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Indicateurs de Développement Durable

Par Anne Musson
15-01-2011

Les pays attractifs ne sont pas forcément les plus vertueux

Les pays attractifs ne sont pas forcément les plus vertueux
(Crédit photo : 2010 UNDP Human Development Report Quartiles)
Les indices économiques, qu'ils se penchent sur le dynamisme des pays ou l'intérêt pour le développement durable, pullulent. Cherchons à y voir plus clair dans les classements annuels.

Chaque année, les territoires, généralement les Etats, font l’objet de classements relayés par les médias, les citoyens ou les décideurs. Si les indicateurs de développement durable se sont multipliés ces dernières années, les indicateurs d’attractivité se sont, eux, développés avec l’accélération de la mondialisation, à l’heure où les pays se doivent d’attirer un maximum d’entreprises venant du monde entier. Il parait dès lors intéressant de faire un parallèle, ou plutôt une comparaison, entre ces deux évaluations territoriales : en effet, comme l’illustre le document 1 ci-dessous, il y a une forte différence entre les pays les mieux classés en termes de développement durable et les meilleurs en termes d’attractivité.

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Pour mettre ceci en évidence, un échantillon de 30 pays a été choisi, et ceux-ci ont été classés en fonction de leur position selon divers indicateurs d’attractivité (voir le document 2 ci-dessous) et d’autres indicateurs de développement durable (voir le document 3 ci-dessous). Une comparaison met alors en évidence les différences entres les deux types de classement. On peut y voir que de manière générale, les pays développés chutent en passant du classement en matière d’attractivité à celui relatif au développement durable : par exemple, les Etats-Unis, classés premier au « World Competitiveness Yearbook (WCY) (1) perdent 15 places si l’on considère l’Epargne véritable, 16 au classement ESI (2) et carrément 28 si l’on parle empreinte écologique !

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En revanche, et toujours selon une tendance générale, les pays les moins avancés ou les pays en voie de développement sont meilleurs en termes de développement durable que d’attractivité. Ainsi, l’Afrique du Sud, pays peu attractif, a une faible empreinte écologique, ou la Chine, classée 16e au WCY, se retrouve première en termes d’Epargne véritable. Notons tout de même que pour certains pays, comme l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, on trouve une certaine constance dans les classements.

Il est ici possible d’utiliser le coefficient de Spearman, qui indique le degré de liaison existant entre le classement des pays selon l’attractivité et leur classement selon le développement durable (cf. document joint). Celui-ci confirme notre intuition : globalement (si l’on prend les moyennes des classements respectifs), les classements ne sont corrélés qu’à hauteur de 45%. Le coefficient de corrélation est significatif, puisque la « Valeur p » est de 0,013.

Si l’on prend maintenant deux à deux différents classements, les conclusions diffèrent. Ainsi, le WCY ou le « Global Competitiveness Index » sont corrélés aux alentours de 65%, ce qui s’explique aisément par le fait que l’indice de développement humain (IDH) a une forte composante économique (1/3). En revanche, le WCY et l’ESI semblent avoir plus de divergences (60% de corrélation), tout comme avec l’Epargne véritable. Le WCY et l’empreinte écologique ont une corrélation assez faible (45%), et ce cas est particulier puisque le coefficient de corrélation est négatif. Ceci va dans le sens de ce qui a été remarqué précédemment : de manière générale, plus les pays sont développés (donc, globalement, attractifs), plus leurs empreintes écologiques ont de chance d’être mauvaises.

Toutes ces différences ne sont pas étonnantes dans le sens où, parfois, les indicateurs mesurent des phénomènes très différents, voir même opposés. En effet, il n’est pas étonnant qu’un pays sous-développé possède, de ce fait, une attractivité faible, et dans le même temps, une faible empreinte écologique : l’activité dans ce pays va être très restreinte, et donc le « besoin » en ressources naturelles moindre, tout comme les pollutions, qu’elles soient domestiques ou industrielles. Dès lors, un rapprochement entre attractivité et développement durable semble pertinent, dans la lignée de la nécessaire des réflexions menées par la Commission Stiglitz (2009) estimant que le système statistique « doit davantage mettre l’accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la production économique, et qu’il convient de surcroît que ces mesures du bien-être soient resituées dans un contexte de soutenabilité ». Il permettrait ainsi d’englober totalement les trois pôles du développement durable (économie, social, environnement) qui ont tous leur importance dans l’attractivité d’un territoire, et ainsi de définir et mesurer « l’attractivité durable » d’un territoire.

(1) Le WCY est un rapport annuel publié par l’International Institute for Management Development de Lausanne dans lequel est calculé cet Indice de compétitivité mondiale. Y sont évaluées les performances de 57 pays en matière d’attractivité, déclinées en 329 critères.

(2) L’ESI est un Indice de soutenabilité environnementale mis au point par des chercheurs de Yale et de Columbia, en collaboration avec le Forum économique mondial et le Centre commun de recherche de la Commission européenne et publié dans la revue Nature.

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