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27-10-2008
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Interview

Les villes, contre-pouvoir climatique ?

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Les villes, contre-pouvoir climatique ?
 
Tokyo vient d'accueillir le C40. La conférence annuelle des maires des 40 plus grandes villes du monde s'attaquait cette année au thème du changement climatique. Retour sur des échanges vivifiants avec Denis Baupin, adjoint au maire de Paris en charge du Développement durable, qui y représentait la capitale.
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Terra Economica : Quel(s) rôle(s) peuvent jouer les villes face à un phénomène planétaire comme le changement climatique ?

Denis Baupin : La situation climatique mondiale est de plus en plus grave, les émissions de CO2 dépassent les pires scénarios des experts. Or la mobilisation concrète des gouvernements se fait attendre. Les villes jouent donc leur rôle, en faisant pression sur les États afin d’obtenir plus de moyens d’action, légaux ou financiers. Les 40 plus grandes villes du monde totalisent en effet 700 millions d’habitants, soit la moitié de la population mondiale. Elles sont également à l’origine de 80% des émissions de gaz à effet de serre. L’enjeu est de réduire cette chaleur dans les villes, dont le différentiel avec les campagnes atteint parfois 10 degrés à cause de l’activité et de la concentration humaine !

Lors de la canicule de l’été 2003 en France, on estime que 25% des décès ont été causés par l’action conjointe de la chaleur et de la pollution. Pour prévenir ces catastrophes naturelles et/ou sanitaires, les villes doivent donc adapter leur infrastructures. Cela va de l’installation de revêtements réfractant la chaleur sur les sols et les toits à la végétalisation de l’espace urbain afin de rafraîchir l’air. Pour cela, nous nous appuyons sur des experts. A Tokyo, étaient ainsi présents des scientifiques du Giec (Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat) mais aussi de la Nasa, l’agence spatiale américaine.

Pensez-vous que ce type de réunion puisse avoir un réel impact ?

J’en suis convaincu. Cette concertation permet d’harmoniser les politiques d’infrastructure et de coordonner nos actions auprès des États. Il important de parler d’une seule voix, même si les initiatives concrètes diffèrent d’une ville à l’autre. Le transport n’était pas au cœur des discussions, néanmoins pas une des personnes présentes n’a manqué de me demander comment se déroulait l’expérience du Velib’ à Paris. La ville de New York semble d’ailleurs très intéressée par le procédé.

Nous avons abordé des initiatives plus larges, comme la mise en place de circuits courts. Il s’agit de réduire les distances d’approvisionnement des villes, en nourriture ou en énergie. Par exemple, Paris pourrait décider d’abandonner une partie des ses produits d’importation au profit de ressources plus proches afin de réduire le coût environnemental de l’acheminement. Or cette initiative pourrait constituer une entrave à la concurrence aux yeux de l’Union européenne. C’est pour étudier ce type de problème que le C40 est utile.

Mais la crise économique ne va-t-elle pas ruiner tous vos efforts ?

Les avis sont très partagés. Certains maires pensent en effet qu’elle pourrait occulter les préoccupations environnementales. Selon d’autres, elle va de paire. David Miller, le maire social démocrate de Toronto (Canada), a défendu l’idée - très juste - que les mécanisme menant à la crise financière étaient les mêmes que ceux qui mènent à la crise environnementale. C’est l’ensemble de la logique du système qu’il faut revoir. Le capitalisme financier libéral n’offre pas les moyens de répondre au changement climatique. Or c’est une urgence mondiale.

Existe-t-il au sein du C40 une ville qui pourrait servir de modèle à suivre ?

C’est difficile à dire, car chaque situation est différente. Les villes de bord de mer ont des enjeux qui sont tout autres que les nôtres. Face aux catastrophes naturelles, nous avons beaucoup à apprendre de certaines villes déjà "rôdées". Notre hôte Tokyo, par exemple, est un port maritime qui vit depuis toujours avec le risque naturel de séisme.

Pour les pays pauvres, les problématiques sont encore différentes. Une pollution à Los Angeles (Etats-Unis) n’a pas le même impact qu’à Dhaka (Bangladesh) ou à Delhi (Inde). Il faut trouver les mesures les plus adaptées à chaque situation. Certaines sont communes à toutes les agglomérations du monde, d’autres plus spécifiques.


Le C40, créé en août 2006, est né de la fusion entre la Clinton Climate Initiative et le Large Cities Climate Leadership Group, moins d’un an après la réunion des représentants des 18 plus grandes villes du monde à Londres pour discuter du réchauffement.

Il regroupe aujourd’hui les représentants de Bangkok, Pékin, Delhi, Dhaka, Hanoï, Hong Kong, Istanbul, Djakarta, Karachi, Mumbaï, Séoul, Shanghai, Tokyo, Chicago, Houston, Los Angeles, New York, Philadelphie, Toronto, Bogota, Buenos Aires, Caracas, Lima, Mexico, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Athènes, Berlin, Londres, Madrid, Moscou, Paris, Rome, Varsovie, Melbourne, Sydney, Addis Abeba, Le Caire, Johannesburg et Lagos.

Treize autres villes sont associées aux débats.


Sources de cet article

- Le site du C40
- La page consacrée à la conférence sur le climat qui a eu lieu à Tokyo du 22 au 24 octobre 2008.
- Le site de Denis Baupin

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