publicité
haut
Accueil du site > Actu > Green People > Lester Brown, penseur de nos plaies
Article Abonné
29-12-2011
Mots clés
Société
Développement Durable
Monde

Lester Brown, penseur de nos plaies

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Lester Brown, penseur de nos plaies
(Crédit photo : DR)
 
L’agroéconomiste américain, pionnier du développement durable, imagine depuis quarante ans comment sauver nos sociétés de l’abîme écologique. Son programme ? Un « plan B » qui restructure l’économie… Et, surtout, qui donne l’envie d’y croire.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Attention, voici une star planétaire de l’intelligentsia écologique. En 1974, il crée l’institut Worldwatch, organisation qui analyse les questions environnementales en faits et chiffres. En 2001, il fonde le Earth Policy Institute (1), think tank qui s’attache à définir une économie durable. Durant toutes ces années, Lester Brown a écrit une cinquantaine de livres, traduits dans 40 langues. Une star, cet homme simple, qui se présente à nous, ce jour-là à Paris ? Une star, ce septuagénaire alerte, sec et économe de ses mots ? C’est le Washington Post qui le dit. Pour le quotidien américain, il est l’un des « 100 penseurs les plus influents de la planète ». Nicolas Hulot aussi l’affirme : « Sans cet homme-là, aussi discret que rigoureux, écrivait-il dans la préface du Plan B – ouvrage de Lester Brown paru en 2007 –, nous serions encore plus en retard quant à notre connaissance de la gravité de la crise écologique. »

Si, si, on peut dire merci à Lester Brown de compiler depuis près de quarante ans des données sur le naufrage que notre mode de vie impose à la Terre. Merci de nous répéter sans cesse que nous risquons de couler avec le navire. Merci encore de ne pas y aller avec le dos de la cuillère dans Basculement. Dans ce dernier-né, Lester Brown nous avertit « que la ‘‘ crise absolue ’’ ou la ‘‘ récession ultime ’’ pourrait arriver à n’importe quel moment ». Pour lui, notre civilisation, comme celle des Mayas, est sur le point de disparaître.

On vous aura prévenus. On conseille d’ailleurs aux dépressifs de sauter la première partie de ses livres pour accéder directement à la seconde. Car l’économiste attaque toujours par des constats apocalyptiques. D’autant plus effroyables qu’ils sont fondés sur des chiffres et des faits costauds. Les nappes phréatiques ? Surexploitées ! « Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays dont la production céréalière est artificiellement gonflée par une irrigation non durable. » Les sols ? Ils s’appauvrissent à vue d’œil. « Les Nations unies ont annoncé que la désertification touche aujourd’hui 25% des surfaces continentales », ce qui représente « une menace pour la vie quotidienne de plus d’un milliard de personnes. » Et on en passe.

Loin d’être un Philippulus

Ceux qui s’arrêteraient là pourraient être tentés de donner raison à Pascal Bruckner. Et ce serait bien dommage ! L’essayiste, qui accuse les écologistes de despotisme dans son dernier livre – Le Fanatisme de l’apocalypse –, y déplore la multiplication des Philippulus. Ce personnage de Tintin dans L’Etoile mystérieuse « diffuse en continu, selon Pascal Bruckner, l’effroi du progrès, de la science, de la démographie, du climat, de la technique, de la nourriture, que sais-je ? » Mais accuser Lester Brown de « philippulation » serait oublier qu’il ne se contente pas de crier au loup. Pour lui, les solutions concrètes existent. L’agroéconomiste n’est pas un intello à la française. C’est un homme d’action qui a commencé sa vie active en cultivant des tomates. « Il ne nous entraîne pas dans l’illusion du meilleur des mondes, écrivait Nicolas Hulot en 2007. Il dresse pas à pas l’inventaire du possible et le rend crédible pierre par pierre. »

Ce possible, qu’il appelle « le Plan B », repose sur deux piliers. Primo, il faut une réforme fiscale, « réduire l’impôt sur le revenu pour le compenser par une augmentation des taxes sur les émissions carbone ». Secundo, « revoir les priorités budgétaires » et affecter des ressources massives pour la reforestation, la remise en état des ressources halieutiques, etc. Pour cela, nous n’aurions même pas besoin de nous ruiner. Lester Brown a calculé avec son équipe de l’Earth Policy Institute qu’il nous faudrait pour y parvenir 185 milliards de dollars par an (138 milliards d’euros), quand le budget militaire mondial s’élève à 1 522 milliards de dollars (1 137 milliards d’euros).

Ce sera dur, prévient-il. « Seule une restructuration de l’économie au moyen d’une mobilisation de grande envergure, et à un rythme de temps de guerre, permettra d’éviter le déclin. » Mais « nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas les ressources pour réussir », tranche-t-il. Pour nous en convaincre, il parcourt le monde, rencontre les dirigeants politiques comme le grand public. Inlassablement, il répète ses arguments. Joue les coachs, nous engage à faire pression sur nos élus. On s’attend même parfois à ce qu’il conclue par un : « Allez-y les gars, vous pouvez le faire ! »

Se retrousser les manches

Et ça marche. A le côtoyer, à le lire, on a envie de se retrousser les manches. Philippe Vieille, fondateur des éditions Souffle Court – qui ont publié en France ses deux derniers ouvrages – l’accompagne à chacune de ses tournées dans l’Hexagone : « Quand on le conduit à l’aéroport et qu’on lui dit au revoir, on n’est pas comme avant. » Claude Alphandéry, promoteur de l’économie sociale et solidaire en France, signe la préface de Basculement, et confirme : « La nature et l’urgence de ces risques, mis en évidence par Lester Brown, nous permettent non seulement de les conjurer mais d’ouvrir de nouveaux espaces de progrès. Elles contribuent à mobiliser nos énergies, à donner force à nos pratiques démocratiques, à élargir le champ d’une économie solidaire de l’humain et de la nature. » Alors accrochez-vous aux écrits du grand Lester Brown. Sautez éventuellement les premiers chapitres. Mais, s’il vous plaît, lisez la fin. 

(1) A l’initiative du cabinet Ecologik Business et de l’association Alternative Planétaire, retrouvez les chroniques de Lester Brown en français ici.


En dates

1934 Naissance à Bridgeton, dans le New Jersey, aux Etats-Unis

1951 Démarre une exploitation de tomates

1955 Diplômé en science de l’agriculture

1974 Crée le Worldwatch Institute

2001 Crée le Earth Policy Institute

2007 Publie en France Le Plan B (coédition Rue de l’échiquier - Souffle Court)

2011 Publie en France Basculement (coédition Rue de l’échiquier - Souffle Court)

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas