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26-03-2009

Les Maldives peuvent-elles devenir neutres en CO2 ?

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Les Maldives peuvent-elles devenir neutres en CO2 ?
 
Le président de la République des Maldives a annoncé vouloir neutraliser les émissions carbone de l’archipel d’ici 10 ans. Eric Parent, co-fondateur de Climat Mundi, opérateur de compensation carbone, nous livre son point de vue.
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Menacées par la montée du niveau des mers, les Maldives souhaitent montrer l’exemple en matière de développement durable. D’ici 10 ans, le gouvernement ne veut dépendre que des énergies renouvelables pour la consommation électrique de ses 385 000 habitants, et compenser les émissions liées à l’industrie touristique par l’achat de crédits carbone auprès de l’UE.

1. Est-il possible qu’un pays, même petit, devienne neutre en carbone ?

Eric Parent : Il est toujours possible "techniquement", d’être "neutre en CO2" sur un certain périmètre. Il suffit de calculer les émissions de gaz à effet de serre de ce périmètre et de compenser les émissions que l’on n’a pas réduites en achetant une quantité équivalente de crédits carbone [1] En revanche, la déclaration "les Maldives neutres en CO2" est un peu l’arbre qui cache la forêt : compenser les émissions des touristes qui viennent aux Maldives n’est pas la solution "en soi".

2. Pour quelle raison ?

La consommation électrique des Maldives est de 135 000 MWh/an [2], probablement produite à partir de fioul. En prenant un facteur d’émission plausible de 800 g eqCO2/kWh, les émissions d’électricité des îles sont de 108.000 teqCO2/an. A côté de cela, il y a 600.000 touristes par an, la plupart venus de pays occidentaux. Prenons une moyenne de 4 teqCO2 pour un aller/retour en avion. On constate que 4 teqCO2/voyage, c’est déjà le double de ce que la planète peut supporter par personne et par an, c’est donc largement non soutenable en soi. Les émissions liées aux tourisme seraient de 2.400.000 teqCO2, soit 22 fois plus que les seules émissions de l’électricité. Ce à quoi s’ajoute l’augmentation vertigineuse des touristes aux Maldives et des émissions de CO2 qui sont liées. Depuis 1994, les émissions du transport aérien ont augmenté de 1.300.000 teqCO2, soit 12 fois celles de l’électricité.

On voit donc que la vraie réponse climatique des Maldives n’est pas d’éviter de produire 108.000 teqCO2/an d’électricité et de continuer à en générer 2.400.000 teqCO2/an en faisant du tourisme, mais de limiter drastiquement le nombre de touristes, probablement en les surtaxant.

3. Quelle solution préconisez-vous ?

Si, en triplant le prix des séjours, on divise par 3 le nombre de touristes, les ressources en devise du pays resteront les mêmes mais avec 3 fois moins d’émissions de CO2. Cela n’empêchera pas de compenser ces émissions restantes, mais les émissions générées auront bien été réduites drastiquement. Cette surtaxe empêchera sans aucun doute un certain nombre de jeunes mariés d’aller passer leur lune de miel aux Maldives, mais ça ne veut pas dire que leur lune de miel sera gâchée ! Elle permettra à quelques très riches de profiter d’un cadre paradisiaque, et je ne dis pas que c’est très moral. Mais si on veut garder des sources de devises au pays, tout en réduisant les émissions de CO2, je ne vois pas comment faire autrement.

4. L’annonce du président des Maldives ne va donc pas assez loin ?

Le vrai sujet n’est donc pas "d’être neutre en CO2", il est de modifier structurellement son économie pour la rendre moins dépendante du pétrole. Or la surtaxe n’est pas du même ordre de grandeur que celle qui revient à financer l’électricité renouvelable (ENR) ou à compenser les trajets. Regardons les chiffres :

a - compensation des trajets : 4 teqCO2/personne à 20 €/teqCO2 = + 80 €/touriste

b- financement des ENR : 110 M$/an, soit 80 M€/an, sur 600.000 touristes = + 140 €/touriste

c- tripler le séjour (un séjour en hôtel 3étoiles coûte de 1500 à 2500€/an,mettons une moyenne de 2000 €) = + 4000 €/touriste

Que feront les Maldives quand il n’y aura plus de pétrole pour amener les touristes dans les îles ? Il serait plus intéressant d’entendre le président des Maldives dire "nous nous sommes fourvoyés dans notre modèle, nous devons réduire le nombre de touristes en les faisant payer plus cher". Or ce n’est pas ce que je lis dans sa déclaration. En ce sens, je ne pense pas que le modèle soit à dupliquer tel quel.

[1] Il y a toutefois une limite à ce "toujours possible", puisque, comme compenser des émissions signifie financer, et donc s’attribuer, des réductions d’émissions réalisées par d’autres, tout le monde ne peut pas le faire en même temps.

[2] source Wikipédia

Sources de cet article

Climat Mundi

Le site de la BBC

Le site du JDD

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