L’Ethiopie se vend et s’achète pour remplir les ventres des pays développés. Et qu’importe le prix à payer pour les populations et l’environnement. Photographe italien, Alfredo Bini a posé son objectif sur les paysages dévastés par les pelleteuses, les terres éthiopiennes découpées en parcelles multiples. Comment en est-on arrivé là ? En 2007 et 2008, l’explosion du prix des denrées agricoles pousse les pays producteurs à garder jalousement leurs ressources. Les autres doivent aller chercher des terres ailleurs. Les pays de la péninsule arabe, pauvres en terres cultivables, portent leur choix sur la proche Ethiopie, encouragés par le gouvernement du Premier ministre Meles Zenawi et par les financements des programmes de développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Les terres jusqu’ici destinées à la culture vivrière ou à la pâture des troupeaux locaux sont réquisitionnées par l’Etat et louées à prix cassés – à peine quelques euros par an l’hectare ! – à des entreprises privées, sans que personne se soucie de l’impact des nouveaux développements sur les ressources en eau et les écosystèmes. Là, on pratique la monoculture et on produit des agrocarburants destinés à l’exportation. Une hérésie quand on sait que 6 millions de personnes en Ethiopie survivent exclusivement grâce aux programmes internationaux ; et pis, que la valeur des exportations éthiopiennes atteint presque le montant de l’aide versée au pays par le Programme alimentaire mondial. —
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