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6-10-2010
Mots clés
ONG
Climat
Etats-Unis
Interview

« Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis »

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« Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis »
(Crédit photos : 350.org et Hotshot977)
 
Radicaliser le mouvement et mettre les corps en première ligne : face au changement climatique, ce sont des impératifs pour la cause écolo aujourd'hui, d'après Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org.
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Terra eco : Dans une lettre ouverte aux Américains que vous cosignez avec Philip Radford, président de Greenpeace USA, et Rebecca Tarbotton, du Rainforest Action Network, vous appelez les écologistes à radicaliser leurs actions. Pourquoi ?

Bill McKibben : Nous savions que notre combat contre le changement climatique serait une bataille difficile. Nous affrontons des adversaires qui représentent les industries les plus riches et les plus rentables du monde et dont les profits dépendent justement de leur capacité à utiliser l’atmosphère comme un gigantesque égout libre et gratuit. Et force est de constater que pour le moment, la communauté environnementale n’a pas bâti de mouvement suffisamment grand pour mener un combat digne de ce nom. Nous devons donc remédier à cela rapidement. Ce combat prendra plusieurs formes comme la désobéissance civile et l’action de masse.

Qu’entendez-vous par désobéissance civile et action de masse ?

Par exemple, ce dimanche 10 octobre aura lieu la Global Work Party (journée du travail, ndlr), gigantesque événement annuel qui va rassembler des millions de participants aux quatre coins de la planète. L’an dernier, il y a eu 5 200 « work parties » dans 181 pays et CNN avait alors jugé qu’il s’agissait de la plus grosse journée d’activisme politique de l’histoire. Cette année, nous allons battre ce record avec au moins 7 000 événements dans presque tous les pays. Les gens vont installer des panneaux solaires ou planter des jardins communautaires. Mais il ne s’agira pas de prouver qu’on peut résoudre le changement climatique à coups de panneaux solaires. Nous savons qu’il faut des lois pour le combattre mais nous voulons, par cette action, à la fois faire le bien dans nos communautés mais aussi envoyer un message fort à nos dirigeants : « Pendant que nous retroussons nos manches, que faites-vous ? Pendant que je passe un week-end à suer pour installer des panneaux solaires, vous pourriez au moins vous contenter de faire votre travail et accoucher d’un traité. »

Ce type d’action constitue un moyen de bâtir un mouvement mais il va falloir aussi songer à signaler l’urgence de la situation en n’hésitant pas à mettre nos corps en première ligne. C’est ce que nous entendons par désobéissance civile. Nous savons qu’il est illusoire de croire que nous pouvons anéantir l’industrie fossile – omniprésente dans notre société – via l’action directe. Mais nous pouvons mener des actions symboliques qui permettront de mettre en lumière l’urgence de la crise et prouveront notre engagement à lutter contre le réchauffement de la planète. Le défi sera de faire en sorte que ce type d’actions attire les gens au lieu de les rebuter. D’où la nécessité d’agir dans la non violence. C’est pourquoi nous sollicitons des idées en ce moment : on peut par exemple cibler une centrale à charbon, une ville ou encore la Maison-Blanche.

La marée noire qui a ravagé pendant cinq mois le golfe du Mexique n’a curieusement pas fait pencher la balance en faveur du camp des défenseurs de l’environnement ou incité les sénateurs à adopter une loi sur le climat. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Pour justifier ce qui s’est passé dans le golfe, nos dirigeants se sont contentés de souligner qu’il s’agissait d’un accident provoqué par une série d’erreurs, ce qui sous-entendait que le problème était réparable. Autrefois, lorsque nos usines étaient sales, nous nous contentions d’installer des filtres dans leurs cheminées. Aujourd’hui, la réaction de la plupart des gens a été de dire : « Essayons d’améliorer nos plateformes pétrolières ». La meilleure chose que le président Obama aurait pu dire à l’Amérique est que cette marée noire constituait une grande tragédie pour le golfe du Mexique et que, même si ce pétrole était parvenu à bon port, il aurait été raffiné puis versé dans nos réservoirs à essence, ce qui aurait aussi constitué une tragédie environnementale. Car ce même pétrole aurait affecté la température de la planète, l’acidité des océans et tout notre environnement. Cela aurait été l’occasion d’éduquer les Etats-Unis sur les dangers du changement climatique. Malheureusement, cela ne s’est pas produit.

Certains ont reproché au mouvement environnemental sa passivité lorsque la marée noire s’est déclenchée. Ces critiques sont-elles, selon vous, justifiées ?

Non, je trouve que les gens ont travaillé dur. Nous avons organisé des actions de mobilisation comme « Hands accross the sand » (des mains unies contre le forage en mer, ndlr), mis en place immédiatement des groupes sur Facebook et quelques jours plus tard, nous avons organisé des manifestations à Washington. Cependant, il est vrai que certaines organisations environnementales espéraient encore que le Congrès parviendrait à un accord sur le climat (le Sénat n’a toujours pas voté la loi sur l’énergie et le climat, ndlr) ce qui explique peut-être le fait qu’elles concentraient leurs efforts sur cette question.

Vous parlez de la nécessité de radicaliser le mouvement écologiste. Pourtant, au cours des dernières années, on avait l’impression d’avoir assisté à une réconciliation entre l’économie et l’écologie au nom d’un intérêt commun : la croissance verte…

Il est fondamental pour les défenseurs de l’environnement de focaliser leur attention sur la vraie nature du problème. Il serait formidable d’avoir des emplois verts et une économie de l’énergie propre mais le véritable problème auquel nous sommes confrontés est la désintégration absolue de la planète. Notre priorité doit donc être la lutte contre le changement climatique.

Vos espoirs reposent-ils sur la nouvelle génération qui semble beaucoup plus sensible aux enjeux environnementaux ?

Les jeunes ont une formidable capacité de mobilisation et d’organisation. En revanche, si nous devons mener des actions de désobéissance civile, je pense qu’il n’est pas juste de les mettre en première ligne. Il est essentiel de mobiliser des écologistes plus âgés qui n’auront pas à payer un prix aussi fort s’ils sont arrêtés par la police. Les jeunes risquent de voir par exemple leur carrière compromise par leur activisme…
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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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  • Je suis favorable à une écologie raisonnée, raisonnable, concrète, qui s’attache à traiter de vrais problèmes actuels (et le travail ne manque pas ...).

    Par contre, je m’insurge contre cette écologie radicale qui utilise l’écologie pour faire passer des messages politiques, qui se sert de la science quand cela l’arrange, et la réfute quand elle la dérange. Le cas du climat est à ce titre tout à fait un cas d’école. Les écolos radicaux soutiennent à fond les conclusions du GIEC (plus précisément le résumé pour les décideurs, version ultra-simplifiée du rapport AR4), et luttent contre toute critique qui viendrait lézarder le dogme du RCA (Réchauffement Climatique Anthropique). Tous les travaux, publications, expérimentations, non pris en compte par le GIEC sont rejetés sans aucune analyse, pour des raisons de principe. Toutes les données d’observation satellitaires qui sont dérangeantes sont ignorées.

    Cette position dure et radicale fait beaucoup de tort à l’écologie, qui devra, hélas, en payer le prix quand les travaux du GIEC auront été définitivement réfutés, et quand Mère Nature aura, la friponne, démenti les projections des modèles numériques. Et les radicaux, pour ne pas dire les intégristes, auront perdu toute crédibilité...

    7.10 à 15h52 - Répondre - Alerter
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