conduit à utiliser ses poings). Evidemment les facteurs ci-dessus ne se substituent pas à la misère sociale mais une certaine idéologie veut totalement les évacuer. Ce qui est exaspérant avec votre papier, c’est que vous vous donnez bonne conscience en adoptant l’attitude pseudo courageuse du défenseur du dominé. Ceux qui osent condamner une certaine forme de barbarie (ils ont brûlé des écoles) sotn des racistes, des fascos, des sales beaufs...Je ne suis sûr de rien, contrairement à vous sans doute, mais je suis sûr que ce type de discours (le vôtre) complaisant et démago n’est pas pour rien de ce retour en force de la connerie.

    21.03 à 21h42 - Répondre - Alerter
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