Eté 2001, Chris Fuchs vient d’obtenir son diplôme de fin d’études dans l’Indiana, aux Etats-Unis. « C’était l’année où le marché du livre s’ouvrait sur Internet, raconte-t-il. J’avais terriblement besoin d’argent. Alors j’ai mis mes livres de fac à vendre sur la Toile. Tout est parti. Quand il a vu ça, mon camarade de chambrée a, lui aussi, voulu vendre les siens. Puis, nous avons vendu ceux de nos amis. L’été suivant, on avait toujours besoin d’argent ! Cette fois, on a fait le tour des universités en voiture pour récupérer des livres. On en a récolté des milliers et on a gagné 20 000 dollars (15 000 euros). » L’idée de base de « Better World Books » était née. Ne restait plus au concept qu’à s’affiner.
Une découverte à 12 000 euros
En 2003, finies les tournées en voiture. Chris et son associé Xavier Helgesen installent des boîtes en carton dans les universités et les bibliothèques. Aujourd’hui, elles sont 2 300 à jouer le jeu. Et près de 80 millions de livres ont été récupérés pendant toutes ces années. 25 % d’entre eux sont vendus sur le site de Better World Books. Du coup, il a fallu passer de la logistique basique des débuts à une organisation gigantesque et high-tech. Les deux amis emploient 270 personnes et sont capables de retrouver en quelques minutes un livre dans leur fonds qui compte 5 millions de titres. « Nous devons être très efficaces pour être rentables, explique Chris, car nos livres sont bon marché. »
Sauf quelques-uns, car on tombe parfois sur des perles rares, comme cet exemplaire original de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, trouvé au fond d’une boîte et vendu pour 16 000 dollars (12 000 euros) ou encore ces œuvres complètes de Shakespeare datées de 1853. Mais Chris et Xavier n’ont pas voulu construire un simple « Amazon du livre d’occasion » : Better World Books est une entreprise engagée. Elle offre une part des livres restants à deux ONG partenaires en Afrique : « Books for Africa » et « Feed the Children ».
Plus de six millions d’ouvrages leur ont été donnés. La société reverse aussi un pourcentage de ses bénéfices à ces deux dernières structures, ainsi qu’à six autres associations américaines qui luttent contre l’illettrisme. A ce jour, plus de 11 millions de dollars (8,4 millions d’euros) ont été consacrés par Better World Books à les soutenir. Bien sûr, Chris et Xavier font aussi des efforts pour la planète. Ils ont fait calculer l’empreinte carbone de leur activité et compensent leurs émissions auprès d’une organisation baptisée « 3 Degrees », qui investit dans l’énergie éolienne. Enfin, les livres qui ne sont ni vendus, ni donnés à des ONG sont recyclés. Tout ça parce que Chris était un étudiant fauché ! —
Impact du projet
270 employés
80 millions de livres récupérés
8,4 millions d’euros versés à des ONG pour l’éducation en Afrique
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