La marche remonte à nos origines, le premier centième de seconde de l’existence humaine sur Terre. Elle est aussi le passage obligé des pauvres de notre planète. Qui veut apprendre doit marcher huit kilomètres pour rejoindre l’école en Afrique. Pieds nus. Elle pourrait être un remède à l’ennui et à la fatigue d’un travail de bureau. Si seulement ces personnes ouvraient les yeux et essayaient un peu plus longtemps que 30 minutes, juste le temps d’aller un peu plus loin et découvrir un horizon légèrement différent. Combien de marcheurs ont trouvé l’inspiration sur les routes et sont revenus un livre dans la tête ? La marche fait travailler mon imagination, elle me donne à réfléchir ; elle m’oblige à réfléchir. Donner à réfléchir, c’est-à-dire qu’elle me fait regarder à droite et à gauche mais elle me donne aussi la possibilité de secouer et dépoussiérer mes idées et préjugés. C’est un moment avec moi-même où j’ai le temps de faire le point et de planifier ma suite d’événements. C’est aussi souvent en marchant que naissent les idées nouvelles à utiliser pour un atelier, un cours ou une histoire. C’est pourquoi j’ai toujours un sac avec mon matériel de premier secours : du papier et un crayon… souvent deux ou trois pour le cas où le premier tombe en panne. Donner un rythme à la vie. Marcher, c’est renouer avec le commencement où l’Humanité n’avait pour avancer que ses pieds. C’est prendre le temps et oublier l’agitation du quotidien moderne. On pourrait se demander : pourquoi marcher ? On a tellement de possibilités de ne pas le faire… C’est peut-être justement à cause de ça que marcher devient un geste de protestation qui dit : « Oublions le pétrole ! » « Revenons à des valeurs plus saines ! » « Faites pousser vos idées en marchant ! » C’est aussi donner au cerveau le temps de tourner, de retrouver une cadence de réflexion où les idées s’épanouissent et prennent tous leurs sens. Marcher, c’est aussi méditer. L’esprit vagabonde, les yeux ne se posent sur rien en particulier. On finit par oublier tout, ne penser à rien, vider le trop plein puis recharger les batteries. Sans oublier que marcher fait sortir, prendre l’air, respirer autre chose que les produits toxiques qui se cachent dans nos habitations. « Vous reprendrez bien un peu de vitamines D ? » nous demande le soleil. « Je vous propose un petit antidépresseur qui ne coûte rien à la sécu ! » nous sortent l’air frais et la lumière du jour : "Efficace même avec des nuages ! » nous révèlent-ils. Cœur, poumons n’en fonctionnent que mieux. Mauvaises graisses et surpoids maudiront notre manie d’enfiler chaussures et casquettes.