N’en déplaise à certains, il fallut plusieurs générations d’immigrés pour cultiver de l’or blanc hexagonal. Le riz français est camarguais. Et il ne se retrouve au bout de votre fourchette que parce que des étrangers se succédèrent sur l’ingrate terre. D’abord les antifascistes italiens qui vinrent dans les années 1930 et enseignèrent aux Provençaux les techniques pratiquées dans la plaine du Pô. Ensuite, les Indochinois, enrôlés de force pour faire la guerre en 1939, qui eurent la bonté d’âme de donner deux ou trois trucs sur le repiquage à ceux qui ramaient contre le sel de la Méditerranée. Dans le delta du Rhône, on s’acharna et on réussit à irriguer à l’eau douce des marais infertiles. Aujourd’hui, c’est de l’Europe et de ses aides que vit le riz de Camargue. Leur récente redistribution en faveur d’une agriculture un brin plus durable risque de faire perdre des fortunes aux riziculteurs. Voire de faire disparaître la riziculture hexagonale. Il faut dire que rares sont ceux qui se sont lancés dans un grain sans chimie, amendé aux déjections ovines. Ceux-ci ont pourtant vu juste. Pour que le riz bleu-blanc-rouge se perpétue, il fallait miser sur une Europe verte. Certainement pas brune. —
Si seulement le commun des mortels savait faire le risotto ! En attendant, au lait !
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