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2-07-2010
Mots clés
Consommation
Eau
France
Reportage

Lorient, virtuose des économies d’eau

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Lorient, virtuose des économies d'eau
(Louise Allavoine)
 
La ville du Morbihan connaît la valeur de l’or bleu. En trente ans, elle a divisé par quatre sa consommation d’eau. Retour sur une politique avant-gardiste.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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«  Selon vous, les enfants, quelle quantité d’eau est évacuée quand on tire la chasse d’eau  : 1 litre, 3 litres, 9 litres ou 15 litres ?   » Encore une colle signée Robinetto, le petit bonhomme du jeu Gaspido. L’enjeu est de taille pour cette classe de CE1 de l’école Kersabiec, à Lorient (1). «  Pensez en bouteilles d’eau   », leur souffle Céline Robert, l’animatrice de l’association Eau et Rivières de Bretagne. «  3  litres   », s’exclame Victor. Perdu, c’était 9 litres. «  C’est donc pour faire des économies d’eau que des poussoirs à double bouton ont été installés dans les toilettes de l’école, explique la jeune femme aux écoliers. Quand vous poussez le petit bouton, 3  litres sont déversés, 6  litres avec le grand.  »

Nitrates et pesticides

Eau et Rivières de Bretagne a créé Gaspido il y a dix  ans. Ce jeu de l’oie version plomberie lui permet de sensibiliser les enfants à la préservation de l’eau. L’association intervient dans les écoles primaires et collèges de Lorient depuis une convention signée en 1995 avec la Ville. C’est à cette date que la cité a adopté une politique volontariste d’économies de l’or bleu. Quand la mairie crée sa cellule Environnement-Energie au début des années 1980, l’écologie ne passionne guère. Première mission de l’ingénieur recruté  : limiter les gaspillages d’eau, car la Bretagne manque de flotte. L’eau souterraine est polluée par les nitrates et les pesticides, celle de surface est rare. Face à ce constat, deux  options  : aller chercher l’eau plus loin ou économiser la ressource disponible. Lorient opte pour la seconde.

En 1995, la municipalité adhère à l’opération régionale «   Villes pilotes économies d’eau   » avec 6  autres communes. L’objectif : réduire de 40 % à 50 % les consommations. Pari gagné en 2005. La part de la consommation des équipements communaux, comme les parcs et jardins, équipements sportifs ou écoles, a chuté de moitié sur la période  (2).

Ces performances font des envieux, car ces économies d’eau se sont traduites par un allégement de la facture de plus de 120 000  euros par an en moyenne (3). Le secret ? Il tient en deux mots   : prévention et guérison. Primo, la cellule Environnement-Energie a scruté à la loupe les factures municipales des vingt  dernières années. «  Ce fut une des étapes les plus importantes, explique Jean-Paul Aucher, l’adjoint au maire en charge de l’environnement et de l’assainissement. Cette rigueur administrative a permis de repérer des problèmes de consommation.  » Au même moment, la ville crée un nouveau métier : «  économe de flux  ». Régulièrement, la nuit, lorsque les habitants laissent roupiller les robinets, le service de l’eau arpente la ville armé de stéthoscopes. Les techniciens écoutent les tuyaux pour repérer les fuites.

Fontaine de 500 jets

Mais il faut aussi inciter les particuliers à en faire autant chez eux. La ville organise donc une vaste campagne d’informations. Un Bibliobus a été reconverti en « Inf’EAU Bus ». A l’intérieur, des installations pour comprendre le circuit de l’eau, et des fiches pratiques sur les prix, les fournisseurs, la facturation, la qualité de l’eau et l’intérêt financier et écologique d’améliorer ses installations. «  Un robinet qui fuit en goutte à goutte  ? 3 à 4  litres d’eau par heure, soit 87  euros par an. Une fuite dans les WC  ? 7 à 14  litres par heure, soit 175 à 350  euros par an.   » Devant cette avalanche de chiffres, une seule envie  : foncer chez une enseigne de bricolage. Selon les grossistes locaux, près de 80 % de leur clientèle est demandeuse de matériel économe. «   L’Inf ’EAU Bus a tourné dans l’agglomération pendant au moins cinq  ans. Beaucoup de communes se sont inspirées de cette expérience   », parade Jean-Paul Aucher.

Et Lorient compte bien rester en pointe sur la question : fin 2011, dans l’écoquartier de la ZAC du Péristyle, les eaux de pluie seront récupérées pour alimenter les chasses d’eau des logements et des bureaux. En attendant, le maire-adjoint se dirige vers le parvis du Grand Théâtre. Une drôle de rosace recouvre le sol. «  Nous avons inauguré cette fontaine en 2000. Elle est composée de 8  murs d’eau, 500  jets dont la hauteur fluctue en fonction de la force et de la direction du vent. C’est grâce aux économies que nous avons réalisées que nous avons érigé cette œuvre. Cela permet de voir le résultat.   » N’est-ce pas pousser le bouchon un peu loin  ? Pas de panique. «   Elle fonctionne en circuit fermé, donc l’eau n’est pas gaspillée.  » —

(1) Reportage publié en février 2009.

(2) De 151 500  m3 annuels à 72 800 m3.

(3) Le prix moyen de l’eau en France est de 3 euros le m3.


UN EXEMPLE SUIVI ?

«  Une petite majorité des villes françaises a entamé, depuis six ou sept  ans, des campagnes systématiques de recherche de fuites  », indique Jean-François Donzier, directeur général de l’Office international de l’eau. L’objectif : plafonner nos pertes à 10 % à 12 %, contre 18 % à 20 % aujourd’hui. La sensibilisation a, elle aussi, fortement progressé, en particulier dans les écoles où les «  classes d’eau  » se sont multipliées.
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